(4e partie)
L’invitant à aller avec lui aux champs, arrivés devant une fosse très profonde, il fit tomber volontairement sa chéchia, aussitôt il fit mine de descendre. Le voyant ainsi sa sœur lui dit :- Laisse-moi descendre à ta place, mon frère.- D’accord, ma sœur, vas-y ! Ramassant la chéchia, elle la lui lança. Voulant gravir les parois de la fosse et n’y parvenant pas, elle sollicita l’aide de son frère mais en vain. Pire encore, afin qu’elle ne remonte jamais, il coupe la corde qui lui avait permis de descendre. Avant de l’abandonner à son triste sort, il lui laissa, une sorte de petit tambour suspendu à une branche, auquel est attachée une petite baguette, qui, au moindre bruissement du feuillage, émettait des sons. A proximité de la fosse, il attacha une chienne au tronc d’un olivier. Avant de s’en aller, il dit à sa sœur :- Si tu entends le tambour bruire, et la chienne aboyer.- Sache que c’est ton frère qui est venu te chercher”.Avant de s’éloigner, il entendit cette imprécation, par sa sœur proférée.- Ak’ifk rebbi assenan d’i roukveth a g’maOur-k’ theksen la t’oba la elâoulamaAla outma-k’ ith djidh d’i lekhla- Que le Dieu au-dessus de nous te donne une épine au genouQue ne peuvent retirer ni savants, ni docteurs !Ton seul remède sera les mains de ta sœur”Quelques jours passèrent, quand tout à coup la malheureuse entendit la chienne aboyer. Le cœur battant, elle se dit : – Mon frère à regretté, il est venu me chercher,- Réjous-toi, cœur endolori !”En fait de frère, il n’y avait personne, la chienne aboyait parce qu’elle était affrayée par le vent, qui faisait bruiter le petit tambour. Pourtant un jour, il advint qu’un cavalier passant par là entendit les aboiements de la chienne. Intrigué, il mit pied à terre afin de voir d’où provenaient les lamentations qu’il entendait, après que la chienne eut cessé pendant quelques instants d’aboyer.Arrivant au bord de la fosse, croyant affaire à un “Djinn” (esprit malfaisant), le cavalier dit tout haut : – Si c’est le diable, qu’il s’éloigne de moi !Si c’est un bon esprit, qu’il se rapproche de moi !”Affable, presque morte d’inanition, la femme trouva cependant la force de dire qu’elle n’était ni diable, ni esprit, qu’elle était une pauvre créature humaine torturée. Rassuré, le cavalier jeta une corde à l’intérieur de la fosse, après l’avoir bien arrimée, il hissa sans grande peine la malheureuse, il la fit monter sur sa monture pour l’emmener chez lui. Avant de quitter les lieux, il détacha la chienne… Après quelques jours de soins, la femme retrouva ses forces, puis raconta sa mésaventure au cavalier. Celui-ci ne sachant comment venir à bout des serpents alla demander conseil à “l’amghar azemni” (vieux sage). Le vieux sage lui dit :- Tu dois égorger un mouton, tu saleras la viande.Tu lui donneras à manger jusqu’à satiété, tu l’attacheras par les pieds à une poutre, la tête en bas, tu mettras sous la bouche un récipient plein d’eau.Tu feras des clapotis dans l’eau. Entendant le bruit, les serpents en proie à une grande soif sortiront un par un.Tu profitera alors pour les décapiter tous”.Muni du conseil, le sauveteur revint chez lui, où il appliqua à la lettre les recommandations du vieux sage. Débarrassée des serpents, la femme était complètement rétablie. Le cavalier l’épousa, et eut une nombreuse progéniture, dont l’aîné s’appelait “Vouid’mim”. En grandissant, les enfants, et surtout l’aîné se posèrent des questions quant aux membres de la famille de leur mère.
Benrejdal Lounès (A suivre)
