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Chronique d’un projet en déshérence

Un projet qui s’élève à quelque 12 millions de dollars pour une production projetée à 7 000 tonnes/an destinés au marché du bâtiment et de l’agriculture.

Le créneau lui même est très ambitieux surtout qu’il s’agit de la continuité d’ une expérience professionnelle déjà existante. Pour le promoteur ce projet a pour premier objectif de satisfaire la demande nationale ensuite envisager d’exporter la production vers l’Europe. Ce projet, soutenu par les pouvoirs publics dans l’optique du développement de la région, n’a pas eu l’effet escompté puisque avant même son démarrage un vent de chahuts et d’opposition a soufflé sur l’unité.

Pris au dépourvu, les responsables de cette unité mixte luttent sur plusieurs front pour préserver cet investissement couteux et important. Les accusations sont nombreuses, allant du non respect du POS à l’absence du permis de construire et en passant par les risques de pollution par lesquelles les membres de l’APC de l’époque ont pu mobiliser une partie de la population contre ce qu’ils présentaient comme un « désastre environnemental et sanitaire. » Si le grand duel entre le patron d’Alexo et le P/APC avait débuté en 2005, le casse-tête existait bien avant puisque les engins de la municipalité se sont déjà présentés pour démolir une partie de la clôture de l’usine sur ordre du wali.

L’unité n’a dû son salut que grâce au soutien du gouvernement ayant délivré une autorisation d’exploitation au patron de cette usine, confronté à un autre problème de taille, celui du raccordement en gaz naturel nécessaire à l’alimentation de ses fours. Les autorités locales s’opposant au projet ont bel et bien trouvé un point faible pour bloquer l’ouverture de cette unité surtout après qu’un équipement, il faut le dire sophistiqué, fut bien installé et un personnel suffisant au démarrage fut en place. Il a fallu l’intervention de la justice, qui a plaidé en faveur de l’investisseur pour que ce handicap soit levé.

La guerre des communiqués, des affrontements entre les « pour » et les « contre » puis des plaintes judiciaires croisées n’ont fait qu’envenimer davantage le climat à Amizour.

La malédiction poursuit cette unité de profilage qui a failli déchanter. En janvier 2006, ce sont les travailleurs de cette usine qui ont lancé un cri de détresse au Chef du gouvernement lui demandant d’intervenir et mettre un terme aux injonctions de la BADR, pouvant hypothéquer sérieusement le démarrage de l’unité. En octobre de la même année, ces employés ont été contraints de partir en congé forcé et l’usine mise en situation de stand-by.

Le patron, fort du soutien de l’Etat, qui a diligenté en 2007 une commission représentant cinq ministères pour exhorter les responsables locaux à faciliter la tâche, a surmonté tous ces obstacles pour arriver enfin à donner le coup de starter à son usine. Mais celle-ci est toujours perçue comme « illicite » comme l’avait déclaré le P/APW de Béjaïa le 20 juillet dernier.

Le prix payé pour cette mise en marche est tout de même lourd en conséquences, puisque une partie entière de l’unité consistant au laquage des profilés est totalement supprimée. Ce qui a valu une restriction en effectif et une baisse de production. C’est ainsi que les ambitions tracées au début du projet sont loin d’être atteintes surtout que l’usine n’arrive toujours pas à trouver le sursaut d’orgueil pour effacer toutes ses controverses.

Un peu plus d’une année depuis son démarrage, passé sans bruit, l’unité Alexo Amizour est bien en dessous de ses moyens logistiques pour atteindre les objectifs ayant constitués le cheval de bataille de la direction.

Les 160 emplois directs et la création d’une activité commerçante et artisanale en matière d’aluminium restent non concrétisés. Ainsi, si l’on conjugue son passé au présent, l’avenir n’est pas radieux pour Alexo qui en échappant au désastre semble toujours en mauvaise posture.

Nadir Touati

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