Fête et démonstration de force

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C’est en effet devant des centaines de militants et sympathisants du parti que Amara Benyounès a développé les sujets chers à son parti et d’autres questions de l’heure. Le secrétaire général de l’UDR ne peut, naturellement, laisser passer une occasion comme celle du 5 Juillet sans parler de l’aspect historique. Le ton est donné par cette phrase, répétée à l’occasion même par d’illustres révolutionnaires, qui veut que « l’indépendance a été confisquée ». Pour Amara Benyounès, le premier coup d’Etat a été opéré durant l’été 1962 contre le Gouvernement provisoire de la République GPRA), une équipe gouvernementale qui gérait les affaires du pays jusqu’à l’indépendance. Et l’orateur ne s’est pas gêné de citer les partisans de cette opération. « C’est l’armée des frontières qui était à l’origine de ce coup d’Etat », asséna M. Benyounès sous les acclamations du public. Ces faits ont poussé le leader du jeune parti républicain à critiquer ceux « qui veulent accaparer le nationalisme ». « Le nationalisme n’est l’apanage de personne. Nous sommes aussi des enfants de Novembre », dira-t-il avant de préciser que la notion de « famille révolutionnaire doit disparaître ». Pour lui, les jeunes d’aujourd’hui ont plus besoin de travail et régler leurs problèmes que « interminables leçons de nationalisme ». Et c’est logiquement que Benyounès réitère son soutien à l’idée lancée en novembre 2004 selon laquelle « la légitimité historique est terminée ». L’orateur citera, chiffres à l’appui, le nombre de « faux moudjahidine » sans cesse croissant. Il dira que ce nombre s’est multiplié par dix depuis 1962. Une manière pour le secrétaire général de l’UDR de demander une meilleure réintégration de la jeunesse sur la double scène politique et économique, parce qu’il se dit convaincu que cette frange de la société est doublement sanctionnée. D’abord sur le plan économique avec la rareté de l’emploi et ensuite sur le plan politique puisqu’on « dit toujours aux jeunes que vous êtes l’avenir de ce pays mais l’avenir ne vous appartient pas ». Sur un autre volet tout aussi important, Amara Benyounès a rendu un hommage appuyé, d’abord aux généraux « qui ont eu le courage de stopper la déferlante islamiste” et « aux patriotes » qui ont combattu au péril de leur vie pour sauvegarder la République ». Il dira qu’il « soutient les patriotes quoi qu’il en soit », sous les applaudissements d’un groupe de patriotes de Relizane. Benyounès rappellera à l’assistance que « certains s’étaient mis du côté du GIA et des islamistes armés et se présentent aujourd’hui comme réconciliateurs et veulent revenir comme si de rien n’était », avant de clamer que « ces gens-là ne sont pas mes frères. Jamais ils ne le seront », allusion faite au projet de réconciliation nationale prôné par le président Bouteflika et que le chef de fil de l’UDR dit « soutenir sur le plan du principe ». Cependant, fera remarquer l’orateur, « il ne faut pas que cette réconciliation soit perçue comme une victoire politique pour les islamistes ». Bien au contraire, il dira que des personnalités comme Ali Belhadj et Madani Mezrag « ne doivent plus faire de la politique au risque de voir notre pays vivre une nouvelle tragédie ». C’est dans le même sens que l’orateur a déclaré que l’agrément des partis islamistes « est la seconde grande erreur que l’Algérie ait connu depuis son indépendance ». C’est pour cela, a-t-il encore enchaîné, qu’il faut rester « mobilisés » contre le terrorisme.Sur un autre chapitre, Amara Benyounès a indiqué que son parti « n’est pas un comité de soutien ». La preuve ? Il la tient du fait que « ceux qui ont misé sur la disparition du parti avec la fin des élections présidentielles auront déchanté ». Il citera d’ailleurs des évènements qui prouvent que l’UDR « est un grand parti qui a soutenu un programme et non une personne ». C’est encore sur cette base qu’il soutiendra que « l’UDR n’a finalement pas beaucoup de choses à partager avec les partis de l’Alliance présidentielle ». Pourquoi ? La réponse est tout indiquée pour Benyounès : « Ce sont des partis qui font plus de mal au Président ». Il tiendra comme preuves les déclarations de Aboudjerra Soltani qui avait déclaré : « Nous sommes le pouvoir et nous sommes l’opposition ». « Ce n’est pas de la politique », dira le premier responsable de l’UDR en guise de réplique. La solution pour le problème de la Kabylie et pour la « crise de légitimité institutionnelle » passe, toujours selon Benyounès, par « des élections générales anticipées ». Parce qu’à ses yeux, la Kabylie « n’a besoin ni de gourous ni de zaims, mais elle a besoin de paix et d’un véritable débat politique ».En tous les cas, Amara Benyounès et l’UDR ont réussi un grand pari qui est celui d’organiser et, surtout, de réussir un grand meeting dans la capitale, en attendant l’autre défi que constitue l’agrément.

Ali Boukhlef

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