Les sans-abri à Tizi Ouzou face aux rigueurs de l’hiver

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Les conditions climatiques hivernales leur rendent simplement la vie dure. C’est en fait lors de cette période des grands froids que nombre de S.D.F. périssent suite justement au froid glacial. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans que l’on fasse état du décès de ces pauvres malheureux, ça et là à travers le monde. En Algérie et malgré les efforts fournis pour éviter le pire à ces personnes, le danger reste réel et la wilaya de Tizi Ouzou n’est pas en reste. La capitale du Djudjura compte en effet un nombre, loin d’être insignifiant, des sans domicile fixe, proprement dit. Ceux-ci passent leurs nuits à la belle étoile, une étoile qui est souvent voilée pendant l’hiver. Ajoutez à cela, les mendiants qui n’ont rien à voir avec les sans-abri mais qui pullulent dans les rues de Tizi. La différence entre les S.D.F. et ces mendiants reste en fait de taille puisque ces derniers trouvent au moins un coin où se réfugier à la tombée de la nuit, contrairement à la première catégorie qui n’a d’autre choix que de rester exposés au froid de jour comme de nuit.

Les enfants, ces exploités

Les mendiants décorent, eux aussi, la ville par des images frappantes. Qui peut rester insensible à la vue de ces enfants en bas âge, misérablement habillés et tendant la main ? Avouons que c’est saisissant! “Je ne crois pas que cette femme soit la mère de cet enfant qu’elle tient dans ses bras car une mère ne peut pas exposer ainsi son fils au froid…” nous dira un jeune à la vue de l’une de ces mendiantes qui tenait un enfant âgé d’à peine 4 ans à la main. De telles scènes sont visibles à chaque coin de rue dans la ville des Genêts. Certaines femmes, drapées d’un amas de linge bercent même des bébés de quelques mois, pour certains, ces pratiques ne sont en vérité que des manœuvres afin d’attirer plus de clientèle pour amasser le plus d’argent possible. “On amène ces enfants pour un seul but : gagner plus d’argent”, dira un autre jeune homme. Plus d’un estime que la mendicité est devenue une véritable profession qui a “évolué” avec le temps, les enfants sont exploités par des adultes. Cela relève en effet de l’exploitation pure et simple, même s’il s’agit des propres enfants de ces mendiantes. Quelle infamie ont-ils commis pour que ces dizaines d’enfants grandissent dans la rue ? Si ces derniers ne sont pas la progéniture de ces mendiants, d’où viennent-ils alors? où passent-ils leur nuits ? Un tas de questions qui restent posées malgré nos tentatives de les élucider. Quoiqu’il en soit, le fait de les entraîner dans la rue à cet âge reste en soi condamnable, c’est un crime qu’on peut assimiler à la violation de droit de l’enfant. En effet, l’Etat doit lever le petit doigt pour leur rendre le sourire, sinon ils seront condamnés à vivre comme ils en pris l’habitude de le faire une fois devenu adulte. En tout cas, actuellement, leurs petits corps sont à chaque fois explosés au froid et à la pluie, au su et au vu de tout le monde. Chagriné, le passant ne peut que “souffrir” de douleur et leur balancer une pièce, une pièce qui fera le bonheur de leur accompagnateur. Il est certain en fait que la recette du jour de ces mendiants professionnels a grimpé avec l’apport de ces enfants qui font ainsi l’affaire de ces derniers. Il faut avouer en outre, que parmi ces mendiants, il existe ceux qui se retrouve dans cette situation à vivre un drame quotidien en mendiant par la force des choses. “Je connais certains qui sont là parce qu’ils ne peuvent faire autre chose que cela. Ce sont des handicapés, des misérables…” souligne un jeune Tizi-Ouzéen. “Les mendiants sincères” sont devenus plus misérables, “concurrencés” par ceux qui utilisent “les manières fortes” pour agacer les âmes sensibles. Ils ne gagnent plus comme avant. En fait, on n’arrive plus à distinguer le “vrai” mendiant du “faux” à Tizi Ouzou. Les âmes charitables, aussi nombreuses soient-elles à Tizi préfèrent faire la sourde-oreille aux doléances de ces pauvres, ou de ces mendiants. A vrai dire, de nos jours, un mendiant ne signifie pas forcément un pauvre.

Le calvaire des S.D.F.

On disait donc que Tizi Ouzou compte un nombre important de sans domicile fixe, l’année dernière on a recensé plus exactement 37 cas rien que dans la ville de Tizi. Ceux-ci passent leurs nuits dehors, dans des jardins publics, dans des cages d’escaliers ou autres. Selon nos informations plus de 90% de ces S.D.F. sont de sexe masculin à l’image de Aami Moh qui squatte un jardin à la sortie est de la ville des Genêts. Il y a de tout âges parmi ces sans-abri, la particularité des S.D.F. de Tizi Ouzou c’est que ceux-ci refusent d’être placés dans un centre d’accueil. C’est ce que nous a affirmé, en tous cas, le président du comité local du Croissant-Rouge, M. Bouaziz “nous avons beau tenté de les convaincre de les prendre en charge au niveau du Centre des personnes âgées de Boukhalfa mais en vain. Ils préfèrent rester dans la rue…” nous dit ce dernier qui donne en exemple une femme S.D.F. qui se trouvant à proximité du cimetière El Atik et qui refuse cette année encore la proposition du C-RA. Le comble c’est que celle-ci âgée d’une cinquantaine d’années environ a sous sa responsabilité un enfant de quatre ans. En guise de soutien et afin d’atténuer un tant soit peu les souffrances de Aami Mouh et de ses semblables, le même Croissant-Rouge leur distribue chaque année des couvertures et des repas chauds. “Nous démarrerons l’opération dès le 20 décembre”, a soutenu M. Bouaziz qui a salué, au passage l’aide des bienfaiteurs publics et privés de la région. “Avant de lancer l’opération, on procédera d’abord au recensement de S.D.F. à travers toute la ville de Tizi Ouzou” dira-t-il encore. Autrement dit, ceux-ci ne sont pas encore recensés pour pouvoir avoir un chiffre exact. En tous cas, le nombre reste élevé. Les sans-abri mènent une vie dure, une vie qui sera plus dure encore avec la vague de froid qui sévit ces quelques derniers jours à Tizi Ouzou.

Les pouvoirs publics doivent avoir une pensée pour eux.

M. O. B.

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