Qui peut se plaindre de la publication d’une compilation de proverbes, citations, anecdotes de la vie d’une personne aussi écoutée (et maintenant lue), un siècle après la disparition du sage et philosophe (même si le terme n’était encore en vogue à cette époque) qu’est cheikh Mohand ou LHocine. Il conseillait sans pour autant être un moraliste, il indiquait les voies dit-on impénétrables du seigneur sans pour autant être un profane de la religion. Il soignait sans aucun esprit charlataniste. Ses paroles sont du miel, du fiel de la trouble époque. Il respire la tolérance comme il sème à qui veut les entendre ses sentences quasi-prophétiques n’avait il pas dit à son père quil lui faisait des remontrances sur sa générosité excessive qu’il sera le 2éme prophète ? Qui de nous jours, religieux, théologien peut comprendre qu’on a beau tenter de corriger les esprits, de les moraliser moyennant souvent des décibels à vous faire réveiller un gosse à 4 heures du matin sans pour autant parvenir. Depuis que le monde est monde, et avec lui l’avènement des religions prêcheurs côtoient les pécheurs. Il y a les riches et les pauvres, l’honnêteté côtoie le mensonge entre l’amour et l’adultère il n y a qu’un pas qu’il ne faut pas franchir. L’expérience de 10 années de braise vécus par notre pays a montré que nul ne peut s’arroger le droit de guider la société se ce n’est sa conscience. Cheikh Mohand Ou L Hocine a compris tout cela de son vivant et partant de son époque. Un jour il a envoyé deux de ses disciples en Tunisie pour qu’ils visitent ce pays et lui rendent compte de la situation de l’Islam. Les 2 disciples menaient évidemment 2 vies purement antagonistes. L’un était un “moumene” au sens propre du terme et l’autre un admirateur des femmes et un adorateur de bons vins. De la part du Cheikh, c’était à bon escient. A leur retour de mission, les 2 messagers rendent comptent de leur pèlerinage. Le premier : ض Cheikh ! Si tu voyais, Tunis, Dieu sort loué, elle est pleine de mosquées, et il y a des croyants partout… le deuxième : ض Cheikh ! si tu voyais Tunis, Alatif, elle est pleine de tavernes avec des femmes partout…et au Cheikh de conclure et pourtant il n’y a qu’une seule Tunis, mais chacun a trouvé ce qu’il cherchait. Il faut peut-être remonter jusqu’à saint Augustin pour rencontrer pareils cas de tolérance, et de clairvoyance. L’autre exemple connu de tous qui n’est autre que sa fameuse rencontre avec le barde de la poésie : Si Moh Ou Mhand est un autre exemple de tolérance et la compréhension d’autrui. Et les exemples ne manquent pas…Par conséquent, une publication d’un eniéme recueil sur cet homme hors pair n’est jamais du domaine du superflu. Sous le titre “Timenna N Ccix Muhand U LHusin de Mazaoui Hamid, ce jeune auteur d’expression amazigh, né en 1972 à Ain El Hammam, village natal de Cheikh Mohand Ou LHocine est par Conséquent une heureuse initiative. La publication tombe tout juste avec le centenaire de Cheikh Mohand Ou L Hocine en 2001, année de publication de l’opuscule qui a été dédié à la mémoire des victimes du Printemps noir. Dans sa présentation en 4e couverture du livre de Mohand Boukhtache, celui ci écrit sans ambages “Même si ce travail pêche par des citations déjà connues il mérité tout notre respect, du moins toute notre attention, envers celui qui a mis ses maigres ressources et son modeste savoir-faire à le réaliser”. (NDLR le recueil). Hamid Mezaoui, édite à compte d’auteur donc, n’est pas pour le moins à sa première publication. Il a déjà à son actif une autre publication parue en 1999, Azioud Dud Yecca Uzayad qui est un montage poétique. en poète militant passionné, il prépare d’autres recueils qui ne manqueront pas d’enrichir le paysage l’ivres que. Le livre, consacré à Cheikh Mohand est d’une cinquantaine de pages. Il est divisé en plusieurs chapitres dans lesquelles on peut y trouver “tamusni n ccix” (le savoir du cheikh), “Tamedyazt n ccix”, (la poésie du cheikh) et enfin le 3é et dernier chapitre “Awal af ccix” (témoignage sur le cheikh). Dans un de ses poèmes écrits à l’occasion de la mort de Cheikh Mohand, on lit que le mulet lui appartenant a refusé de manger, boire ou sortir. Il restera aussi 7 jours pour mourir à son tour. Un poème a été sur cette double et triste circonstance. Cheikh Mohand est parti, emportant avec lui une vie très bien remplie, qu’il savait cependant éphémère. Il nous a légué un tresor inestimable, qui continue à inspirer de nos jours plusieurs artistes écrivains et penseurs. On raconte qu’un jour, il se rendit à la fontaine, pour y faire ses ablutions. Il la trouve pleine d’or et d’argent et au sage de lui dire.
M. Ouaneche
