Quatre axes directeurs inhérents à la famille et le statut familial, la justice et les droits de l’homme, les droits économiques, sociaux et culturels ainsi que l’éducation aux droits de l’homme seront abordés lors de cette rencontre qui regroupera des hommes de loi, des défenseurs des droits de l’homme et des professeurs universitaires en droit.En marge de ce séminaire, Farouk Ksentini, qui a présidé l’ouverture des travaux, affirmera qu’en dépit des avancées considérables qu’a enregistrées l’Algérie, gouvernement et société en matière des droits de l’homme à travers les réformes de la justice et la formation des magistrats, et l’amendement du code la famille, beaucoup reste à faire et le chemin est encore long. Il expliquera qu’en l’Algérie qui est un pays « émergent » en matière des droits de l’homme et qui aspire d’instituer l’Etat de droit, on rencontre beaucoup de difficultés et de résistances pour atteindre les objectifs qu’elle s’est assignée. Il rappellera que notre pays qui a vécu 130 années de colonialisme, 30 ans de parti unique et une décennie de terrorisme dévastateur, l’institution de l’Etat de droit n’est pas sans difficulté. Pour illustrer les acquis arrachés et étayer les avancées réalisées jusqu’à présent, M.Ksentini citera l’évolution du discours officiel et les rapports présentés par l’Algérie dans le cadre de ses engagements multilatéraux ainsi que la mise en place d’un important arsenal législatif et réglementaire en rapport avec les droits de l’homme. Les réformes initiées dans les secteurs de la justice et la formation des magistrats pour améliorer leur niveau et se diriger vers une justice indépendante sont également avancées par le n°1 de la CNCPPDH qui estime que la qualification du personnel de la justice est un préalable à l’amélioration de sa qualité. Il soutiendra qu’après l’amélioration des textes, les pratiques journalières et le manque de qualification des juristes est le point noir de notre justice, car sans le raisonnement intellectuel et une formation adéquate des magistrats, qui sont souvent soumis au pouvoir exécutif, on ne peut songer à l’indépendance de la justice. Dans ce sillage, il incitera les magistrats à ne pas abuser de la détention provisoire en privilégiant la liberté provisoire et d’entreprendre les investigations avant de mettre les gens en prison. A cette occasion, M.Ksentini réitérera sa détermination de continuer à lutter contre cette pratique outrancière et expliquera que selon sa conviction, » la détention préventive concerne toute personne incarcérée avant d’avoir fait l’objet d’un jugement définitif « , alors que d’autres l’assimilaient au mandat de dépôt, c’est pourquoi il y a conflit de chiffres autour du nombre de détenus provisoirement. Il appellera également à ramener les délits de presse à des peines acceptables et justifiées en privilégiant plutôt les sursis au détriment de la prison ferme. Il dira souhaiter ne plus jamais voir un journaliste emprisonné pour sa plume afin de promouvoir la liberté d’expression, paramètre décisif dans l’évaluation de la démocratisation des sociétés. Questionné sur la question de l’amnistie générale et le lourd dossier des disparus, M.Ksentini répondra que l’amnistie est une phase essentielle pour la consécration de la réconciliation nationale et un passage obligé pour le recouvrement de la paix civile et insistera que l’état d’urgence ne constitue nullement une entrave à l’activité démocratique actuellement, et que le moment opportun où les institutions de notre pays et la société civile soit en totale sécurité, la levée de cette mesure s’imposera d’elle-même. Concernant les agents de l’Etat, coupables de dépassements et de disparition des civils durant la décennie noire, il expliquera que « les ONG et autres associations des droits de l’homme et des familles de disparus qui regardent la situation de l’extérieur estiment que c’est facile de juger ces agents, mais la réalité du terrain est tout autre. Déjà que ces derniers ne sont pas identifiés et qu’en raison de l’absence de preuves, la justice les innocentera, donc ce seront des procès fantômes sans aucune portée juridique.
H. Hayet
