Ces damnés du temps

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Il s’agit d’une frange sociale que la vie n’a pas choyée, victime d’une société pourrie de contradictions et de paradoxes, qui ne rate pas le coche pour rappeler à autrui les principes de la communauté musulmane à savoir la tolérance, la fraternité, la solidarité, la bonté. Insensible au désarroi et à la détresse des autres, on se complaît dans des slogans creux, artificiels, ridicules, répétés à chaque période électorale, à chaque occasion religieuse notamment dans la “khotba”, prêche, du vendredi, mais en réalité ces paroles hypocrites ne servent jamais de nourriture, ni de toit à ces miséreux dont le nombre augmente de plus en plus. En effet, ils sont des dizaines de tous âges à vagabonder à longueur de journée, enroulés dans leurs couvertures qui, elles-mêmes, ont subi les affres du temps.

Pour eux, le regard des autres est telle l’épée de Damoclès, suspendue à la “pupille’’ accusatrice.

C’est cette façon de voir des “autres’’ qui a fait réagir K. N, SDF aguerri “C’est vrai que le froid du temps nous traverse la peau et nous fait mal mais, le regard des autres nous fait souffrir. Il nous transperce le cœur. Pourtant, ajoute-t-il, la seule différence qui nous sépare est qu’eux possèdent un domicile et nous pas’’. L’accusé est-il fou ? sa réponse nette et sans bavure plaide en tout cas pour son sens raisonné et objectif.

Ils sont nombreux à être dans une situation analogue. Mais personne n’invoque “son’’ malheur. Un malheur qui s’accentue à l’approche de l’hiver. Sans gîte, ils sont livrés à eux-mêmes et exposés aux affres du temps.

La pluie, la neige et le froid deviennent alors leurs autres cauchemars.

Plutôt mal que bien, ils se débrouillent pour échapper à la dureté du temps et des hommes. Pourtant depuis le début de la période hivernale, les services de la DAS de Bouira organisent quotidiennement des patrouilles à la recherche de ces SDF. Ces derniers cependant évitent soigneusement de se faire remarquer en changeant chaque jour d’endroit. A défaut de vivre, ils vivotent.

B.B.

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