Les déclarations publiques sur l’imminence du départ des élus de la Kabylie et la tenue des partielles se succèdent ces derniers jours à un rythme qui laisse supposer que la question est définitivement tranchée au sein du gouvernement. Après de longs tumultes qui auront duré cinq mois, nourris par des sorties politiques des leaders des partis et des mouvements de la société civile, le sujet tend à prendre son dernier virage avant la proclamation officielle de la dissolution des assemblées locales issues du scrutin d’octobre 2002. Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, à qui échoit la tâche d’annoncer la promulgation d’un décret portant dissolution des assemblées, a confirmé mercredi dernier à partir de Tlemcen que les élections en Kabylie “auront lieu prochainement”. Jeudi passé, c’était au tour du porte-parole du RND, Miloud Chorfi, d’annoncer l’organisation des partielles en septembre prochain. Cette déclaration faite de Constantine renseigne, on ne peut plus clair, que les procédures et dispositifs y affèrent sont fin prêts. Ces deux sorties, qui relèvent fort de l’officiel, seront appuyées par une autre qui n’est pas aussi moins confirmé puisque c’est le porte-parole de la délégation des 20 membres des archs ayant amorcé le dialogue avec Ouyahia qui annoncera “la révocation des indus élus pour cette semaine”. Bélaïd Abrika, qui s’est exprimé sur le plateau de la chaîne berbère BRTV avant-hier, est apparu très sûr de ses déclarations, même si on lui prête un simple effet d’annonce comme ce fut le cas pour le week-end universel. Le délégué du Mouvement citoyen, apparu catégorique, a-t-il été mis au parfum de cette imminente décision dont seul le chef de l’Etat est à même de donner le feu vert ?
Des partielles en Kabylie ou pour la Kabylie ?L’acharnement médiatique à propos de ces partielles laisse croire que la non-légitimité des élus est suspendue à ceux qui siègent dans les institutions municipales en Kabylie. Or, force est de rappeler que les élections de mai 2002 pour la députation ont été les premières à être contestées par le mouvement citoyen et la population de Kabylie, à telle enseigne qu’on avait frôlé des drames. Elles étaient d’ailleurs boudées par les formations politiques les mieux ancrées dans la région. Faudra-t-il aussi préciser que pas moins de 1000 communes sur les 1500 réparties à l’échelle du pays souffrent de légitimité causée par des crises internes, si ce n’est par des histoires de détournement ou de gestion catastrophique des maires. Quand bien même ces derniers ont défrayé la chronique et ont été traduits devant les tribunaux par l’Etat.Les délégués des archs, qui focalisent leur exigence uniquement sur “les indus élus des APC et APW”, ont-ils la mémoire courte ou s’acharnent-ils sur le FFS qui avait pris part aux municipales “contre vents et marées” ?Ce parti, qui continu de faire de l’opposition contre les archs et le gouvernement au sujet de la révocation de ses élus ne semble pas, aussi paradoxal que cela puisse paraître, s’intéresser à la réorganisation du scrutin parlementaire même s’il demeure sans représentants au niveau les deux chambres nationales, Parlement et Sénat. Interrogé à ce sujet, un cadre du FFS s’est montré plutôt “préoccupé par les mairies sans maires pour lesquelles il faut tenir des élections partielles”.Les autres formations, excepté le RCD qui, lui aussi se déploie en catimini pour ces éventuelles joutes électorales, restent très embarrassées par cette donne. La brouille s’est illustrée durant les jours ayant suivi l’appel du patron du RND au retrait de ses élus des assemblées de la Kabylie. Le parti de Belkhadem en a été d’ailleurs le plus affecté par cette histoire de retrait. Si ces partis ont un alibi politique qui les empêche de se prononcer sur la nécessité de refaire toutes les institutions élues, à l’instar du FLN qui craint de ne pouvoir plus rafler la majorité au point où il a “offert” la présidence d’honneur de son parti au chef de l’Etat, l’UDR, qui continue de soutenir le programme du président de la République, se veut plus pragmatique en insistant sur la nécessité de l’organisation des d’élections générales. Le parti de Amara Benyounès estime d’ailleurs que la volonté de singulariser la Kabylie dans ces élections partielles risque de faire incruster cette région dans la marginalisation et le singularisme qui n’arrangeraient ni sa population encore moins la nation. Le parti de Louisa Hanoun estime, par la voix de M. Labchri, membre de la direction nationale du PT, “qu’il ne pourra y avoir de solution globale et nationale par le simple règlement d’une crise régionale”.Comme l’UDR, le PT se dit plutôt favorable à la réorganisation d’élections générales pour “pouvoir dépasser la crise qui touche plusieurs régions du pays”.
M. A. T.
