L’exode rural qui touche de plein fouet la région de Aïn El Hammam est perceptible lorsque vous traversez certains villages de la commune. L’exemple de Taourirt Menguellet est des plus édifiants. En parcourant ses nombreuses ruelles, nous n’y rencontrons que quelques rares habitants alors que le village est réputé comme étant le plus peuplé de toute la région. Un étranger non averti se demanderait si ce village n’est pas abandonné par ses occupants. On y rencontre de temps à autre quelque adulte, rentrant chez lui. Point de bruits, ni de cris d’enfants caractéristiques des cités d’habitations. Le village est déserté par la plupart de ses enfants qui, pour diverses raisons vont s’installer ailleurs. Le nombre de personnes qui ont choisi de vivre ailleurs est de loin supérieur à celui de ceux qui sont restés. De la plateforme de stationnement de voitures jusqu’à l’autre bout du village, en passant par la mosquée, les maisons habitées, en cette période, représentent sans exagération aucune, moins d’un tiers du total. Certaines façadesdont le crépi tombe en lambeaux, nous renseignent sur l’état des pièces à l’intérieur du logement, pratiquement abandonné par ses propriétaires, partis en ville, depuis des années. Ne recevant de visiteurs que durant l’été, beaucoup de maisons tombent en ruines. D’ailleurs, un autre phénomène qui est apparu ces dernières années, contribue à cet exode que certains veulent définitif. En effet, contrairement à leurs ancêtres, les citadins ne viennent plus enterrer leurs proches au cimetière du village, préférant celui de la ville. Une façon, comme une autre de couper toutes les attaches avec le bled. Lors du recensement de la population et de l’habitat, les chiffres ont fait ressortir un grand nombre de logements inoccupés. Malgré cette disponibilité, de nombreuses familles vivent à l’étroit et dans des conditions, frisant l’insalubrité, sans pouvoir prétendre à être logées décemment. Les propriétaires des maisons inhabitées ne consentent à céder leurs maisons, à titre de prêt, que pour une partie de l’année, seulement. Nos émigrés d’ici où d’ailleurs aiment passer l’été chez eux et ne rateraient pour rien au monde quelques jours de détente au bled. Quant aux résidants permanents, ils ne se sont fixés au village que parce qu’ils ont eu la chance de trouver un emploi, dans la commune ou pas très loin. Ce phénomène ira certainement, en s’accentuant vu que la création de l’emploi qui pourrait aider les jeunes à rester au village, est quasi nulle. Bientôt la cité ne sera plus qu’une sorte de centre de vacances que, ceux qui y possèdent “une résidence”, viendront visiter, durant la saison estivale.
A.O.T.