Des artisans en difficulté

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Il n’y a qu’à voir le produit de leur travail pour apprécier leur doigté. Sur les étagères trônent des amphores, des jarres en terre cuite, des cruches, des pots à eau… Bien que d’usage domestique, le travail soigné les hisse presque au rang d’œuvres d’arts. Chaque objet est un condensé d’efforts techniques et artistiques. Les services à café sont aussi très prisés. Les plats, finement décorés de motifs berbères sont superbes. Il y a aussi des ensembles pour couscous qui doivent certainement accorder le goût authentique, le vrai goût du terroir, à ce plat si apprécié. Toutes ces productions artisanales exigent du temps et un savoir-faire qui est la marque de fabrique des Aït Kheir. Le travail est long, depuis le malaxage de la matière première jusqu’aux motifs dessinés à la main. La porterie est ici d’abord une nécessite, celle de fabriquer les objets usuels, mais aussi celle de gagner sa vie, difficilement du reste. Mais elle est aussi un héritage, puisque la majorité des maisonnées d’Aït Kheir s’adonnent à ce travail artisanal. La SARL, poterie artisanale s’est installée sur les restes d’un ancien atelier d’Etat qui a fermé ses portes en 1997.

Il a été repris par des employés qui s’activent à perpétuer le savoir-faire de la région. Il y’a huit ouvriers qui travaillent dans des conditions lamentables. L’ensemble du local dégage une telle impression de dégradation qu’on se demande comment d’un endroit aussi laid peuvent sortir des objets aussi raffinés. Le plafond pend pitoyablement en lambeaux et les poutres de soutien en bois, dénudées, sont visibles. Le parterre est également dégradé ainsi que le matériel, notamment les fours et les malaxeurs. Les travaux de rénovation des plafonds et du four sont coûteux, une entreprise a exigé la somme de 1823183,27 DA. L’entreprise fait face à des difficultés financières. Les coûts d’amortissement des locaux et du matériel coûtent une fortune, payable en vingt tranches annuelles assorties d’un intérêt. Les charges annuelles ainsi dues s’élèvent en moyenne à 300000 DA par an — la SARL est aussi, bien sûr, assujettie également aux impôts. Toutes ces charges ont pour résultat de créer une situation d’asphyxie financière qui n’augure pas d’heureux lendemains pour les 8 courageux et talentueux artisans qui s’accrochent à y gagner leur vie et perpétuer un savoir-faire indéniable. Ils crient au secours mais quelle oreille les entendra ?

M. Amarouche

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