Promouvoir sa culture, ses origines kabyles, les faire vivre constitue la raison de son investissement. Il a beaucoup donné à sa culture et continue à vouloir la faire vivre et à la faire connaître à travers ses romans. Ali Mebtouche est né à Aït-Aïssa-Mimoun, il a immigré en France en septembre 1964 dans la région lyonnaise.
Ancien ouvrier de la grande entreprise RVI, Renault Véhicules Industriels, il a participé avec beaucoup d’ardeur à des ateliers d’écriture proposés par le comité d’entreprise. Pris par la passion de l’écriture, il achève l’écriture de son premier roman à sa retraite.
Le voyage de Mohand relate l’histoire de son départ de l’Algérie à l’âge de 19 ans, d’abord pour Alger, cette grande ville qu’il n’avait jamais vue, puis pour la France. Il relate ses premières années de vie d’immigré en France, puis son retour au pays. C’est le regard d’un jeune garçon, presque celui d’un enfant tant sa naïveté est grande, porté sur la France, sur les Français et sur les immigrés.
C’est l’occasion pour lui de revenir sur des scènes du passé en Kabylie : sa famille, ses proches, l’école, la guerre, les marabouts… Le voyage de Mohand vient d’être réédité en 2008 chez Manuscrit.com.
Son écriture est touchante tant pour un public français que kabyle. Elle fait revivre, pour certains, des évènements connus, les lecteurs s’identifient à son parcours ou bien y retrouvent l’histoire de leur parent. D’autres découvrent un univers jusqu’alors peu connu en France. Ali Mebtouche aime raconter ces histoires vécues, les écrire et les partager. Il est également l’auteur de Histoire d’un berger de Kabylie pendant la guerre d’Algérie paru chez l’Harmattan en 2007. L’histoire se passe pendant la guerre d’Algérie, le héros, Chaban, a connu la guerre d’Indochine, puis la guerre d’Algérie où il a servi les troupes du FLN, avant de se tourner comme harki vers les troupes françaises. Il décrit les tortures perpétrées des deux côtés. Les cigognes et le pigeon, paru en 2007, chez Manuscrit.com relate son histoire d’ouvrier chez RVI, les conditions difficiles du travail à la forge, les comportements racistes dont il est victime, les mouvements de grève. Avec comme fonds, une histoire d’amour déçu, il retrace de l’intérieur le monde ouvrier. Ses livres ont valeur de témoignages et de mémoire, ils portent en effet cette mémoire de l’immigration et cette mémoire ouvrière. Il a aujourd’hui un projet de roman, en cours d’écriture, lequel va nous amener vers une histoire plus ancienne, celle d’un kabyle condamné aux travaux forcés et déporté à Cayenne pour avoir défendu l’honneur bafoué de son village en 1883.
Contribution de Valérie Gellion