El Hadjar, la preuve par deux

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S’il suffisait d’être touché à un niveau ou à un autre par la crise financière internationale pour s’énorgueillir d’être admis dans la cour des grands, l’Algérie aurait trouvé la preuve de son “intégration” dans l’économie mondiale par le péril qui guette désormais le complexe d’El Hadjar cédé depuis des années au leader mondial Arcelor Miltal à hauteur de 70 % et qui est en train de subir les contrecoups des difficultés conjoncturelles de la maison-mère. De la même manière, s’il y avait quelque fierté à tirer d’une économie dangereusement introvertie sous prétexte qu’elle nous met à l’abri des turbulences planétaires, les dirigeants algériens n’auraient pas été si seul à en admirer la performance. Avant, quand l’intention, même velléitaire, d’aller aux profondes réformes dont l’économie algérienne avait besoin était quand même assez nettement exprimée, on expliquait les lenteurs qu’elles prenaient par de sombres difficultés techniques. Aujourd’hui qu’il est clair que seule l’absence de volonté politique a été à l’origine du statu quo, c’est tout juste s’ils ne nous expliquaient pas que finalement ils avaient raison de “ne pas se précipiter”.

Mais ils font mieux, ils agissent pour nous le démontrer. Plus clairement, nos tiroirs caisses, coffre-fort de la corruption, paradis du passe-droits, usines à scandales et cimetières des projets utiles étaient les meilleures banques du monde et on l’ignorait. La politique, ou plutôt la non-politique foncière qui organise les choses de façon à ce qu’on puisse obtenir un terrain pour tout sauf pour un investissement productif et créateur d’emplois est toujours là où elle était. La procédure administrative, le système fiscal et la douane, certainement les plus dissuasifs au monde n’ont apparemment aucune raison d’être revus.

Le pire est que tout ça n’est même plus à l’odre du jour, puisque mine de rien on remet les nationalisations au goût du jour avant même la crise des subprimes et les vieux démons inquisiteurs contre les investisseurs étrangers coupables d’avoir des intérêts, sont de retour. Pourtant, ils ne sont pas venus, les investisseurs, mais il faut rester vigilant. D’autant plus que la conjoncture qui ajoute un peu d’eau au moulin des gestionnaires de l’économie algérienne risque de ne pas durer. D’ici là Arcelor Mittal, dont les problèmes ne sont pas dus seulement à la crise mondiale mais aussi aux conditions dans lesquelles elle est passée à un autre statut, aura peut-être été (re)nationalisée. Les quelques améliorations, les équilibres et les perspectives compétitives qu’El Hadjar promettait aux mains du savoir-faire indien n’auront alors été que des erreurs de parcours.

La crise ne sera peut-être pas là parce que Paulsen et Brown s’y emploient sans nous, alors on se rendra encore à l’évidence. L’économie algérienne ne profite ni de la guerre ni de la paix. Elle ne participe pas aux batailles et elle ne construit pas à l’ombre des paisibles opportunités.

S.L.

laouarisliman@gmail.com

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