Le football à Béjaïa, pendant la période coloniale, a vécu des hauts et des bas, surtout au sein des clubs musulmans à l’image de l’USB, le CSB et la JSMB, etc. Parmi les personnes qui ont vécu et animé cette période, nous avons eu le plaisir de rendre visite à un monument du sport-roi à Béjaïa, Dda Ali Hadahoum, qui est un acteur incontournable de cette période il a été membre fondateur de L’USB et du MOB. Baba Ali, comme l’appelle les anciens, est né le 31 mars 1922 à Béjaïa. Il nous raconte la raison essentielle de la création de l’USB en affirmant “…à l’époque plusieurs joueurs venaient nous consulter et l’idée a germé car ces sportifs n’avaient pas trouvé de clubs pour pratiquer cette discipline. L’Union sportive bougiote avait une grande chance d’avoir un président comme Said Aouchiche, boulanger de profession, qui a bien aidé le club, alors que j’étais son vice-président. Le chahid Salah Benallouache assurait la fonction d’entraîneur et joueur en même temps, le martyr Ougana Ahmed était secrétaire, Loucif-Yousfi le 2e vice-président ainsi que Allaoua Kasri sans oublier les joueurs de l’époque comme feu Akli Sellami, Boubalou, Mebarki, Khima Allaoua….’’ Signalons qu’à cette époque, les couleurs du club étaient le vert et le blanc. L’USB a évolué de 46 à 54 en seconde division. L’année 54 a été très mouvementée, politiquement et sportivement, surtout après la fusion de l’USB et du CSB, qui a donné naissance au MOB. Dda Ali nous relate la raison primordiale de cette fusion en ajoutant “…l’idée est venue des responsables du CSB, club exposé à la faillite et à la disparition, chose que nous avons accepté sans problème, les couleurs du MOB était le vert et noir mais on évoluait en blanc, le premier président du club était Hafid Tamzali, ex-président du CSB. il a été élu à l’unanimité des responsables des 2 clubs car il avait la posture et l’argent nécessaire, la famille Tamzali était connue à cette époque…..’’ Le MOB a vu le jour à une date coïncidant avec la fête religieuse du Mouloud, ce qui a poussé ses responsables à opter pour le nom du Mouloudia. Dda Ali nous relate les premières années d’existence du club en affirmant “….On a débuté de 1954 jusqu’à 56, année où tous les clubs musulmans ont cessé de pratiquer, j’étais vice-président et trésorier du club. On jouait dans le même palier que la JSMB alors que le FCB évoluait dans un palier supérieur. Lors des derbies, il y avait toujours du chauvinisme mais très limité, eux étaient de la ville et nous de la plaine (Lekhmiss) mais sur le terrain que le meilleur gagne, après la rencontre, on se retrouvait sans aucun problème….’’ Parmi les présidents dont Dda Ali a gardé de bons souvenirs, on peut citer Mabrouk Abbou (Ouhammache), qui a présidé le club de 65 à 68. L’homme à tout faire au MOB, à cette époque, nous raconte ses dernières années passées au club “…j’ai cessé d’activer au sein du club à partir de l’année 69. cette année-là,nous avions joué un match contre Aïn Mlila et l’arbitre a faussé la partie en expulsant Sellami et Ladjouze, chose qui a poussé la ligue à sanctionner notre club et plusieurs joueurs. Un arbitre partial surtout que cette année, le MOB jouait l’accession. J’ai continué comme délégué à la Ligue de Constantine jusqu’à la saison 71 où j’ai travaillé avec Bencherif comme président et Haya comme secrétaire de la Ligue de Constantine….’’ Le père spirituel de ce club populaire est au courant de tout ce qui concerne la maison MOB, grâce à la presse et la Radio, et ce en dépit de son âge très avancé (86 ans) et de la maladie qui le prive de tout déplacement. Il dénonce l’attitude actuelle des clubs algériens en reprochant aux responsables leur déviation de la trajectoire prônée par leurs aînés. Dda Ali n’a pas omis de lancer un message aux anciens joueurs “….j’ai une grande pensée pour les défunts tels Akli Sellami et Hamid Oueldali et ceux qui sont encore de ce bas-monde comme Mokhtar Bouzemboua, Hafid Khelil, Zahir Ladjouz et tous les autres et que Dieu les gardent pour nous…’’ Il n’a pas oublié de féliciter la JSMB pour la Coupe d’Algérie gagnée en affirmant
“… Hamdoulillah pour eux, j’ai suivi le match et je veux leur dire merci. Dieu les a aidé et tant mieux….’’ L’ancien potier des Quatre Chemins a terminé cette conversation par “…Dieu aide toutes les personnes qui se donnent à fond pour l’épanouissement du football …’’Signalant qu’à l’époque où Cherif Meziane était wali de Béjaïa lors des années 80, il l’a supplié de présider la Ligue de Béjaïa de football, chose qu’il a accepté. Il a été élu à une majorité absolue en assumant sa fonction de l’année 80 à 85.
Espérons que les responsables du sport dans notre wilaya penseront à honorer ces vieux routiers du sport bougiote tant qu’ils sont encore en vie, car sans eux, on ne serait pas arrivé là.
Zahir Hamour