La gare routière située à quelques encablure au sud de la ville des Genêts grouillait de monde. L’ambiance est dominée par les cris venant des quais desservant la capitale où le manque ne se fait pas sentir, le citoyen ayant même l’embarras du choix. Ce n’est pourtant pas le cas pour les autres lignes. Les voyageurs vers la wilaya de Béjaïa se bousculent à chaque arrivée d’un bus, un spectacle désolant…
Pour nous, qui partions à Yakouren, il nous faudra d’abord faire escale à Azazga, une localité importante située à quelque 40 km du chef- lieu de Tizi-Ouzou. Il nous a fallu attendre plus d’une heure avant de pouvoir enfin prendre place…
A 7h 30, le départ…
C’est donc aux environs de 7h 30 du matin que l’aventure qui nous mènera à la découverte de l’une des plus belles régions du pays, Yakouren en l’occurrence, débute. Le bus était archicomble, le moral de quelques voyageurs accuse un coup mais les mélodies du dernier tube de Zeddak Mouloud finissent par calmer les esprits. Le calme et le silence reprennent donc le contrôle des lieux, chacun se mettait à méditer au milieu du silence ambiant, à imaginer la suite de parcours, pensez aux soucis d’une autre journée du mois d’août qui s’annonce caniculaire, où tout simplement jeter des regards perdus dans la nature. Le souci est le même : arriver à bon port sans problèmes.
Des paysages pittoresques…
Nous voilà arrivés au centre-ville d’Azazga, une localité qui affiche déjà ses ambitions de devenir wilaya déléguée à la faveur du prochain découpage. Il est 8h30 et Azazga est gagnée par un important mouvement, la circulation, l’activité commerciale, tout semblait retrouver le bon rythme pour fonctionner. L’arrêt des fourgons est à quelques mètres du siège de l’APC. Deux lignes sont assurées, une vers l’hôpital et l’autre vers la commune de Yakouren. Cette dernière est à 11 km uniquement du chef-lieu communal d’Azazga. Nous prenons donc place dans un fourgon qui fera le plein rapidement, un signe peut-être d’une forte activité. La circulation est dense particulièrement à partir de l’hôpital d’Azazga où la RN12 devient encombrée. On y voit plusieurs immatriculations de véhicules, Alger et Béjaïa étant les plus en vue.
A partir de ce moment, nous entrons dans la magie d’une région paradisiaque. Nous quittons le “béton” pour embrasser une nature très généreuse en paysages pittoresques. Le stress et l’angoisse de la première partie de la route laisse place brusquement`à une ambiance joviale et un moral apaisé. Les visiteurs de Yakouren sont tout de go accrochés par la splendeur du massif forestier qui a gardé toute son allure. La forêt de Béni Ghorbi parsemée de vestiges antiques du style libyque continue à attirer mais surtout accrocher les regards. “La vie reprend de plus belle ici à Yakouren, contrairement aux années de plomb que le pays a traversées, c’est plutôt calme et les touristes ne manquent jamais dans la région,” nous dit un homme, la quarantaine, assis à nos côtés.
Halte à l’intolérance humaine
Nous faisons notre première halte dans cette commune au niveau de la place de la “fontaine Fraîche” dite Thala Touizi. La place est bondée de monde, ce sont les jeunes vendeurs à la sauvette qui se chargent de l’animation commerciale, puisque le commerce réglementaire fait défaut dans cette localité. Cependant, force est de constater que les lieux ont subi malheureusement incivisme affiché par les visiteurs. Des déchets jetés partout et n’importe comment, des sachets volants, le site crie son mécontentement vis-à-vis du mépris affiché par les humains à son égard, “Moi je suis originaire d’Azazga, je viens chaque semaine faire le plein au niveau de cette fontaine qui nous donne une eau exceptionnelle cependant il est dommage de constater les dégats occasionnés par les visiteurs, la nature a horreur de ces dépassements”, nous lance Mouloud rencontré sur place. Ce dernier regrette l’absence de structures d’accueil à même d’attirer le touriste : “ Mis à part l’hôtel Tamgout, aucune autre structure n’existe dans la région. Il est déplorable qu’une localité telle que Azazga ne dispose toujours pas du minimum dans ce domaine”, ajoute notre interlocuteur. En l’absence d’une base structurelle adéquate, ce sont les stands des vendeurs des produits de fabrication artisanale qui se chargent de la mission d’accueil. Plusieurs passagers font des haltes sur les lieux afin de découvrir les produits proposés. “ Je suis là depuis sept années, je constate que le nombre de touristes baisse d’année en année, ce sont beaucoup plus les passagers qui s’arrêtent sinon l’activité a connu un net recul”, nous dira Madjid, la trentaine et propriétaire d’un stand d’exposition. Ce dernier enchaînera sur les conditions de travail dans lesquelles il évolue : “Nous sommes là de jour comme de nuit sans aucune sécurité sociale, nous voulons que l’Etat prenne en charge ce volet, quant au produit, l’entrée massive des produits d’importation qui nous viennent surtout de Tunisie affecte sensiblement le produit local qui se retrouve en face d’une concurrence acharnée.” Un couple tizi-ouzouéen accosté sur les lieux explique l’état des lieux à Yakouren : “ Nous sommes venus de la ville de Tizi pour retrouver un peu d’air pur, hélas ! La forêt est sensiblement touchée par la saleté, c’est dommage ! Tout le monde devra s’y mettre pour redonner à cette magnifique région son rayonnement afin de relancer l’activité touristique”, déclarera Lynda venue en compagnie de son mari pour la première fois à Yakouren.
L’hôtel Tamgout, un site fantastique
Un peu plus loin, à environ un kilomètre de là, on retrouve l’hôtel Tamgout. Un site fantastique, idéal pour ceux qui rêvent d’un moment de repos. C’est le lieu le mieux indiqué pour retrouver la sérénité après une période tumultueuse. Tamgout offre avec ses différentes structures, ses 49 chambres, un cadre idéal particulièrement pour les familles. Pour notre virée sur les lieux, nous aurions bien voulu rencontrer le responsable de l’établissement, ce dernier que nous avons longtemps attendu était en mission et ne pouvait donc répondre à notre sollicitation.
Des stations thermales et un massif montagneux
Yakouren dispose également, en plus de son massif forestier dense et splendide de plusieurs stations thermales qui sont d’ailleurs prises d’assaut en ce moment. On citera par ailleurs la station de Kiria située à 20 km à l’Est, dans le territoire de la wilaya de Béjaïa. A ajouter à cela le pic de Tamgout à 1278 mètres d’altitude qui fait rêver les amoureux des randonnées alors que les centaines d’hectares de la forêt de Yakouren offrent aux férus des pique-niques, un meilleur des cadres. C’est d’ailleurs le cas pour la journée d’hier où nous avons pu voir plusieurs dizaines de familles montrer leur plaisir aux abords des massifs forestiers. Le singe magot qui vit à Yakouren s’invite lui aussi à ces “rencontres intimes”, les enfants y trouvent leur compte et se font plaisir de découvrir cette espèce protégée. Il est déjà midi, l’heure du retour venue, nous prenons place dans un bus venu de la wilaya de Béjaïa, nous abservons administratifs les chênes-liège longeant la route qui mène vers Azazga. Cette fois-ci, la circulation est vraiment lente, au point où nous nous arrêtons une bonne heure pour retrouver le centre-ville d’Azazga, et abordant le chemin qui mène vers Tizi-Ouzou, sous une chaleur torride, loin de procurer le bien-être et la pureté de l’oxygène de la dense forêt de ce lieu paradisiaque qu’est la localité de Yakouren qui n’offre pas que peur et insécurité mais plutôt la vie. Un site recommandé pas uniquement pour les malades.
A.Z.