Les rites ne diffèrent pas trop d’une région à l’autre à travers la Kabylie où les lieux de culte et les zaouïas sont submergés en la circonstance. A Aïn El Hammam, Azazga, Larbaâ Nath Irathèn, Mekla, Timizart ou encore Tigzirt, Bouzeguène et autres, la célébration de cet évenement religieux, qui coïncide avec 10 mouharem, est grandiosement fêtée. Ce sera également le cas cette année puisque la fête est annoncée un peu partout. Pour les jeunes et les moins jeunes des deux sexes, Achoura est un évenement à ne pas rater.
D’ailleurs, certains n’hésitent pas à faire de longs déplacements afin d’être au rendez-vous. Ils viennent en effet d’Alger, de Boumerdès, d’Oran et des différents endroits du pays pour l’occasion. Il s’agit ici de Kabyles installés ailleurs. Sinon, au niveau local, les villageois, qui n’ont que l’embarras du choix pour marquer l’évènement, font plusieurs kilomètres, parfois à pied, pour perpétuer la tradition. “Je ne ferai l’impasse pour rien au monde sur cette occasion”, nous dira un jeune Tizi-Ouzouèen qui dit avoir déjà en tête “ les lieux de pèlerinage” pour ce mercredi. En fait, Achoura constitue une aubaine de défoulement pour les Kabyles puisque sur place, des troupes traditionnelles d’Idhebalen n’arrêtent pas leurs chants à longueur de journée. Par ailleurs, les visiteurs d’un quelconque M’qam qui reçoivent généralement ce genre d’activité à cette occasion, ne risquent pas de crever de faim ayant a leur dispositions différents plats traditionels et en abondance. En effet, les familles font des dons alimentaires qui seront servis le jour “j”. La fête a été toujours totale.
“Akkal Abarkan” et les autres
Il constitue certainement le lieu le plus prisé lors de Achoura, il s’agit du lieu dit Akkal Abarkan à Beni Douala. Celui-ci reçoit, en effet, à l’occasion, des milliers de visiteurs à tel point que la circulation routière reste bloquée sur plusieurs kilomètres de l’endroit acceuillant la fête. “Il viennent de toutes parts, notre localité est prise d’assaut dès l’aube par des pélerins qui ne ratent jamais cette occasion”, nous dit un citoyen de la localité de Beni Douala ajoutant que les visiteurs ne ratent pas l’occasion pour visiter la tombe de Matoub qui constitue ainsi un autre lieu de pèlerinage pour les étrangers. D’autres sites ont ainsi leur cote dans la célébration de l’évènement tels que Djedi Bahloni dans la région d’Azazga, Sidi Hend Aouanou à Larbâa Nath Irathen, à Aïn El Hammam, c’est leu lieu saint Cheikh Mohamed qui fait le plein, volant ainsi la vedette à Sidi Ali Outalen par exemple, toujours dans la même région.
Il est certain en tout cas, que l’un et l’autre lieux ne désempliront pas demain, tout le monde priera ce mercredi, cela même si tous ceux qu’on a interrogés affirment que la pluie ne les fera pas dissuader d’accomplir leur habituel pélerinage. Un pélerinage qui représente une opportunité pour plus d’un afin de dénicher une âme sœur.
En effet, elles sont innobrables les unions sacrées, autrement dit les ménages qui ont vu le jour grâce à l’Achoura. Celle-ci constitue une occasion de faire de nouvelles connaissances. Il faut reconnaître, toutefois, que l’ autre vertu de cette fête religieuse est actuellement en voie de disparition, puisque les jeunes ont aujourd’hui d’autres espaces pour faire connaissance dans la mesure où en “ ces temps modernes”, la fille kabyle n’est plus condamnée à rester au foyer comme par le passé. Sinon jadis, Taâchourt était une occasion très attendue par les prétendants au mariage.
Les filles mettaient à l’occasion leurs plus belles tenues et les garçons rivalisaient d’adresse pour approcher l’une d’elles après qu’ils l’auront captée. C’était en fait une mission difficile, car la tradition voulait que les gents masculine et féminine restent séparées durant la fête. Un rite qui est maintenu jusqu’au jour d’aujourd’hui. La mixité est toujours interdite en effet dans la célébration.
Achoura, une aubaine pour les enfants
Au-delà de cet aspect festif, l’Achoura est aussi un évènement religieux que les Kabyles savent marquer.
Cela en donnant la zakat notamment, pour les enfants, l’occasion est de faire le tour de leurs villages respectifs afin d’amasser le maximum d’argent posssible qu’ils récoltent chez les adultes qu’ils “harcèlent” avec un refrain connu par tout le monde “ Tamlalt u Bouafif”.
Certains enfants dans les villages qui gardent encore cette autre tradition propre à Tâachourt s’amusent aussi en mettant des masques sur leur visage pour accomplir leur mission du jour.
Tout ce beau monde, enfants, jeunes, adultes, filles et garçons, se retrouvent le soir venu avec leurs familles respectives autour d’un délicieux couscous, comme le dicte aussi la tradition. Soigneusement gardée, la viande du mouton de l’Aïd sera servie à l’occasion.
M.O.B.
