Son récital a emballé là encore, durant plus de deux heures, cette masse de citoyens, venue à sa rencontre. Pour ces hommes et ces femmes de tout âge, venus seuls ou accompagnés, l’enfant d’Ighil Bouamas (Aïn El Hammam) a puisé de son répertoire artistique plus d’un quinzaine de chansons, toutes de sensibilité poétique de grande facture.
C’est peu dire quand on connaît la stature de ce poète-philosophe pour reprendre ce qualificatif qu’on lui colle depuis belle lurette.
Lounis Aït Menguellat est fortement ovationné dès son apparition sur scène, vêtu d’un jeans et d’une chemise noire.
Il salue l’assistance puis se penche sur sa guitare. L’orchestre est fin prêt.
D’emblée, l’artiste évoque un de ses souvenirs qu’il porte-chante-t-il-là où il débarque, comme un fardeau.
Anidha digh, Anidha Al high.
Achou azrigh, Achou achfigh
Siwa thelti ayam dhi El amriou
A la fin de cette première chanson, Lounis s’est enquis de l’état de la sonorisation.
M’entendez-vous bien, dit-t-il avec douceur au public.
Parfaitement, lui répond-on en choeur.
L’artiste déclame alors une série de chansons comme hymne à Thayri. Ce chagrin d’amour dont seule la parole, l’expression, paraissait comme exutoire notamment à une certaine époque.
Ach hal Ihedhragh Fellam
Mekvel Adhhadhren Wiyath
Ach Hal Hakough
Af Sifam
Walaghkem Our dhi walath
Comme succession naturelle à ce refrain sentimental, une autre mélodie menguellatienne met en exergue le rapport entre le chagrin d’amour et l’errance.
Athayri Iniyid
Amek Akka
Thidji dhiyid guer Iverdhan
Dans le même registre, Lounis chantera aussi l’être ou le destin perdu qu’on aimerait ressusciter.
Awin Y Ikazen Izakwan
Aker N’rouh Adneskfel
Azahriou Irouh Ourivan
Our Azrigh Enda Yentel
S’ensuivent d’autres chansons très rythmées avec comme thématique “l’éveil” des consciences. “Atas-Atas Mazel El Hal, refrain repris comme à l’accoutumée par tous les présents.
Des youyous fusent encore de la salle.
Et l’artiste revient, alors, à la chanson purement sentimentale.
Ouryi tsadja
El Amriou yechva aghanim
Autres belles mélodies sur Thayri avant qu’il chante encore, en cette soirée ramadhanesque, d’autres morceaux poétiques à connotation sociopolitique.
Ayavridh Etsoun meden…
Vers rythmés suivis par d’autres ayant pour intitulé “Akka Ammi”.
Lounis a chauffé encore plus la salle -et l’on s’y attendait- avec sa chanson dédiée à la JSK.
Chanson-hommage, elle est aussi et surtout impérissable, d’autant que son auteur témoigne là de son attachement à ce club kabyle dans toutes les circonstances.
Yerveh Negh Yeksar dhegma th negh ayen.
Lounis fut remercié de vive voix par des dizaines de femmes et d’hommes, de jeunes et de moins jeunes, à la fin de son concert.
Salim Haddou
