Il est exténuant de faire ses emplettes dans la périphérie de Melbou où les marchands n’hésitent pas à multiplier le prix des denrées proposées à des consommateurs “achète-tout” qui “ensachent” tout ce qui est masticable. En effet ces marchés sont soumis à un véritable vent de folie notamment au niveau du célèbre village Tizi El Oued à grande concentration urbaine.
Plus de quinze jours après le début des hostilités entre commerçants et clients, rien n’a changé. Les courgettes qui ne sont pourtant pas prisées, en temps normal, sont proposées à 60 DA, la pomme de terre quant à elle, elle ne tombe pas au dessous des 35 DA, le poulet est toujours inabordable à 280 DA le kg. Par ailleurs les fruits qui ornent les souks semblent plus au moins accessibles du point de vue quantité et qualité au moment où Sa Majesté la Zalabia est à 160 DA. Les journées du jeûneur sont donc rythmées par le bourdonnement des souks, le vrombissement des voitures, les fréquentes disputes en attendant la douce voix très attendue du muezzin Chikh Farid Atik, lequel donnera le feu vert pour une bombance gargantuesque.
Après s’être alourdi l’estomac, les Melbouites sortent en trombe chacun vers sa destination favorite les uns à la mosquée pour la rituelle prière de Tarawih, d’autres sont mordus des jeux de hasard, de l’air enfumé et embué des estaminets où joueurs de belote, rami et surtout dominos au niveau du café de Lakas se disputent les tables cinq minutes à peine après la rupture du jeûne. “Ramadhan : c’est le moment fort pour rendre un vibrant hommage au grand Arezki Khentous (maître du jeu) surnommé le chef de région” témoigne Dahmane Kabir professionnel en jeu de dominos et habitué des lieux. D’autres plus portés sur la culture, préfèrent faire une virée à Béjaïa pour assister aux différentes manifestations artistiques organisées à la Maison de la culture ainsi qu’au TRE au moment où une minorité reste calfeutrée chez soi. Ainsi vont dans les nuits et les jours de ce mois sacré à Ath Segoual où rien ne change et où les habitudes les plus mauvaises demeurent les plus tenaces. En attendant, les portefeuilles des consommateurs fébriles sont déjà plein de courant d’air suite à des achats autant intempestifs qu’inutiles. El le pire est à venir avec l’approche de l’Aïd et les achats qui videront les comptes !
Saha f’tourkoum tout de même.
Rabah Zerrouk
