Des prévisions pour une récolte exceptionnelle de 5 millions de litres

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Tous ces espaces sont caractérisés par la pratique de la céréaliculture, de l’arboriculture sans oublier l’oléiculture. Une culture qui occupe les premières places du développement local en général et du secteur de l’agriculture en particulier.

La wilaya de Bouira est connue pour sa production d’huile d’olive. C’est la deuxième récolte agricole après celle des céréales. Elle est d’une importance indéniable. La superficie totale affectée à cette production est de l’ordre de 21 650 hectares où sont plantés pas moins de 17 500 oliviers en production. La moyenne des oliviers par hectare reste de l’ordre de 100 oliviers d’où un total de 2 156 000 oliviers sur l’ensemble du territoire de la wilaya de Bouira. Reste à l’implantation de cette catégorie de récolte agricole, là, les zones réputées en la matière, restent celles du nord de la wilaya au niveau des régions montagneuses, qui prennent naissance à partir du fin fond de la wilaya ; à l’est, à savoir la commune d’Aghbalou jusqu’aux limites de la commune de Lakhdaria sur le front nord-ouest. En termes d’occupation de la SAU (Surface utile agricole), cette nature de production, en l’occurrence l’oléiculture, occupe, mine de rien, 11% de sa surface globale. Cette large superficie permet la culture de nombreuses variétés d’olives même si en réalité la région est connue pour une mono-variété qui domine et qu’on appelle communément “achemllal”.

Cette qualité de production nécessite selon des spécialistes du secteur un travail continu et un entretien sans faille. Cette persévérance et assiduité dans l’entretien du l’olivier affectent directement la production côté rendement. Bon an mal an, la moyenne du rendement à l’hectare au niveau de la wilaya de Bouira reste de 15 quintaux/ha et chaque quintal d’olives brut est producteur de 18 litres en moyenne, il en sera de même pour cette année. C’est dans cette vision de calcul que la projection d’une production record est attendue, pour cette année.

Les services de la DSA attendent pas moins de 5 millions de litres d’huile ! C’est une grande récolte pour la wilaya pour laquelle la campagne a été entamée depuis quelques jours même de façon partielle. Une campagne qui a nécessité une préparation studieuse, dans l’agenda des partenaires qui doivent se mettent à l’œuvre les huileries restent les premiers partenaires de la DSA concernée à se préparer pour la circonstance. Les propriétaires se sont donné tout le temps pour concrétiser l’opération dans les délais et ce, depuis la mi-septembre. Un travail qui a consisté en l’entretien de leurs équipements en les préparant à la réception de prochaines récoltes et productions. C’est aussi dans l’optique d’être opérationnels au moment opportun.

Les prévisions seront assez importantes. C’est une récolte qui est très attendue par l’agriculteur depuis fort longtemps.

“Ces huileries se sont bien préparées en conséquence pour recevoir pas moins de 270 575 quintaux d’olives qui seront ramassées d’où une récolte globale de l’ordre de 5 millions de litres d’huile soit une moyenne de 18 litres par quintal d’olives”, avait déclaré le chargé de la production au niveau de la DSA M’hand Mekeroueche. Il faut rappeler que la filière a vu depuis cinq ans un passage à vide à cause des chutes de neige en février 2005 lui causant de nombreux dégâts. À l’époque, les températures enregistrées frôlaient le pic des 16 degrés au-dessous de zéro.

Les conséquences enregistrées sur la filière portaient l’improductivité de nombreux espaces d’oléiculture. La guérison a nécessité du temps, soit 3 années au minimum. La récupération s’est faite graduellement jusqu’à l’exercice en cours, à savoir 2008. Selon les mêmes responsables, « Sa guérison s’est presque totalement achevée d’où nos prévisions qui augurent une récolte exceptionnelle”, ont-ils confirmé.

Le rôle pédagogique de la Chambre d’agriculture

La mission principale de cette structure reste le renforcement et la réhabilitation du secteur agricole dans l’optique de professionnaliser les différentes filières qui le composent dont l’oléiculture reste l’une des plus urgentes à concrétiser. Outre la mission de sensibilisation au profit des agriculteurs inhérents à l’apprentissage des techniques nouvelles dans le secteur, permettant de faire croître leurs rendements et la qualité de leur production en passant par la participation à la concrétisation des projets proposés et mûris par les professionnels du secteur. La Chambre d’agriculture de la wilaya de Bouira a créé 6 filières dont celui de l’oléiculture.

Une création qui remonte à 1993. La filière regroupe actuellement 3 000 adhérents oléiculteurs. Ils exploitent 1 700 000 oliviers. La région la plus connue pour être une zone de production de l’huile d’olive reste le versant nord de Djurdjura qui prend naissance de Guerrouma via Maâla vers Lakhdaria pour prendre sa chute vers les plaines de M’chedallah.

Depuis quelques années, la Chambre suit la mise en place d’un nouveau programme qui entre dans le cadre du FNRDA et touchera les régions sud de la wilaya en l’occurrence Bordj Khris, Aïn Bessem, Hachimia, Souk El Khmiss et Djabahia.

Les créations du “Chok”, Coopérative de l’huile d’olive kabyle

La réflexion sur une organisation sous forme de coopérative a commencé en 2004. La réflexion s’est concrétisée quatre années plus tard. Soit en octobre 2008.

C’est une création qui a vu le jour grâce à l’aide des services du ministère de l’Agriculture et la participation des services de l’Union européenne, le MEDA 2. Les objectifs de cette coopérative restent en premier lieu inhérents à l’organisation de la filière oléiculture en vue de produire une huile de haute qualité au standing et normes internationaux.

Une huile au goût et saveur irréprochables. Une acidité réduite au plus bas taux. Un marketing bien mené pour son écoulement sur le marché international. Rien ne sera laissé en hasard. La concurrence est telle que même l’emballage fera l’objet de réflexion, dissertation et décisions au sein de la coopérative. Le marché mondial “n’est pas facile à pénétrer, autant mettre tous les atouts de notre côté”, souligne le président de la coopérative à notre encontre. Même si l’huile algérienne reste de très bonne qualité sur les deux rives de la Méditerranée. D’un autre côté, et en raison de nombreuses requêtes déposées, portant sur les nocivités environnementales que provoquent et créent les huileries en période hivernale, ladite coopérative se penchera dessus et apportera sa contribution pour la protection de la nature sous différentes formes.

Ici la première réflexion se portera sur la récupération du grignon qui servira soit pour l’engraissement du bétail soit comme un composte pour l’agriculture en général et pour l’olivier en particulier. Pour le moment, le nombre d’agriculteurs oléiculteurs qui composent la coopérative et dans la majorité sont des propriétaires d’huileries est de 14. Le capital a été constitué, il reste l’activité sur le terrain.

La feuille de route de leur programme est déjà prête à être concrétisée et la première expérience de cette entité pour cette année porte sur le démarrage précoce de la campagne oléicole soit au courant du mois de novembre. Contrairement à ce qui fut par le passé.

L’opération consiste à cueillir les récoltes encore de couleur bleuâtre dans l’optique de produire une huile de très bonne qualité. À l’inverse des idées reçues et des pratiques antérieures qui interdisaient la récolte de l’olive en cette période précoce par crainte des risques et périls pour les agriculteurs. Les spécialistes rétorquent par la négative “au contraire la bonne huile est produite à partir des olives récoltées de couleur bleuâtres à tendance blanche” et non pas jusqu’à avoir une olive noirâtre. La réalité du débat que les anciennes générations d’oléiculteurs ne pouvaient occulter reste du domaine du rendement de l’huile au quintal.

Effectivement sur ce plan, il vaut mieux retarder la récolte et commencer la cueillette le plus tard que possible. Sinon pour la qualité de l’huile, les expériences qui se pratiquent à travers le monde sont suffisantes pour convaincre que la meilleure qualité commence par la récolte au mois de novembre. Pour cette opération unique, le début de l’opération commence à partir de l’emballage. Désormais, ce ne seront plus les sacs mais des cagettes de 20 kg qui seront mises à la disposition des oléiculteurs qui travailleront pour le compte de la coopérative. C’est ainsi qu’un partage de 200 unités a été effectué au profit de chaque agriculteur. La professionnalisation de l’opération ne s’arrêtera pas en si bon chemin mais s’étendra même à la seconde phase, à savoir la trituration. Une innovation cette année : la trituration se fera le jour même de la cueillette et ne dépassera pas, du moins, une journée après sa récolte. De là il est prévu que cette nouvelle procédure permettra de réduire sensiblement le taux d’acidité dont certains pays importateurs ne cessent de taxer les huiles des pays producteurs de ce produit agricole à taux d’acidité encore en dessus des normes internationales. Quant aux récalcitrants, cette technique est d’usage à travers le monde. Alors il n’y a pas de raisons qu’on ne fasse pas de même en Algérie.

L’huilerie, un partenaire incontournable pour une huile labellisée

Toutes les régions sont dotées d’huileries même si certaines d’entre elles sont bien dotées que d’autres.

La région se prépare mieux avant les campagnes. Tous les propriétaires sont conscients que cette année sera certainement exceptionnelle en matière de rendement et de production. La production est perceptible au regard de la quantité d’olives sur une quelconque branche d’un olivier.

“Les “grappes” sont en condensé”; c’est la mesure traditionnelle des paysans pour déclarer une bonne récolte. Une crainte cependant a pris naissance en leur sein, elle porte sur le prix d’achat de l’olive dans son état brut et naturel. La préoccupation est juste, car du marché de ce produit brut que dépendra le marché du détail et par voie de conséquence le prix du litre de l’huile pour le commun des mortels.

L’origine de la crainte aurait “comme source la ruée des acheteurs des autres régions limitrophes en manque de production vers notre région, comme ce fut le cas l’année passée, ce procédé ne peut buter que sur la hausse des prix de vente des propriétaires…”, avait commenté un des propriétaires…

La wilaya de Bouira, à titre de rappel, possède au dernier recensement pas moins de 191 huileries réparties entre les huileries modernes ou chaînes continues en nombre de 58 unités, puis celles appelées communément les semi-automatiques en nombre de 58 et enfin les huileries traditionnelles qui contre vents et marées résistent au développement.

Leur nombre s’élève à 75. La région de M’chedallah accapare la part du lion avec un tiers des huiles opérationnelles.

L’occasion a été offerte aux propriétaires de revenir sur les ultimes aides et subventions apportées par les pouvoirs publics aux secteurs. Les propriétaires ont révélé que des erreurs existent en matière puisque les aides avaient apparemment fait bénéficier même les huileries traditionnelles.

Ces dernières font encore usage des “sacs” pour triturations.

C’est une opération qui leur semble “anormale” car la subvention est en principe accordée à un équipement neuf et non pas au profit d’un matériel déjà amorti au niveau des pays d’importation, en particulier en Europe, lequel fut vendu pour nos agriculteurs en qualité de matériel neuf.

Le matériel rénové nécessite une réflexion sur l’aval ou le refus des aides des pouvoirs publics. Quant au nouveau programme d’aide qui consiste en la mise en place du nouveau dispositif en l’occurrence, le “RFIG”, les propriétaires des huileries ont soulevé le problème rencontré par certains d’entre eux qui consiste au refus des banques d’accorder des crédits de campagne lorsque ces derniers en sont créditeurs envers ces derniers du fait des crédits contractés auparavant et non encore soldés.

Mais aux dernières nouvelles, il s’avère que ces propriétaires d’huileries ouvrent droit à ce genre de crédit pour l’achat des filets, des cageots et même de l’olive brute. Si certaines agences rechignent à accorder ce genre de crédits les procédures de recours auprès des succursales restent réglementaires pour le déblocage des opérations de ces aides financières conjoncturelles avant d’accuser un retard sur la campagne.

Le soutien des pouvoirs publics plus qu’indispensable

Les programmes et actions initiés par les pouvoirs publics sont nombreux et multiples. Ils sont réalisés dans le cadre du FNDRA depuis l’an 2000 jusqu’à 2008. Les pouvoirs publics ont apporté leur soutien par des aides sous différentes formes au profit du secteur en général et pour l’ensemble de ses segments dont la filière de l’oléiculture en particulier.

Ainsi, suivant les statistiques arrêtées au 31 décembre 2007, le secteur de l’agriculture de la wilaya de Bouira a bénéficié de ses différents fonds d’un montant global de 364 980 000 DA pour réaliser de multiples actions. Pour ce faire, les services agricoles ont pensé à l’extension de la filière par la création de nouvelles plantations. Un programme qui s’est étalé dans le temps et l’action et qui s’est soldé par de nouvelles plantations sur une superficie évaluée à 3 261 hectares.

Les plantations avaient touché aussi bien les lieux isolés où furent plantés quelque 8 900 arbres avec un soutien financier étatique de l’ordre de 9 632 000 DA que les lieux dits “plantations en dentification” pour un nombre de 16 250 arbres ayant nécessité un soutien de

19 805 800DA.

L’entretien des oliviers, qui reste fort recommandé pour ce segment de l’agriculture, a lui aussi bénéficié de ce soutien en particulier pour la taille, une opération concrétisée au profit de pas moins de 145 190 arbres avec une aide de 415 500 DA au moment où le greffage s’est vu confié une aide d’une somme de 235 776 150 DA au profit de 314 145 autres unités de plants d’oliviers.

L’entretien s’est poursuivi par une autre opération additive qui consiste en la confection de cuvette. Sur ce volet, pas mois de 766 606 cuvettes ont été réalisées par les agriculteurs.

Les pouvoirs publics ont déboursé sous forme de soutien un montant de 502 365 000 DA.

Les différents fonds de l’agriculture en particulier le FNDRA n’ont pas laissé-pour-compte de volet des équipements agricoles qui restent fortement demandés par des derniers…

Ainsi pour la même période, à savoir de 2002 jusqu’à 2007, en matière d’équipement, le fonds a apporté son soutien à travers

325 000 000 DA ayant permis l’acquisition de 32 huileries modernes ou communément appelées “chaînes continues”.

Le restant des fonds alloués à titre de subventions est de différentes formes auxquelles les pouvoirs publics ont apporté leurs apport et soutien pour un montant de 27 millions de dinars.

Même si toutes les actions de ces vastes programmes méritent respect, cependant il a été constaté toujours pour cette filière certaines lacunes pour lesquelles les services concernés doivent doubler d’efforts pour les combler. Ces efforts demandés seront inhérents à la mise en place d’une industrie de transformation agricole.

Il est désolant de ne pas trouver des usines à l’image de celles qui activent dans le segment des mises en bouteille de ce précieux produit. Quelques particuliers ont essayé cette expérience mais malheureusement sans grande envergure, ni grande ambition, ni même voir certaines huileries procéder à son exportation.

Heureusement que cette année il est fait réflexion dans le domaine par la coopérative “choc”, mais pour le moment rien n’a filtré sur ses capacités pour conquérir le marché international. Seul l’avenir nous le dira…

Enfin, les années passent et se ressemblent en matière des prix, abstraction faite de la récolte effectuée, maigre ou exceptionnelle soit-elle ; le prix de l’huile reste toujours onéreux pour la moyenne des bourses des citoyens. Un litre d’huile d’olive a frôlé les 400 DA l’année passée.

L’oléiculture reste une activité agricole de grande importance socio-économique pour une grande partie de la population, en particulier les populations rurales et montagnardes. Elle reste une source de revenus pour un nombre d’entre elles. Plusieurs familles procèdent à la vente d’une grande partie de leur récolte pendant la campagne de cueillette sous forme d’olives brutes sinon en second-phase comme produit fini, à savoir de l’huile d’olive. Nombreuses sont celles qui attendent cette culture impatiemment.

Le volet économique ne se résumera pas à une garantie d’une recette financière pour ces familles, mais aussi il apparaît au niveau des créations d’emplois même saisonniers que génère ce segment à tous les niveaux.

De sa phase de ramassage en passant par son transport pour en atterrir à sa vente. Un segment que les pouvoirs peuvent aisément exploiter pour le mettre en valeur et par conséquent en tirer profit à plusieurs niveaux. Une activité avec beaucoup de secret en son sein dont seuls les professionnels ont gardé les ficelles.

Elle occupe une place prépondérante dans la vie quotidienne de tous les oléiculteurs et autres agriculteurs épris de l’amour du travail de la terre agricole.

Pour récompenser tous les efforts déployés par leurs soins, les pouvoirs publics ont pensé à organiser une manifestation qui les réunirait une fois par an où seront exposés tous les produits de l’activité sous toutes ses facettes. Cette manifestation est une fête que les services de la DSA de Bouira pensent organiser mieux que les précédentes éditions à Raffour dans la daïra de M’chedallah dès la fin de la campagne au courant du mois de février 2009. Elle portera bien sûr le nom de la “Fête de l’olive”.

Farid Kaci

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