Ingratitude fraternelle

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(2e partie)

Le rugissement servait de cri de ralliement à toute la faune de la forêt.Une fois tous les animaux réunis, le lion prit la parole. Après lui, ce furent les autres animaux qui parlèrent à tour de rôle.A un moment donné, la fille s’adressa à sa mère :-Maman, j’ai envie de faire pipi.-Allons ma fille, retiens-toi, tu vois bien que tu ne peux pas faire pipi sans que nous soyons découvertes.-Je ne peux pas maman, je suis à bout, je vais craquer».Cherchant le moyen de trouver une solution, la mère dit à sa fille :-Urine moi dans les oreilles».La fille obéit, mais une malencontreuse goutte tomba sur le museau du lion. Secouant sa crinière, ce dernier dit :-Eloigne-toi chacal des frondaisons touffues de cet arbre et vois s’il pleut» :Ayant jeté un bref coup d’œil, le chacal revint et dit au roi des animaux :-Le ciel est serein comme les pupilles de mes yeux». Pour en avoir le cœur net, le lion désigna l’éléphant pour voir. Revenant, ce dernier dit :-Ô roi, le ciel est aussi sec que ma trompe.-Dans ce cas, mes sujets, le chêne-liège sous lequel nous nous trouvons est habité, et des oreilles indiscrètes ont entendu nos propos. Monte fourmi pour voir de quoi il retourne !»Gravissant l’écorce de l’arbre, la fourmi atteignit la jambe de la mère. La sentant sur sa chair, la femme l’écrasa.La fourmi broyée retomba sur le museau du lion. Celui-ci dit alors : -Il n’y a plus de doute! Cet arbre est habité! monte, serpent, et débarrasse-moi de ces intrus!»En sifflant, le serpent gravit le chêne-liège en se tortillant sur l’écorce. Touchant la jambe de la malheureuse mère, le serpent la mordit. Aussitôt, elle s’affala sur le sol, inanimée, pareille à une souche. Tous les animaux firent cercle autour d’elle ; les carnassiers étaient prêts à la curée.Une hase (Thaout hoult) s’éloigna du groupe et demanda au lion :-Comme je ne suis pas carnivore, je voudrais avoir la permission de prendre le bébé qui se trouve dans les entrailles de cette femme, ainsi que tous les os à moëlle qui s’y trouvent».Le lion hocha la tête en signe d’approbation, S’adressant alors aux autres animaux, il dit :-Vous allez trouver à l’intérieur du ventre de cette femme, un bébé, malheur au premier d’entre vous qui osera le toucher. Il sera la part de la hase!»Quand l’aube commença à poindre, tous les animaux regagnèrent leurs tanières. Au pied de l’arbre et au milieu des ossements, il ne restait plus que la hase dorlotant la pauvre petite créature trouvée dans les entrailles de la femme. Se doutant de la présence de la fille toujours perchée sur l’arbre, la hase lui dit :-Descends de ton perchoir, pauvre malheureuse, viens prendre possession de ton frère!-Je ne descendrai pas, j’ai peur de subir le même sort que ma mère.-Descends, et ne crains rien.-Je ne descendrai qu’à la condition que tu me promettes de ne pas me faire le moindre mal.-Descends, je jure, de ne te faire aucun mal».Rassurée la fille descendit de l’arbre. Lui remettant son frère, la hase lui dit :-Prends tous ces ossements, quand ton frère manifestera son besoin de manger, tu lui casseras un de ces os, et tu lui donneras la moëlle. Quand il n’y aura plus d’os. Partout où tu passeras, tu demanderas à aider les femmes, dans tous leurs travaux. Celles-ci, en échange, donneront à téter à ton frère».

Benrejdal Lounès (A suivre)

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