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Une pépinière de poétes

Le second numéro de la revue annuelle de la fondation Mahfoud Boucebci est finalement publié. Cet ouvrage tiré à 1000 exemplaires est édité en collaboration avec les éditions El Othmania.Le titre Poésie contemporaine de deux rives annonce d’emblée la pluralité. Il y figure en fait des textes de douze poètes belges et douze poètes algériens parmi lesquels on citera Ismaïl Abdoun, Zineb Laouedj et Habib Tengour.Des poèmes avec une sensibilité à fleur de peau, une passion mesurée et des mots forts crus sont proposés. Ce livre s’ouvre sur un hommage à l’un des pionniers de la poésie révolutionnaire en Algérie, Djamel Amrani en l’occurrence. Il porte en lui également des strophes très pathétiques dédiées aux disparus du séisme du mois de mai 2003. Ces victimes à propos desquelles Abderahmane Djelfaoui co-fondateur avec Téric Boucebci de la revue en question) écrit :«Les petits oiseaux n’auront plus Tant de fenêtres cuisines Venir y becqueter et pépierLe soleil lui-même oublieraPeu à peu les rouges et bleus des serviettes et les linges en famille pendus Peut-être alors neuf muezzins montreront en autres minaretsRénover l’absence de prières».Gérard Blua, Gérard Engelbach, Brigitte Gyr, Andréa Moarhead sont, en somme, autant de grands auteurs qui ont contribué à ce nouveau numéro.Par-delà le souci de transmettre une beauté ineffable que la peau véhicule à travers cette revue, c’est aussi le nom de Mahfoud Boucebci qui se perpétue et, par là, son apport considérable à la recherche universelle en psychiatrie. Boucebci est, pour rappel, né à Miliana le 22 novembre 1937 d’une famille originaire de Kabylie et assassiné durant la décennie noire qu’a traversée le pays. Un certain 2 décembre 1990, il énonce «Etre psychiatre, c’est emprunter une longue route, pas toujours facile, mais mon souhait c’est qu’au terme d’une longue, riche et réussie carrière, vous puissiez vous dire : «J’ai chaque jour essayé de soigner la souffrance sans jamais en tirer un profit, j’ai chaque jour respecté l’homme dans son essence libertaire».L’exemple de cette revue nous rappelle la nécessité de multiplier, d’en faire naître beaucoup d’autres et quelles que soient leurs durées annuelles, semestrielles, mensuelles et pourquoi pas hebdomadaires ou même quotidiennes. Elles permettront à coup sûr, aux poètes en herbe de s’exprimer et surtout se faire connaître.

Mohamed Aouine

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