Draâ El-Mizan va mal !

Partager

De prime abord, Kamel Abbas, SG de la wilaya, a pris sur lui de bien définir la portée des interventions. Devant l’impossibilité (technique) d’écouter tous les présents en détail, les maires devaient présenter leur programme de développement, la situation de leur commune et les contraintes rencontrées en une dizaine de minutes. Les représentants de la société civile en avaient cinq. De fait, les travaux ont porté, dans leur globalité, sur des présentations, très précises, des situations des quatre municipalités formant la daïra de Draâ El-Mizan, avec à chaque fois une évaluation exhausive des états d’avancement socio-économiques et un listing détaillé des contraintes et des problèmes récurrents.

Draâ El-Mizan à la traîne

La commune de Draâ El-Mizan, selon l’exposé de son P/APC, c’est 46 667 âmes dont 22 445 vivent en milieu rural. Ces derniers ont bénéficié de 280 décisions d’attribution sous la formule de l’habitat rural. 25 lots restent à répartir alors que 270 bénéficiaires ont déjà entamé les travaux de construction. Dans la foulée, le maire fati état de 152 logements squattés et explique, amèrement, que les deux sites prévus pour la construction de logements socio-participatifs sont toujours bloqués pour divers motifs. C’est la cause dit-il, du non-lancement des 30 logements LSP et de la non-concrétisation du projet de construction de 40 autres, lequel demeure toujours en étude au niveau de la wilaya. Pour ces deux formules de logement, 500 dossiers sont déjà en instance.

Le bilan fait par le maire concernant l’investissement, la jeunesse, le chômage, l’AEP, l’aménagement urbain, l’hygiène et l’agriculture fait ressortir de nettes carences et un nombre déconcertant d’insuffisances. Il finira, toutefois, son allocution par un appel solennel aux autorités pour pallier le déficit sécuritaire dont souffre la municipalité en demandant l’installation d’une autre unité de BMPJ et la réalisation de deux postes de police dans deux quartiers réputés sensibles de la ville. Le P/APC exhortera également les autorités locales à transférer les éléments de la garde communale vers un autre lieu. Ces derniers occupent actuellement… une poste et une mosquée!

Les deux représentants de la société civile mettront l’exergue, quant à eux, sur la nécessité de restaurer le vieux bâti de la ville et la réalisation de structures de sports et de loisirs pour les jeunes.

Aïn Zaouia avance, mais…

A vocation strictement agricole, la commune de Aïn Zaouïa a vu ses quelque 17 000 habitants, recèle de véritables potentialités qui n’ont jamais été exploitées. Le P/APC déplore une multitude de problèmes, tous secteurs confondus dont certains persistent depuis des décennies. A commencer par la vétusté de réseau de distribution d’eau potable et les pannes, devenues récurentes, dans les opérations de pompage.

Aïn Zaouia, c’est ainsi neuf établissements scolaires et plus de 700 lycéens transportés, dans leur quasi-totalité, par les moyens de l’APC, la ville étant dépourvue de lycée. Selon ce même état des lieux, la municipalité enregistre un très inquiétant taux de chômage estimé à 60 % de la population active. Une statistique due essentiellement à l’inéxistence de toute forme d’investissement et à l’absence de sérieuses opportunités professionnelles.

Le raccordement au réseau du gaz de ville n’est pas en reste puisque celui-ci ne dépasse guère le seuil des 10 %, alors que la moyenne nationale est de… 33%.

Le P/APC de Aïn Zaouia déclarera, dépité, que sa municipalité est, également “ dépourvue de toute perspective en matière de logements.” Depuis sa création, la commune n’a pu réaliser et distribuer que… 30 logements sociaux. Les 58 autres qui ont été inscrits à son projet n’ont toujours pas vu le jour !

Aït Yahia Moussa, la décadence

Des quatre-communes de la daïra de Draâ El Mizan, Aït Yahia Moussa est certainement la plus déshéritée. Créée en 1971, elle compte aujourd’hui plus de 20 000 âmes réparties sur 39 villages.

Ayant comme seule richesse l’olivier (comme l’a bien précisé son P/APC), la localité manque de presque tout. Le foncier, par exemple. constitue l’un des plus grands soucis des élus car, étant donné que 70% du foncier est détenu par la direction des forêts, la commune ne peut même pas se lancer dans un sérieux programme d’aide à l’habitation rurale.

Pourtant, un énorme déficit en matière de logement étouffe la municipalité. Les 12 appartements construits dans le cadre de la formule APC/CNEP sont occupés par… des militaires, tandis que 40 autres logements demeurent toujours squattés. Ce constat se voit aggravé par les maigres prouesses de l’habitat rural (pour les raisons évoquées précisément) puisque seuls 390 lots ont pu être distribués sur les 1 500 demandeurs. Aït Yahia Moussa a aussi un taux très élevé de chômage, une absence quasi-totale de raccordement au gaz naturel, 80 familles sans électricité, trois agences postales fermées, 25 km de pistes à créer et à aménager, une absence totale de transport scolaire et de toute structure sécuritaire! Avec beaucoup d’ironie, le maire s’est également plaint au wali que le siège de sa mairie soit régulièrement fermé par des citoyens en colère… A n’y rien comprendre !

Frikat se porte mieux

A vocation agricole, la commune de Frikat à pu réaliser, malgré des insuffisances qui lui sont particulières, un appréciable bout de chemin en matière de développement local. Composée de 13 500 habitants et 19 villages, la commune dispose de sept écoles primaires et de quatre cantines scolaires, entre les deux CEM (dont l’un est également doté de cantine). La première préoccupation des élus concernant ce volet demeure incontestablement le ramassage scolaire. Des écoliers et des collégiens font plusieurs kilomètres par jour entassés dans des camions aménagés, et ce, dans des conditions lamentables. Le deuxième casse-tête concerne l’alimentation en eau potable et l’insuffisante capacité de stockage de la commune. La mise en service des deux forages réalisés récemment et le renouvellement de certains réseaux de distribution deviennent plus qu’une urgence. Le P/APC, qui a reconnu de nettes améliorations des différents secteurs, a tout de même tenu à exprimer les quelques problèmes qui continuent de freiner le développement de sa commune. Il a évoqué, entre autres, la nécessité d’aménager et de revêtir certaines pistes en vue de désenclaver des sites à fortes potentialités touristiques, la désolante défections des EAC agricoles, la fermeture de la maternité, la non-concrétisation du projet d’une zone d’activité ainsi que le problème du logement. Pour ce volet, le maire de Frikat confirmera que l’APC a accordé 425 aides à la construction rurales, tandis que les 24 logements APC/CNEP demeurent toujours squattés. Quant au 70 logements sociaux dont a bénéficié la municipalité, leur réalisation vient d’être encore une fois retardée, pour une multitude de motifs.

Hocine Mazouz : “Il faut définir les priorités… !”

En synthèse des travaux, le wali de Tizi-Ouzou a intervenu sur les exposés des maires et des citoyens représentant la société civile avant de laisser les directeurs de l’exécutif répondre, point par point, aux doléances évoquées par les intervenants. Il dira, en substance, que “le développement est une action qui n’est guère limitée dans le temps, le plus important c’est de s’inscrire dans une démarche étudiée et utile tenant compte des spécificités de la wilaya et surtout de ses priorités.” Et de déclarer : “Le développement, c’est pas l’éclairage c’est plutôt l’accès à la santé, à l’eau et à tout ce qui est vital…” Dans son intervention, M. Mazouz reconnaîtra qu’il est pratiquement impossible de régler tous les problèmes de toutes les communes, mais il fera remarquer que la wilaya de Tizi-Ouzou a bel et bien amorcé une démarche concrète dans le développement local. “Certes beaucoup reste à faire, mais beaucoup a été fait aussi…” a-t-il conclu avant d’inviter le représentant de la DHW à répondre aux problèmes posés, cas par cas, commune par commune. Les directeurs de l’exécutif présents ont, tour à tour, défilé sur le pupitre de la salle pour effectuer la même mission. A l’heure où nous mettions sous presse, les travaux se poursuivaient toujours.

Ahmed. B

Partager