Avec sa classe habituelle et son franc parler qui lui a valu bien souvent des déboires, l’ancienne vedette du mémorable Mondial-82, qui a répondu à l’appel du coeur de l’équipe nationale mais qui a été poussé à la sortie à trois reprises sans raison apparente, avait un air triste et une mine défaite en parlant du sport roi national qui a été trainé dans la boue par ceux-là mêmes qui devaient le promouvoir.Il déclarera d’emblée que son intervention portera seulement sur l’équipe nationale puisque « chaque club a un président pour le défendre », et tirera la sonnette d’alarme sur le très bas niveau qu’a atteint notre football et insistera sur la dernière sortie de l’EN de son élimination de la coupe d’Afrique. «Un affront que n’a pas subi l’Algérie depuis un demi-siècle », dira-t-il et se demandera en ce sens pourquoi les responsables algériens emmènent l’équipe nationale pour jouer ses matchs amicaux à l’étranger. Une question à laquelle il répondra en ces termes « La FAF est tout simplement en train de fuir et le public et les stades algériens».Au-delà de l’état des lieux connu par tous les Algériens, Rabah Madjer procédera à l’analyse des facteurs qui ont entraîné la crise et affirmera que « l’incompétence de nos dirigeants qui ont géré d’une manière catastrophique notre football et l’instabilité du staff technique et administratif de l’EN qui sont limogés à chaque fois qu’il y a échec pour taire les responsabilités des uns et des autres et cacher un mal profond qui ronge notre football de l’intérieur».Une instabilité marquée par le passage à la tête de l’EN de cinq sélectionneurs dont deux Belges et Madjer qui, au moment où on a commencé à percevoir les prémices de la naissance d’une grande équipe, l’entraîneur national est « évincé » avec tout son staff. A propos de cette décision qui a porté un coup dur au football algérien, Madjer dira qu’ « il dérangeait certains responsables à la FAF qui ne voulaient que casser notre football en cassant toute l’ossature qu’on a essayé d’édifier ensemble et l’espoir qu’on a commencé à entretenir avec notre public » Pour redorer le blason du football algérien et sauver son image de marque ternie par les échecs répétés depuis une dizaine d’années, Rabah Madjer n’ira pas avec le dos de la cuillère pour inviter les responsables de la Fédération algérienne de football (FAF) et à leur tête, son président Raouraoua, qui a déjà déclaré qu’il ne se présentera pas pour un nouveau mandat, de « partir avant la fin du mandat actuel en novembre prochain» et de « présenter leur démission maintenant car on a perdu assez de temps déjà pour attendre encore quatre mois et voir de nouvelles compétences prendre en charge l’avenir de notre football ».Questionné sur son avenir à lui dans le football national et s’il a l’intention de revenir à la tête de l’équipe nationale, il répondra que le plus important à l’heure actuelle est d’« imposer les changements nécessaires qui permettront à notre football de voir le bout du tunnel ».
H. Hayet