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Le RGPH met en évidence un exode massif

La commune d’Ighram, issue du découpage administratif de 1980 comptait, d’après les statiques de RGPH de 1998, quelque 15 000 habitants, elle ne compte plus aujourd’hui que 12 050 habitants, c’est dire que l’exode rural est une hémorragie qui s’aggrave au fil des ans. Sur les 17 villages que compte cette commune, 3 d’entre eux sont quasi vides et ne comptent qu’une dizaine de familles que le manque de moyens retient encore sur place, pour les autres, ils ont préféré s’installer dans les agglomérations limitrophes, notamment la ville d’Akbou, où l’accès aux différents services publics, aux prestations sociales et au travail sont faciles. Il est un fait notoire que les villages désertés aujourd’hui se recensent parmi ceux que les autorités coloniales ont classées zones interdites pendant la guerre de Libération nationale, à l’exemple de village Aït Aamer-Ouzegan où a eu lieu le premier accrochage dans la vallée de la Soummam entre les moudjahiddine et l’armée coloniale un certain 19 janvier 1955. Si par le passé, les habitants ont été contraints par la force des armes à quitter leurs villages pour s’entasser dans d’autres dans des conditions misérables à la limite de l’humainement supportable, aujourd’hui, ils partent librement certes autrement et pour d’autres raisons, mais la saignée continue. Irréversiblement ! Naguère, les familles ne déménageaient en ville que pour rejoindre un domicile acquis définitivement, ces dernières années un phénomène nouveau a fait son apparition, à savoir la location en ville. Car tout compte fait, les familles trouvent que le coût de la location est moindre que les dépenses mensuelles dont s’acquittent leurs membres pour rejoindre chacun son école, son travail ou un service public. Cela en sus des différents avantages que la résidence en ville procure. Le cas du village Iaâzounene situé à 17 km de la ville d’Akbou est frappant à ce titre. L’école de ce village était fréquentée par quelque 100 élèves en 1998, en 2008 elle ne compte plus qu’une quarantaine. Un autre fait illustre amplement ce phénomène, à savoir sur les 3 426 habitations que compte la commune 1 650 d’entre elles sont inhabitées. Bien que la cherté du foncier dans les agglomérations, la diminution des rentrées en devises provenant des pensions de retraites d’outre-mer pour les foyers suite à la disparition des première et deuxième générations d’immigrés et la facilité d’accès à l’aide pour la construction dans le cadre de la promotion de l’habitat rural aient un tant soit peu diminué la ruée de montagnards comme autrefois vers la ville ; l’exode, telle une coulée de lave volcanique que rien n’arrête, continue lentement, lamentablement mais sûrement de vider cette commune de ses habitants comme il vide des régions entières de notre pays.

B. Sadi

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