En sillonnant le réseau routier national et en regardant attentivement vers le bas-côté de la chaussée, on pourrait aisément croire que les automobilistes ont un taux d’alcoolémie supérieur à la moyenne et que très peu de personnes demeurent à jeun. En effet, les dépôts de boissons alcoolisés ne tolérant pas que leurs clients consomment sur place, et étant donné que les bars, souvent mal famés, pratiquent des tarifs jugés excessifs, ce sont donc les lieux isolés, en pleine nature, qui servent de “bars’’.
Parmi tous ces endroits calmes, les routes nationales sont de fait les plus prisées. La RN 15 reliant Aghbalou à Aïn El Hamam est une illustration parfaite de ce comportement, notamment en cette période hivernale où ce tronçon de route est obstrué par la neige au niveau du col de Tirourda. Il n’est pas rare de trouver plusieurs véhicules garés en contrebas de la chaussée, avec des coffres remplis de différentes bouteilles qui sont proposées à la vente. Les clients n’hésitent pas à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour soulager leur soif à moindre prix. Ils viennent aussi bien de Tazmalt (W de Béjaïa), ou de Chorfa pour se rafraîchir le gosier, en oubliant qu’ils repartent en laissant derrière eux des immondices qui mettront plusieurs années avant de se décomposer dans la nature.
Les ‘’cadavres’’ de bouteilles et de canettes ainsi laissés sur place jurent avec le paysage qu’offre la montagne en cette saison. D’autant plus que cette route traverse de part en part le Parc national du Djurdjura, un patrimoine chaque jour de plus en plus pollué ce qui s’avère être une menace de plus pour le fragile écosystème régnant en ces lieux. Pourtant le verre et l’aluminium avec lesquels sont fabriqué ces emballages dits ‘’ perdus’’ gagneraient à être recyclés. Les APC disposant de camions et de chômeurs peuvent organiser de vastes opérations de nettoyage en direction de ces sites tout en engrangeant un gain non négligeable.
Hafidh B.
