Fragments d’un programme éclectique

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De jour comme de soir, et ce depuis l’ouverture du festival le 16 octobre dernier, la maison de la culture «Ali Souayhi» de Khenchela ne désemplit pas.

Timide au départ, l’affluence prend de l’importance au fur et à mesure que l’écho de la présence de la caravane de Béjaïa à Khenchela parvint à l’oreille des citoyens.

Même si, quelque part, la semaine du Festival culturel local des arts et des cultures populaires de Béjaïa à Khenchela était pauvre dans sa partie exposition, notamment l’absence très remarquée au rendez-vous d’artisans en vannerie, en céramique, en orfèvrerie, l’huile d’olive et autres, il n’en demeure pas moins que la manifestation a été, de l’avis unanime, une réussite sur tous les plans. Preuve ?

Du ‘‘feu’’ dans les salles de spectacles

Des voix d’une ampleur époustouflante, une diversité de genres : folklore kabyle, chaâbi, chansonnettes rythmées, les artistes qui se sont produit à la salle des spectacles de la maison de la culture de Khenchela ont en effet séduits… Le public a beaucoup apprécié les concerts, les musiques à fond, les rythmes, les emblématiques danses du ballet «El Wiam» que dirige Karima Ben Salem et les belles voix qui ont chanté superbement : les souvenirs d’autrefois et les succès du jour.

Les jeunes de Khenchela se sont servis de leurs jambes pour danser et de leurs mains pour applaudir. «Ça nous a fait énormément plaisir. C’est vraiment du top», nous dit un jeune. Wissam, Yacine Zwaoui, H’ssinou Fdhli, Syria, Boualem Beer, Boudjemâa Agraw, tous accompagnés par l’orchestre Tirana, ont enflammé la salle des spectacles de la maison de la culture de Khenchela.

Le manuscrit en vedette

Témoin de l’histoire par excellence, les manuscrits exposés ont suscité la curiosité et l’engouement des visiteurs. Le stand qui leur est réservé a drainé un nombre impressionnant de visiteurs. Quelques-uns demandent l’origine de leur provenance, les autres veulent avoir plus de renseignements sur la bibliothèque de cheikh El Mouhoub Oulehbib. Laquelle, pour rappel, a été créée au 19e siècle dans la région d’Ath Ouarthillan.

Les manuscrits exposés traitent des sujets divers : la logique, l’astronomie, l’algèbre, la médecine…. la bibliothèque est aujourd’hui la propriété de la famille Mechehed, dont Djamel Eddine est le responsable. Lors du festival, il a été représenté par son frère Mohand El Mahdi. «C’est un véritable trésor ces manuscrits», estime Malek que nous avons accosté.

Les nostalgiques d’ ‘‘Itaballen’’

Ayant eu vent de la participation d’une troupe folklorique au festival, «Itaballen Ouguemoun» en l’occurrence, une famille originaire de Ain El Hemmam (ex-Michelet) est venue pour s’enquérir de la date de leur programmation. Avec son authenticité culturelle, la troupe «Itaballen Ouguemoun» a su mettre en valeur mieux que n’importe quel autre participant au festival, le costume traditionnel et la danse d’une région. Quant à la famille de l’ex-Michelet elle a été contentée lors de la soirée de clôture du festival. «Ça fait vingt ans que je ne me suis pas rendue dans ma région natale. Avec cette troupe je me sens chez moi, en Kabylie», nous déclare, toute contente, nna Fadhma.

Le TRB fait ses preuves

En cerise sur le gâteau, le théâtre régional de Béjaïa (TRB) a tenu ses promesses auprès du public khenchelois. Avec deux pièces théâtrales (le jardin des amis et Uzu n Teyri) le TRB a fait ses preuves à Khenchela. Il faut reconnaître aux jeunes comédiens du meilleur secteur de l’art à Béjaïa leur professionnalisme sans faille lors de leur montée sur les planches. Pour preuve ils sont les plus applaudis lors du festival. Que ce soit à la salle des spectacles de «Kaïs» ou celle de la maison de la culture de Khenchela, le public est venu en nombre. «Elle est vraiment bonne et les acteurs ont fait montre d’un grand professionnalisme. J’ai beaucoup apprécié, même si je ne comprend pas quelques mots kabyles», estime Mourad que nous avons abordé au terme de la pièce théâtrale ‘‘Uzu n Tayri».

L’art culinaire traditionnel séduit le wali

Ne pouvant résister devant les plats traditionnels et de pâtisserie kabyles présentés à la maison de la culture, le wali de Khenchela, en jeûne ce jour-là, n’a pas pu s’empêcher de déguster la cuisine de Béjaïa. Il en a été de même de la délégtion qui l’accompagnait. Les plats qui y ont été présentés sont : Taâsbent Lkerch, Bouzelou (Mtewem). Gâteaux : Makrout, Kaâk n Kach, Ghribia, Tibouâdjajines, Tighrifines, El Mela.

Khenchela ensorcelle la délégation

Suite à plusieurs sorties sur des sites historiques et touristiques, la délégation de Béjaïa n’oubliera pas de sitôt la beauté des paysages, les vestiges du royaume de la Kahina, enseveli depuis plusieurs siècles sous les décombres, les stations thermales, dont entre autres, Hemmam El Salhines, Knif, le village Tabergda, classé site national en 1928 et deviendra dans le futur proche un site archéologique. Il nous a été donné de constater que la région recèle des potentialités indéniables pouvant faire d’elle une destination touristique.

Mourad Nacer (Directeur de la culture de Béjaïa)

«Les objectifs du festival sont en partie atteints»

«Ce festival permettra d’une part, de faire connaître auprès des jeunes de Khenchela les richesses culturelles et l’histoire millénaire de Béjaïa et d’autre part, préparer à la faveur de ce festival, le terrain aux générations futures pour qu’elles prennent conscience de la diversité et de la richesse de leurs patrimoines matériel et immatériel», estime Mourad Nacer, directeur de la culture de la wilaya de Béjaïa, à l’occasion de la clôture du festival culturel local des arts et cultures de Béjaïa à Khenchela, dimanche dernier. Selon lui, la réussite de la manifestation est rendue possible, grâce à la conjugaison des efforts de plusieurs parties, dont le ministère de la Culture, le wali de Béjaïa, les autorités de Khenchela et d’autres intervenants.

Quant aux objectifs assignés au festival, à savoir la promotion des arts et des cultures populaires des différentes régions de l’Algérie, Mourad Nacer dira que les objectifs sont en partie atteints. D’ailleurs, les jeunes de Béjaïa ont eu l’occasion de découvrir les cultures et les traditions de cinq wilayas, à savoir Khenchela, Ghelizane, Batna, Sétif et Illizi, l’été dernier. Cette fois, précise-t-il, les jeunes des autres régions découvriront les arts et les cultures populaires de Béjaïa. De même, ajoute-t-il, qu’ils auront l’opportunité de connaître l’histoire millénaire de Béjaïa à travers des expositions sur Béjaïa antique et médiévale et des conférences-débats qu’animera Djamil Aissani, professeur et président de l’association Gehimab. Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler que Djamil Aissani a animé une conférence à Khenchela sous le thème «le milieu intellectuel de l’Est algérien à l’époque médiévale».

Pour que les objectifs assignés au festival soient atteints dans leur totalité, il suffit, explique le directeur de la culture de Béjaïa, mettre les moyens et l’inscrire dans la continuité.

Lors de notre séjour à Khenchela, il nous a été donné de constater l’absence très remarquée des artisans en vannerie, en bijoux, céramique, l’huile d’olive et d’autres métiers artisanaux. Cela est dû, se défend Mourad Nacer, à l’impossibilité d’associer tout le monde au regard des richesses immenses de la région. La Direction de la culture a préféré, explique-t-il, mettre en relief les points de rencontre des deux régions dans l’optique de ‘‘construire’’ et les points de différence pour ‘‘s’enrichir’’.

D.S.

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