Il est de ces créateurs qui n’aiment pas trop les feux de la rampe. Saïd Irbouh figure parmi ceux-ci Enseignant en retraite, il a eu le temps de laisser sa poésie mûrir. C’est depuis 1980, une année en fait qui nous rappelle un des plus beaux printemps, que Aâmi Saïd, comme on l’appelle affectueusement ici, commençait à avoir ses pulsions lyriques. Les rimes étaient quasiment mécaniques. L’inspiration, il la puise de toutes les vicissitudes de la vie, de son environnement. La muse ne manque que rarement chez cet artiste.Sans doute, influencé par sa passion pour le didactique et son amour pour tamazight, Aâmi Saïd a tout de suite, et d’une manière des plus naturelles, cette géniale idée d’adapter quelques fables de La Fontaine en tamazight. En fait, il a su intelligemment rajouter toute son exceptionnelle prose à ces légendes ironies. Il a apporté méticuleusement son “grain de sel” pour ces fabuleuses contes. En les lisant on a l’impression d’effectuer un voyage à travers le monde fantastique des animaux.Certains spécialistes de l’éducation trouvent que cet ouvrage pourrait constituer un excellent outil didactique pour les élèves et les enseignants dans l’enseignement de tamazight. Ainsi, il est vivement recommandé aux différents partenaires de cette tâche, à savoir le ministère de l’Education nationale, le ministère de l’Enseignement supérieur, le Haut commissariats à l’amazighité, les maisons de jeunes…En plus de ces merveilleuses légendes, 31 exactement, ce recueil de 46 pages pourrait aussi intéresser ceux ou celles qui désireraient comprendre la transcription mamerienne (latine), de tamazight. Les histoires de Aâmi Saïd, écrites sous forme de très beaux poèmes, sont à lire sans modération pour toute le monde. Jeunes, moins jeunes, adultes, vieux… car à vrai dire, on y trouve tous les plaisirs à la fois de l’art du récit mais également de la prose.Aâmi Saïd Irbouh qui a dicté cet ouvrage à son propre compte n’a d’ailleurs pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin puisque, dira-t-il : “Ce n’est qu’une partie des fables qui sont ici traduites et adaptées !”. Il compte, en effet, récidiver pour peu qu’on l’assiste dans l’édition de ses œuvres. De réels chef-d’œuvres de création. Pour l’heure, il est uniquement assisté par ses proches collaborateurs et amis tels que M. Mokdes Rachid, enseignant de Tamazight, Hocine Hetal, dessinateur, Fadila Toumert… auxquels d’ailleurs il rend un vibrant hommage.En somme, M. Saïd Irbouh reste parmi ces intellectuels qui sont incapables de se contenter des plaisirs et du confort de la retraite. Après avoir donné tant pour des générations qu’il a jalousement formées, il ne cesse d’être généreux, le poète.
Idir Lounès