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 »Les anciens responsables sont ingrats »

La Dépêche de Kabyie : Pouvez-vous nous révéler vos débuts dans cette discipline ?

Kamel Abboud : J’ai débuté la pratique de ce sport en 1971 où j’avais comme entraîneur feu Da Mahmoud et Madjid Khima au sein du club de la Sonatrach avant d’opter, une année après, à la JSMB. Deux ans après et avec l’avènement de la reforme sportive, on a intégré le MBB où on a continué à défendre les couleurs de ce club.

En parlant de compétition, peut-on connaître vos débuts officiels sur un ring?

J’ai commencé à monter sur le podium lors du Championnat d’Algérie, qui fut ma première rencontre officielle, en 1977 et après ce titre, j’étais sélectionné en équipe nationale à l’âge de 16 ans en 1978.

Quel a été votre premier titre international ?

Mon premier titre international remonte à l’année 1979, au championnat du monde en Allemagne, contre un champion d’Europe et 2e champion olympique à l’âge de 17ans. Depuis cette date, je n’ai cessé de progresser et de gagner d’autres titres.

Pouvez-vous nous citer quelques uns ?

En 1979 lors des Jeux méditerranéens de Split, j’ai pu atteindre les demi finales et battu par un Yougoslave qui a décroché la médaille d’or de ces jeux.

Une année après, lors des Jeux Olympiques de Moscou de 1980. J’ai fait le voyage avec l’équipe mais à cause d’une méchante blessure je n’ai pas pu monter sur le ring.

Apres cette date et à chaque tournoi où je participais, j’arrive toujours à décrocher une médaille d’or et je dominais ma catégorie même sans préparation.

Lors des Championnats du monde militaire, organisés à Alger en 1982, j’ai décroché la médaille d’or grâce aux combats gagnés surtout la finale sur le score de 5 -0 contre un grand boxeur italien, lequel est devenu professionnel et champion du monde plus tard.

En 1983, j’ai participé et gagné plusieurs tournois internationaux

Une année après et lors des Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984, j’étais en France pour préparer une carrière professionnelle chez un manager— celui de Loucif Hamani — les responsables fédéraux à leur tête les entraîneurs, sont venus et m’ont convaincu pour prendre part à ces joutes, j’ai gagné le 1er combat, et vaincu au 2è mais j’ai decroché la 5e place. A partir de cette date, le moral était au bas, les entraîneurs étaient bien avec nous mais les responsables n’étaient pas à la hauteur et n’ont rien fait pour nous encourager.

Vous avez tenté votre chance en professionnel à cause du manque d’encouragement, non ?

Effectivement, j’avais plusieurs propositions de managers, parmi eux un Allemand qui a beaucoup essayé de m’enrôler en professionnel mais je n’ai pas voulu à caus de ce soi — disant amour du pays et du nationalisme.

C’est en 1987 que j’ai décidé d’opter et de tenter ma chance au niveau professionnel en France. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, j’étais le premier Algérien qui passe en pro sur le sol français. J’ai fais trois combats avec autant de victoire.

Votre expérience professionnelle n’a pas duré, peut-on connaître les raisons ?

Beaucoup de conditions doivent être réunies pour bien réussir une carrière professionnelle, et à cette époque on manquait de tout. Déjà en 1990, je suis revenu au pays grâce à l’insistance de Ould Mekhloufi qui m’a convaincu pour lancer la boxe professionnelle en Algérie mais sur le terrain j’ai découvert autre chose comme la guerre de clans à cause des intérêts personnels.

Pouvez-vous nous citer certains entraîneurs qui ont marqué votre carrière ?

Je citerais en premier lieu feu Da Mahmoud Khouchene, qui était un père pour moi,

Ould Mekhloufi, Hayani, Ami Kouider à l’échelle nationale alors qu’au niveau mondial, je peux citer les Russes et les Cubains

Et les athlètes qui ont marqué votre époque ?

Y avait beaucoup de boxeurs de haut niveau à notre époque, je peux citer les Khouchene, Moussa, Ferguene, Bouchiche,Zaoui…., la force de notre époque est la bonne préparation, déjà chaque saison, on participait à une moyenne de 6 grands tournois à l’étranger sans parler de compétitions officielles.

Si c’était à refaire, accepteriez-vous de refaire votre carrière ?

Dans les conditions dans lesquelles je me retrouve aujourd’hui, je n’accepterais jamais.

Personnellement, je n’ai pas gagné ce que je méritais et le moment du nationalisme aveugle est révolu, franchement les responsables de l’époque ne nous ont pas estimé à nos justes valeurs. L’Algérien est très éveillé actuellement et n’acceptera jamais d’être trahi par des slogans de nationalisme

Le seul président de la fédération qui se rappelait de nous est M. Soltani… Sinon les autres nous ont carrément oublié

Quel est le meilleur souvenir de Kamel ?

Le premier combat que je garde encore en mémoire est celui de la Hongrie, lors d’un tournoi Azzi Khouchene, et mois nous avons décroché les deux médailles en or.

Le second souvenir est le combat professionnel à Paris, malgré ma blessure et en voyant le peuple algérien venir en masse pour me soutenir, j’ai pu décroché la médaille d’or devant un grand boxeur français

Et le plus mauvais ?

Le seul combat et le plus amère fut celui du Championnat du monde en 1981 au USA. Ce jour-là j’ai beaucoup pleuré car j’ai gagné sur le ring mais les arbitres ont décidé autre chose en offrant la victoire à l’Américain. C’était une grande déception car j’étais le favori potentiel et même le public a hué la décision des arbitres

Avez-vous un message à lancer aux responsables du sport ?

Qu’on aide les entraîneurs et les boxeurs pour qu’ils ne fuient pas leur pays. Les études peuvent aider à améliorer le niveau mais sans expérience un entraîneur diplômé ne peut pas réussir. Au niveau local, la boxe est délaissée à Bejaïa. Qu’on aide les gens qui travaillent et à part la Ligue de boxe et les clubs,les responsables bougiotes n’ont rien fait pour les anciens boxeurs et je défie quiconque qui osera dire le contraire.

Actuellement, les membres de l’APC de Bejaïa et la DJS commencent à faire quelque chose au profit des sportifs et j’espère qu’ils continueront sur cette lancée.

Vous êtes maintenant le coach de la CR Mellala. Quelles sont les conditions de travail au sein du club ?

J’ai une très bonne équipe, mais dommage que la salle n’est pas conforme et ne réponde pas à l’aspiration de la jeunesse de cette région. La voûte est très dégradée, surtout en hiver, c’est très difficile de travailler surtout pour des enfants à cause du froid qui sévit dans la région ces jours ci.

L’APC de Oued Ghir doit aménager la voûte pour l’intérêt des enfants de la région. Qu’on nous octroi un bus pour le transport des enfants, surtout ceux qui viennent de Mellala et Taourirt Larbâa. J’ai pu avoir et ramené du matériel pédagogique de l’APW et de la DJS d’une valeur de sept millions mais l’APC doit faire des efforts pour réunir les conditions adéquates au bon déroulement des entraînements.

On vous laisse le soin de conclure….

J’ai envie de remercier le DJS de Bejaïa qui est très reconnaissant envers les gens qui travaillent sans oublier toutes les personnes qui ne nous ont pas oublié.

Je signalerais que les anciens responsables bougiotes sont ingrats, ce sont eux qui ont détruit feu Da Mahmoud Khouchene, Aziz Khouchene et moi-même. J’espère seulement que ceux d’aujourd’hui se rappelleront de nous un jour.

Entretien réalisé par Zahir Hamour

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