Timucuha N-leqvayel ou le titanesque travail de Shamy Chemini

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De Timucuha d’antan que nos grands-mères narraient au coin de la cheminée, ce trésor oral de la littérature kabyle, si riche et varié, vient d’être immortalisé sur un support nouveau. Bravant les temps et l’espace en mémorisant, des siècles durant, ce legs culturel, le mérite de nos anciens est monumental, mais l’idée que vient de faire sienne l’artiste-écrivain, Shamy Chemini est merveilleuse dans la mesure où elle participe à la fois à la sauvegarde de la langue et culture kabyles, d’un côté, et de l’autre, le support choisi qu’est le CD permettra à ces contes de survivre plus longtemps et touché un plus large public…

Une idée de génie que celle réalisée par Shamy. Toujours infatigable, il vient de publier chez les éditions Sybous, cinq CD de contes kabyles. Les contes sont, dans leur majorité, « la création de l’artiste », nous a-t-il avoué. Pour les contes qu’il a repris du riche répertoire kabyle, Shamy ne laisse planer aucun doute sur sa nouvelle production.

Il affirme que les contes repris ont été laïcisés, soit mis au goût du jour. La collection de cinq CD comporte trois CD bilingues, soit kabyle et français, un CD entièrement en kabyle et un autre entièrement en français. Ce travail a pour objectif de réunir un large lectorat de contes.

Il cible à la fois les férus des histoires anciennes en kabyle, en français et les deux en même temps, puisque trois des cinq CD sont bilingues. Les contes racontés par Shamy dans sa dernière production touchent pratiquement à tous les domaines de la vie en Kabylie. Inspirés des histoires les plus connues dans la région, comme Tafunast Igujilen, Agellid Afertas…, d’autres contes imaginés viennent enrichir cet immense travail d’un artiste, qui ne compte pas ranger de sitôt le bâton de pèlerin qui le guide depuis bientôt quatre décennies. La collection comprend aussi des livrets bilingues afin de permettre aux « auditeurs », de lire en kabyle et en français.

L’art de persévérer dans… l’art

De la musique avec le groupe les Abranis à la littérature, Shamy a choisi le chemin le plus dur afin de donner un nouveau souffle à la culture kabyle, celui de l’écrit, d’ailleurs plusieurs romans, dont La fiancée du soleil est parmi les œuvres de Shamy. Cet ensemble artistique et littéraire kabyle est depuis une semaine sur le marché, en attendant sa vente en coffret, dans lequel toute la collection sera à la disposition du public.

A ajouter aussi que la collection est une réalisation de l’artiste lui-même. De la conception à la réalisation, Shamy en est le maître, d’ailleurs même les CD est de fabrication locale, seront, par ailleurs exportés vers plus de quinze pays dans le monde.

Exploitant de manière lucide cet univers imaginaire kabyle, Shamy apporte un nouveau regard sur la littérature locale. Loin des contributions rudimentaires, il associe l’art de la narration avec des supports technologiques modernes pour en ressortir avec un mélange des genres appréciable, dont seul le public jugera l’importance.

« J’aimerais que cette démarche contribue à la renaissance de la langue amazighe qui en son temps eut un univers mental et culturel spécifique à Tafarka devenue l’Afrique », lit-on sur la couverture des CD.

Les fables racontées par Shamy et traduites avec soin dans la langue de Molière apportent à l’oreille des sons magnifiques, une langue pure tirée du vocabulaire anciennement usité dans la narration avec une voix sublime. Sur un fond musical approprié, les sons agréables d’oiseaux et autres animaux, le récepteur est replongé dans l’espace où se déroule le conte.

Le mérite du travail réalisé par Shamy Chemini, épaulé par une équipe restreinte, comme S. Chemakh, CH. Galili,

M. Bounab…est grandiose dans la mesure où il défriche un nouveau terrain pour la culture kabyle.

Mohamed Mouloudj

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