Aucune activité culturelle et artistique n’est restée en veilleuse l’année 2008 en Kabylie. Ainsi, la Kabylie a retrouvé son animation d’antan. Musique, chants, théâtre, célébrations…l’ont marqué. Côté chansons, jamais de mémoire de mélomanes kabyles, la production n’a été aussi abondante, variée et riche que cette année. Tous les styles, notamment le rythmé, ont eu leur part. Ait Hamid, Mourad Guerbas, Mohamed Allaoua, Oujrih, Cheikh Sidi Bémol, Zedek Mouloud, Mourad Zimu, Lani Raveh, Taous Arhab, Hassiba Amrouche…et bien d’autres encore ont été prolifiques cette année. Cette année a vu aussi de grands artistes renouer avec l’activité. Ainsi, le célèbre groupe Les Abranis a organisé une tournée nationale. Lounis Ait Menguellet, Akli Yahiatène…ont animé plusieurs galas. De son côté, le maquisard de la chanson engagé, Ferhat imazighen Imula a produit un album après presque six ans d’absence. Un album où il a mis toute la grandeur de sa musique et la pertinence d’un texte poétique merveilleux.
Mais nous retiendrons, néanmoins, que la chanson kabyle a perdu une icône, Sid Messaoudi qui s’est atteint à Paris. Sur un autre volet, plusieurs manifestations culturelles ont eu lieu en Kabylie. A Vgayet plusieurs régions ont organisé des fêtes liées aux olives et aux figues… A Tizi Ouzou, la poterie, le tapis, les bijoux, le couscous et le théâtre ont été célébrés en plusieurs endroits de la région. Ces fêtes qui ont embelli le quotidien, pas toujour agréables de la région, sont venues à un moment où la région subit de plein fouet une régression épouvantable sur plusieurs plans. Les séquelles du Printemps noir et son lot de révoltes et de deuil n’étaient pas engageantes pour les artistes qui avaient cessé toutes animations durant plus de trois ans. Renouer petit à petit avec l’animation et l’activité culturelle était un besoin que toute la région réclamait, d’autant plus qu’elle s’exprimait à travers ses artistes, qu’ils soient chanteurs, animateurs ou poètes. Ces rencontres artistiques ont permis aussi aux citoyens de la région de briser, un tant soit peu, la monotonie imposée par des conditions de vie difficiles parfois insurmontables. Sur le plan de la création et de la qualité artistique, nonobstant le débat autour de la chanson et les divers avis de part et d’autre, on retient, principalement, que tout comme les artistes, le public a exprimé son opinion. Il s’agit pour ce dernier d’exiger une meilleure qualité de ses artistes. Tout en sachant que la chanson demeure la principale activité artistique de la Kabylie, il n’en demeure pas moins qu’une régression a émaillé son évolution. Au grand dam des amoureux de notre chanson, le bricolage et la chanson commerciale dominent l’activité. Les plus puristes parmi les mélomanes regrettent, amèrement, la disparition des chanteurs-éclaireurs.
Il faut, aussi retenir que Rachid Alliche, un grand militant et écrivain en langue kabyle a tiré sa révérence au cours de l’année. L’auteur de Faffa, et d’Asfel, s’est éteint à l’âge de 55 ans à Alger.
Mohamed Mouloudj
