A chaque coin ses prix

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Les viandes blanches : poulet ou dinde, sur lesquelles se rabattent les ménages aux faibles revenus ne pouvant accéder aux viandes rouges, s’écoulent mieux cette année et pourtant à des prix élevés. Les poulets sont récupérées des abattoirs par les revendeurs et sont ensuite proposées aux clients, lesquels trouvent sur les présentoirs réfrigérés cuisses, ailes, et autres parties découpées en morceaux et affichées au prix onéreux de 150 DA/kg, ce qui fait dire à un client rencontré au marché de Lakhdaria “ne vous étonnez surtout pas si on vous propose des têtes de coqs à la place du bouzelouf.”

Dans un passé très récent, le poulet de chair était légèrement nettoyé à l’intérieur, mais les détaillants ont trouvé cette astuce plus payante de le proposer complètement vide, consistant à lui soustraire les abats, et à les écouler, à part, à des prix avoisinants les 180 à 220 DA /kg.

En tous cas si on cherche partout à Lakhdaria du poulet de chair normalement accompagné de ses abats, on ne trouvera que “des nèfles”, toutes les volailles, fait remarquer notre interlocuteur “ont été dépouillées de leurs entrailles, y compris bien entendu leurs abats.” Un coup d’œil rapide au produit sous cellophane selon les mesures d’hygiène exigées, donne le tournis à la personne en question “le poulet ordinaire n’est plus présenté, il n’y a que celui vidé à 275 DA/kg”. A un coin de rue du Hay Krichiche, un éleveur a envahi les lieux de caisses pleines de poulets vifs, seulement ce dernier a eu l’idée astucieuse de placer séparément à deux endroits différents deux vendeurs auxquels il a confié la même production, l’un réclame 180 DA/kg le poulet égorgé, et l’autre 170 DA/kg le produit vivant, comme quoi la tâche d’égorgement à elle seule vaut 10 DA par kilo. Libéraliser les prix c’est bien, cela permet de ne pas surévaluer ou dévaluer un produit par une décision administrative, mais là où les ménages de Lakhdaria ne sont plus d’accord par contre, c’est le fait que l’on ne sanctionne pas ces agissements à la “tag ala man tag” marquant nos marchés dans lesquels se ravitaillent les petites bourses cherchant à économiser quelques sous par ci, par là.

A. Chérif

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