Situation peu réjouissante

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La grève du cartable décrétée par le Mouvement Culturel Berbère en avril 1994 n’a pas été sans effet dans la wilaya de Bouira et particulièrement dans sa région berbérophone. Le mot d’ordre y a été largement suivi ce qui a débouché en septembre de la même année sur un boycott massif des bancs de l’école par la quasi-totalité des enfants de cette région qui réclament à cor et à cri l’introduction de leur langue maternelle dans le système éducatif national.

La dynamique citoyenne a prouvé au système en place que la question identitaire n’est pas à marchander. Une pression a été alors exercée par les Kabyles pendant huit longs mois pour voir enfin leur revendication aboutir. Le 22 avril 1995, la présidence de la République, les animateurs du MCB ainsi que la fédération des parents d’élèves ont signé conjointement un protocole d’accord portant création d’une institution rattachée à la Présidence dénommée le Haut Commissariat à l’amazighité qui aura pour mission la réhabilitation de tamazight dans toutes ses dimensions, langue culture et civilisation. Aussi, les parties réunies se sont entendues sur l’introduction de Tamazight dans le système éducatif algérien à la rentrée scolaire prochaine et la signature d’un décret présidentiel décrétant tamazight langue de tous les Algériens. C’est ainsi que Bouira a accueilli avec une joie indescriptible l’enseignement de sa langue maternelle dans une école publique. Les 23 enseignants bouiris formés par le HCA durant le premier stage de Ben Aknoun du 10 au 31 août 1995, n’ont ménagé aucun effort pour couvrir presque toute la région berbérophone. Deux ou trois établissements chacun. Pourvu que Tamazight s’implante dans tout le territoire de la wilaya, telle est la conception des choses de ces pionniers. De 9000 élèves concernés par cette langue (car son statut est d’ordre facultatif) recensés en 1995, le nombre n’arrête pas de progresser d’une manière remarquable pour atteindre en 2007 plus exactement 27447 élèves. Contre vents et marées, l’enseignement de tamazight se poursuit à Bouira et gagne de plus en plus le terrain pour toucher le chef-lieu de la wilaya. Sans encadrement pédagogique efficace, les enseignants ont levé le défi et se sont imposés pour arracher leurs droits. Certains chefs d’établissements zélés n’ont pas trouvé mieux que d’intimider à travers les emplois du temps qu’ils confectionnaient pour démotiver les formateurs. Peine perdue, car les convictions dépassent l’intérêt personnel.

La nomination, à titre transitoire, d’un inspecteur de français, Djamel Arezki en l’occurrence, pour encadrer les enseignants de tamazight a donné un souffle nouveau à cet apprentissage qui a trouvé en quelque sorte un équilibre promettant.

M. Smail

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