C’est (…) à (une) coexistence pacifique et harmonieuse que j’appelle tous les Algériens, qui après les années difficiles qu’ils viennent de vivre, doivent réapprendre à vivre en commun et à unir leurs efforts (…) C’est à cela que tend l’initiative de réconciliation nationale, dont vous aurez à approuver les contours et les modalités à travers le référendum auquel vous serez bientôt appelés ».Cette déclaration confirme l’imminence du référendum sur le projet de la réconciliation nationale alors que Abdelaziz Bouteflika parlait, il y a quelques mois de cela, de l’amnistie générale. Peu importe le concept, l’essentiel pour le chef de l’Etat est de parvenir à « mettre fin à la violence et de permettre à notre société de dépasser ses antagonismes et de réparer ses déchirures ».Abdelaziz Bouteflika, qui a exprimé sa désapprobation du fait que « nous avons lutté seuls contre ce fléau (terrorisme)…. » a indiqué que « le terrorisme qui s’est développé chez nous depuis les années 1990 n’a pas été d’inspiration algérienne ».Ce phénomène, dira encore le chef de l’Etat, a occasionné des dégâts humains et matériels immenses au pays. « Si aujourd’hui, nous retrouvons la paix et la stabilité (…) nous ne pouvons oublier que nous le devons avant tout à l’action de nos djounoud (…) », dira en outre Abdelaziz Bouteflika, qui a rendu un hommage appuyé à l’armée et aux autres services de sécurité pour leur lutte contre le terrorisme. Un combat, a-t-il dit, qui démontre « qu’il est possible de lutter contre le terrorisme et le vaincre », c’est pour cela que le Président a exprimé « la gratitude de la nation ». L’hommage étant rendu, le premier magistrat du pays s’est indigné contre « toute présentation tendancieuse de leur action (celle des militaires) visant à entacher leur honneur ». L’allusion ici est claire. Elle est destinée aux partisans du « qui tue qui « .Cependant, cette tragédie ne fait pas oublier à Bouteflika qu’il faut en finir. Comment ? Le Président dira que « les Algériens doivent pardonner sans oublier ». « Peut-on parler de paix véritable, alors que les blessures saignent encore, alors que des familles endeuillées pleurent leurs morts et que certaines sont encore sans nouvelles de leurs disparus ? » s’est interrogé le président de la République avant de répondre que nous ne pouvons pas allonger la liste des victimes parce que, poursuit-il, « des morts supplémentaires ne nous soulageront pas de la douleur de ceux qui ont perdu des êtres qui leur sont chers ». C’est dans cette optique d’ailleurs que le chef de l’Etat suggère que la politique de réconciliation nationale soit « accompagnée d’une justice forte et consciente ». Autrement dit, la vérité et la justice accompagneront ou précèderont tout acte de repentance ou de pardon.Sur un autre chapitre, le président Bouteflika est revenu sur les derniers développements dans les relations entre l’Algérie et la France et notamment suite à l’adoption par le Parlement français d’une loi en février dernier soulignant « le rôle positif de la colonisation » et la tentative de pose d’une plaque commémorative sur l’OAS. « C’est du reste avec le plus grand mépris que nous observons les perversions de l’histoire auxquelles se livrent depuis quelque temps les nostalgiques d’une Algérie colonisée et les laudateurs d’un terrorisme aussi crapuleux que celui que nous venons de vivre au cours de cette dernière décennie », a notamment déclaré le Président, qui trouve « ridicule » le fait de positiver le rôle du colonialisme. Et c’est avec sang-froid qu’il demande d’agir face à « ces tentatives pitoyables de falsification de l’Histoire ».
Ali Boukhlef