Le plaidoyer légitime des handicapés

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« Associez-nous au programme que vous initiez aux handicapés, devenons réellement, et de manière effective, des partenaires pour que les programmes destinés à l’intention des handicapés, toutes catégories, soient justes et adéquats. Laissez-nous vous proposer, c’est nous qui vivons la situation du handicapé. Parfois, on a des solutions, qui sont très faciles à mettre en œuvre. Mais on n’a pas d’interlocuteur… Quand les choses sont-souvent faites sans nous,…il ne reste que la critique ». Tel est l’appel que lancent les handicapés aux pouvoirs publics, par l’entremise de Mme Attika El- Mamri et Hacène Boufekroune, respectivement présidente et vice-président de la Fédération des associations des handicapés moteurs (FAHM) lors de la conférence qu’ils ont animée, hier, à la salle des conférences de la maison de la presse Tahar-Djaout. Aussi, en guise de moyens de sensibilisation, une exposition de caricatures a été tenue. Pour Mme El-Mamri, la caricature est un mode d’expression « humoristique » et, de par son impact, est « titillant ».  » On aimerait bousculer, titiller les choses…c’est plus interrogateur. La lecture d’une caricature incite à la réflexion, elle est plus parlante « , ajoutera-t-elle. En faisant le tour de la condition et des préoccupations de cette frange de la population face aux journalistes, la représentante de la FAHM n’a pas caché son insatisfaction et son mécontentement quant à la prise en charge de leurs doléances, même si elle avoue que des choses se font, mais d’une manière unilatérale.

La fédération qu’elle préside met l’accent sur 21 articles de la convention internationale qui, selon elle, sont prioritaires mais sont malmenés dans notre pays. Par ailleurs, elle souligne la nécessité, au préalable, d’une approche globale du handicap pour saisir les détails, donc les problèmes quotidiens de chaque catégorie et apporter les solutions idoines, qui allégeront un tant soit peu la marginalisation due à la perte de l’estime de soi. Evoquant l’allocation de 4 000 DA accordée aux handicapés par le ministère de la Solidarité nationale qui, selon elle, est effective depuis une année, la conférencière soulignera la nécessité de sa révision en fonction des besoins qui, eux, varient selon la catégorie du handicapés. « Pour la percevoir, il y a trop de démarches.

C’est souvent un parcours du combattant… », dira-t-elle. Soulignant la nécessité d’un travail de sensibilisation, la FAHM compte aborder la nouvelle année 2009 sous le slogan  » Devenir visible « .  » Devenir visible, c’est exister « , précisera Mme El Mahri…Pour cela des actions seront envisagées sur le terrain. Dans le même sillage, un travail est entamé par la Fédération, à travers les 65 associations qu’elle compte. Le travail consiste à la formation des associations sur la base d’une approche des droits de l’homme d’une manière générale et, ceux des handicapés d’une manière spécifique. Un travail du genre a été réalisé dans certaines wilayas (Béchar, Jijel, Médéa, Constantine et Alger). Il a enregistré des résultats probants, selon la présidente de la fédération qui a inscrit Ghardaïa dans son agenda. En outre, ce programme auquel sont associés différents ministères, donc organismes (ANSEJ, ANGEM,…) sera axé sur les formations de base qui consistent à l’écriture, au suivi, et à rendre compte des projets qui seront lancés.

Parmi les objectifs de la Fédération figurent l’autonomie des associations, l’aboutissement du travail initié en collaboration avec le ministère de la Solidarité nationale qui aboutira à la prise en charge des propositions formulées, entre autres l’intégration dans les cahiers des charges des normes d’accessibilité aux handicapés. Aussi, après la signature, en mars 2007, de la convention internationale relative aux droits des personnes handicapés, il est attendu son entérinement par l’Algérie. Par ailleurs, une activité sportive est prévue par la fédération à Hydra (une course de l’APC à la placette). En somme, beaucoup reste à faire pour arriver à une prise en charge efficiente des personnes handicapées, bien que les conventions et les chartes internationales soient signées et ratifies. Seule une stratégie nationale claire visant la prise en charges des différentes catégories des handicapés, chacune selon ses besoins spécifiques et par un suivi effectif sur le terrain, permettra une insertion et une intégration sociale à cette frange de la société… Les unités de production de balais, de brosse ne sont que souvenirs passés….Quant aux bacheliers handicapés, ils ne sont que 12…..C’est dire que cette frange souffre de l’absence tellement d’auxiliaires d’accompagnement pour vivre décemment et en recouvrant tous les droits consacrés par la charte des droits de l’homme.

Ahmed Kessi

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