La population a soif

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“Depuis le début du mois de mai, nous ne recevons ce liquide que rarement, mais je peux vous dire qu’il y a maintenant un mois qu’aucune goutte n’a coulé des robinets des bornes fontaines de tous les villages d’Ath Itchir”, nous a appris un citoyen du hameau d’Iouâlithène. D’ailleurs, pour vérifier notre information, nous nous sommes rendus dans ce versant de la municipalité communément appelée Imzalène.

Camions-citernes et mulets…

Ce qui a attiré en premier lieu notre attention est cette file de tracteurs-citernes qui s’approvisionnent des puits de Maâmar longeant la rivière à proximité de la RN 25. Alors, notre guide nous fait découvrir en direct ce calvaire. “Certes, il y a des gens qui peuvent se permettre une citerne à raison de mille cinq cents dinars, mais il ne faut pas oublier les pauvres”, nous souffle notre guide. Plus loin, deux bambins juchés sur leurs mulets revenaient de la rivière. “Nous avons cherché cette eau d’Assif. Même là-bas, l’eau manque. Nous avons attendu plus de cinq heures”, nous répond l’un d’eux. Interrogé sur le programme de rotation établi par les services concernés pour une distribution équitable, notre guide ne comprend plus rien. “Nous sommes les derniers de cette chaîne qui alimente non seulement Tizi Ghennif mais aussi M’kira. Aucun programme ne peut arriver au bout de nos peines. Même si l’eau était distribuée, parfois on parle de pannes. Et à chaque panne, c’est la perturbation. En tout cas, je vous résume notre situation : nous n’avons pas d’eau. Nous sommes la région la plus défavorisée”, arrive enfin à dire notre guide. Et d’ajouter : “Imzalène sont au bout de leurs peines. Pouvez-vous imaginer qu’en 2008 il y a encore des citoyens qui n’ont pas de cabinets d’aisance ?” Notre interlocuteur veut sûrement évoquer le problème d’assainissement. Pour cette dernière commodité, elle est loin d’être généralisée dans ce versant. D’ailleurs, ces deux commodités reviennent dans toutes les bouches mais, indubitablement, ce qui leur empoisonne le quotidien est l’alimentation en eau potable. Même si l’on voit partout ces belles villas construites avec l’argent des retraités de France, rien n’est rose dans ce versant de la commune.

7 000 habitans sans eau !

“Heureusement, nous dit notre guide, que ce chemin intercommunal a été bitumé en béton bitumineux, sinon vous n’aurez pas le courage de nous rendre visite”. Avant de quitter ce village, les différents intervenants ont tenu à lancer cet appel : “Nous appelons les responsables à tous les niveaux à prendre acte que nous sommes plus de sept mille habitants qui ne bénéficient pas d’eau potable à l’ère où l’on parle de grands projets, à l’instar du transfert des eaux du barrage de Taksebt vers la capitale alors que nous sommes entièrement oubliés”. Laissant derrière nous tous ces milliers de citoyens toujours pessimistes, nous allions rejoindre Tizi Ghennif quand nous découvrîmes sur notre route une stèle à l’abandon. “C’est un projet initié depuis maintenant plus de cinq ans. Une stèle a été prévue pour Matoub Lounès. Elle a été ensuite abandonnée. Je ne connais pas les raisons”, nous fit remarquer un quinquagénaire qui attendait un fourgon pour se rendre à Tizi Ghennif. Plus loin, sur un sommet, une belle infrastructure flambant neuf s’offre aux yeux des usagers de ce chemin wilayal vers M’kira et Naciria dans la wilaya de Boumerdès. “C’est un CEM qui sera réceptionné en début de l’année scolaire. C’est le quatrième dans la commune de Tizi Ghennif”, nous explique la même personne. Pour cette dernière le seul secteur pris en charge comme il se doit dans cette contrée est celui du secteur de l’Education. Avec cet autre établissement, l’année scolaire s’annonce sous de bons auspices dans la région. Notre dernier interlocuteur, sans doute enseignant ou membre d’une association, nous apprend que même la cantine scolaire du CEM d’Ath Itchir va ouvrir ses portes. Le retour à Tizi Ghennif avec cette journée caniculaire nous fait découvrir la beauté de la vallée avec son grand barrage d’eau et ces hectares à perte de vue plantés de pastèque et de melon. Nous y reviendrons dans un autre reportage sur le retour des émigrés.

Amar Ouramdane

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