Une lente évolution de l’emploi

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Les plus grands chantiers qui ont boosté l’emploi au cours de l’année 2007 ce sont ceux de l’autoroute Est-Ouest, des chantiers des travaux forestiers et des carrières d’agrégats installées au cours des cinq dernières années. D’après les statistiques officielles, le taux de chômage jusqu’à la fin de l’année 2004 s’élève au niveau du territoire de la wilaya à 26% de la population active. Cette dernière est estimée, selon les mêmes sources à 181.261 personnes, tandis que la population totale de la wilaya est évaluée, en fin 2004, à 708.519 habitants, comptant 50,58 % de sexe masculin et 49,42% de sexe féminin.

Le caractère global des chiffres du chômage ne rend évidemment pas compte des situations réelles prévalant dans les 45 communes que compte la wilaya de Bouira. En les désagrégeant et en les ventilant par localités, apparaissent les disparités géographiques du phénomène du chômage.

Ainsi, les statistiques de 2002 donnaient la commune de Dechmia, à 46 km au sud-ouest de Bouira, à la tête du ‘’peloton’’ avec un taux assommant de 59,71 % de la population active en chômage.

Suivaient, après, les autres communes du sud de la wilaya : Hadjra Zerga, Ridane et Mesdour avec, respectivement, les taux de 57,95 %, 53,11 % et 50 %. La seconde remarque qu’il y a lieu de faire dans ce maquis de chiffres, c’est que les centres urbains sont moins frappés par le chômage que l’arrière-pays rural.

L’exemple de la commune de Lakhdaria est édifiant à ce sujet puisqu’elle enregistrait un taux de 15,29 % de chômage. Enfin, dans les communes de l’Est de la wilaya, les chiffres oscillent entre 15,51 % pour El Adjiba, 37,32 pour Saharidj, 46,07 % pour Aghbalou et 47,59 pour la commune d’Ahnif.

La relativisation des chiffres globaux donnés pour l’ensemble de la wilaya est aussi valable pour les chiffres donnés par commune en raison des disparités très prononcées entre les hameaux, les bourgades et les chefs-lieux de communes.

Même si les données brutes les concernant ne sont pas disponibles, certaines des localités ayant fait l’objet d’enquêtes précises de la part des services de l’Agriculture et des Forêts, menées dans le cadre des projets de proximité et du PER (projet d’emploi rural), présentent des taux de chômages ahurissants atteignant les 60 à 70 % de la population active. Les populations auprès de qui ces enquêtes ont été réalisées résident généralement dans les régions de montagne ou sur les zones steppiques.

Comme sur l’ensemble du territoire national, l’origine directe du chômage dans la wilaya de Bouira est double : d’abord, la perte d’emploi pour les anciens salariés des entreprises publiques en difficulté, ensuite l’arrivée sur le marché du travail de nouveaux contingents de demandeurs d’emploi. Ces derniers sont formés de jeunes diplômés ou de personnels non qualifiés.

La fin de l’exode ?

La catégorie la plus touchée par le problème du chômage demeure incontestablement la frange la moins qualifiée de la population. On peut vite s’en rendre compte en consultant les chiffres des demandes d’emploi au niveau des agences d’Emploi de la wilaya. Cette configuration du chômage pose des problèmes autrement plus difficiles puisqu’elle intègre la nécessité du volet formation, et cela quand l’âge et la volonté du chômeur le permettent.

S’il y a une donnée extra-économique qui a influé d’une manière déterminante sur l’emploi et les revenus pendant ces quinze dernières années, c’est bien celle de la situation sécuritaire ayant régné dans les campagnes de Bouira. En effet, l’installation des maquis et des zones de repli dans les massifs montagneux au début des années 90 et les incursions terroristes opérées sur des dizaines de kilomètres à la ronde ont complètement déstabilisé ces régions sur les plans humain, social et économique. Que ce soit sur les monts de Zbarbar, des Bibans ou du Djurdjura, l’insécurité a été à l’origine des déplacements de populations, une sorte d’exode rural massif inattendu qui avait obligé des centaines de familles à vendre au rabais les objets domestiques et les troupeaux d’ovins, de bovins et de caprins pour pouvoir se permettre une location de logement en ville.

De statut d’anciens propriétaires exploitants, ces familles sont ravalées au statut de salariés non déclarés aux assurances, et cela quant elles trouvent du travail. Dans le cas contraire, elles subissent une chute abyssale dans les bas-fonds de la misère et de la mendicité.

Le phénomène est, en tous cas, visible à l’œil nu dans certains quartiers ou quartiers de Bouira-ville ou de certaines autres agglomérations urbaines. Les aides au logement rural, les chantiers d’utilité publique et les emplois temporaires proposés dans le cadre de certains programmes (Hauts Plateaux, PER 2, PPDR, sectoriel,…) et, surtout, le retour à la sécurité dans la majeure partie du territoire de la wilaya ont quand même conduit à un certain mouvement de retour des populations vers leurs villages et hameaux d’origine. Un mouvement appelé à s’intensifier si les conditions sociales s’améliorent et touchent l’ensemble des communes.

Pour remonter la pente, l’emploi- par-delà les palliatifs du pré-emploi et d’autres dispositifs sociaux précaires-a besoin évidemment d’un investissement massif particulièrement de la part du secteur privé (PME/PMI). Même si les chantiers des infrastructures publics absorbent une partie du chômage, ce sont généralement des emplois temporaires qui vont cesser avec la fin des travaux.

Cela dit, ces ouvrages et infrastructures contribueront, de manière indirecte et à moyen terme, à la création d’emploi par les facilitations qu’ils offrent à l’investissement.

Amar Naït Messaoud

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