Trois morts et neuf blessés dont cinq grièvement. Ce fut l’horreur encore une fois, en début de soirée d’avant-hier, juste à l’entrée ouest de Dellys, précisément à l’intersection de Tagdempt. De type Hilux, selon certaines sources, une camionnette piégée pilotée par un kamikaze a, dans cette localité, ciblé un poste de l’ANP composé en gros de cinq logis en préfabriqué. La forte déflagration fut entendue au moment de la rupture du jeûne. Il y eut la riposte d’un militaire en faction devant des pilots en guise de barrière. Mais ce fut trop tard. En quelque secondes, sous le poids de l’explosion, trois ou quatre chalets furent réduits en cendres. A l’intérieur, il y avait plus d’une dizaine de soldats de l’ANP. Trois militaires ont péri sur le coup. Neuf autres ont été blessés par les éclats des explosifs. Parmi les victimes, cinq seront évacuées vers un hôpital spécialisé à Alger. En dépit de la panique qui s’en est suivie, une patrouille militaire a pu repérer à temps une autre voiture suspecte se dirigeant vers le même périmètre. Les tirs précis des soldats de l’ANP auront permis, alors, l’élimination de deux terroristes alors qu’un troisième a été blessé. Les premières minutes de terreur passées, alors que déjà se déclenchait l’immense noria de secours, dans le hululement des sirènes. “J’ai vu des infirmiers et autres agents de la Protection civile se pencher sur des corps brisés, agonisant ou privés de vie”, témoigne, pathétique, un riverain. Hier, tant à Tagdempt qu’à Sahel Bouberak, les citoyens n’ont pratiquement trouvé que ces mots, en réaction à cette énième tuerie : “aucune mesure ne sera assez dure contre ces sanguinaires.” Manière de rappeler, semble-t-il, que beaucoup de temps a été perdu face à l’islamisme ravageur, à telle enseigne qu’il n’est plus un Algérien à présent qui ne sente l’horreur à côté de lui. Le terrorisme demeure omniprésent dans différentes régions de Kabylie. Et durant ce mois de carême, l’on y avait enregistré pas moins de quatre attentats à l’arme automatique ou à l’explosif, avec un bilan de quatre morts et plusieurs blessés. S’y sont ajoutés les rapts avec rançon qui ont exaspéré les villageois particulièrement à Si-Mustapha, Oudhias, Naciria et Baghlia. Exactions meurtrières dont les attentats kamikazes au véhicule piégé en sont les facettes les plus privilégiées par ces fous de Dieu. Pas moins de sept coups spectaculaires de ce type ont été planifiés, en Kabylie, depuis janvier 2008. Près de 200 morts, déjà, avant l’achèvement de cette année. Nullement différente des précédentes.
Salim Haddou