(5e partie)
Une fois de retour, Ouh’Diq est anéanti devant le spectacle des brebis mortes, qui s’offre à lui. Effaré, il interroge son frère Abahloul, qui lui apprend qu’elles lui ont volé son “Assel Ghagh” (gomme)-Mais non frérot ! Les brebis ne t’ont pas volé ta gomme, c’est l’herbe qu’elles ont avalée, qu’elles ruminent au repos. Si je n’étais pas arrivé à temps, tu aurais décimé le troupeau, et à ce propos, écoute mon frère. Notre “mère” n’est pas notre mère véritable ! C’est Teriel ! (l’ogresse) et elle va nous faire payer la perte de ses trois brebis ! ne lui dis rien en rentrant” ! Le soir Ouh’Diq ramène sur ses épaules une brebis et Abahloul beaucoups plus fort, ramène les deux autres. Dès que le troupeau est dans son enclos, Teriel, comme à l’accoutuméé vient pour la traite. C’est Ouh’Diq qui lui présente et lui trait les brebis. Pour qu’elle ne s’aperçoive pas de la perte des trois brebis, Ouh’Diq lui présente, deux fois de suite trois autres brebis. Leurs pis étant asséchés, Teriel grommelle et lui dit : -Elles ne donnent pas de lait, vous l’avez bu ? -Moi je n’ai rien bu, mais je suis sûr, que Abahloul n’est pas étranger à ça, il adore tant “Ag’ou G’lou Megh Ajven” sorte de fromage frais qu’on obtient en ajoutant au lait de la sève de figuier (Elh’AK) -Surveille-le s’il recommence, c’est toi qui auras à faire à moi !Afin de ne pas laisser pourrir inutilement les trois brebis Ouh’Diq, (l’avisé) demande à Teriel la permission d’égorger quelques bêtes. Cela fait des jours que personne n’a avalé le moindre bout, Comme elle-même veut en manger, elle accepte l’idée. Qurand la viande est cuite à point, Teriel sans se gêner dévore deux bêtes et demie. A Ouh’Diq, Teriel remet deux gigots et à Abahloul pour le punir, elle ne lui remet qu’une maigre épaule. Mécontent, il dit : Thaâkoumth, D’mek Its Its Rafa D’en Ma D’outchi Matchi D’mek Ig Thetsen. Quant il s’agit de fardeaux, je porte deux sur mon dos, mais quand il s’agit de manger, je n’ai droit qu’à un petit morceau ! Il fait allusion au transport des deux brebis). Pour l’empêcher de continuer sur sa lancée, Ouh’D’iq lui chuchote à l’oreille : Sousem A G’ma Our Heddar Ara (Tais-toi, ne parle pas !) N’ayant pas entendu distinctement, les paroles, Teriel demande de quoi il s’agit. “Ce n’est rien mére, tu sais bien que Abahloul ne sait pas parler !” Pour le faire taire Ouh’D’iq, lui remet sans se faire voir de Teriel tout un gigot, qu’il ingurgite avec volupté. Voyant qu’elle était de bonne humeur, Ouh’Diq profite de l’occasion pour lui demander ce qu’elle cache dans la soupente (Thaâ Richthe). “Je vous le montrerai un jour, mais pas aujourd’hui, je suis fatiguée !” Sachant qu’elle allait les dévorer un jour ou l’autre, Ouh’Diq décide de prendre la fuite, tant qu’il est encore temps. “J’attends que les bêtes qu’elle a dévorées dans la journée commencent à crier, signe évident qu’elle dort, pour sortir”. Comme une longue marche les attend, il remplit une petite jarre de miel qui leur servira de viatique (Aâouin B-Ouvrid)Mais au moment de partir Abahloul (le sot), refuse de se lever. Il prétend qu’il est fatigué. Pour l’obliger à le suivre, il plonge son index dans la jarre de miel et le lui pose sur les lèvres. Dès qu’il goûte au nectar magique, il se réveille. Il l’entraîne vers la porte. Ouh’D’iq lui dit : Sekar Thabbourth d’Effir Fik ! (ferme la porte derrière toi !)” Mais au lieu de la fermer Abahloul l’arrache et la met sur son dos. Il suit son frère dans la nuit noire. A un certain moment fatigué il dit : Aâyigh Seg Arfad M Thebbourth Agi ! (je suis fatigué de porter cette porte !)”Ouh’Diq se retourne ébahi. “Pauvre idiot, je t’ai dit de la fermer et non de la porter sur ton dos ! pose-là contre ce rocher et suis-moi” ! Le sot dépose la porte et met le rocher sur son dos. Essouffé, quelques mètres plus loin il dit à son frère :
Benrejdal Lounes (A suivre)
