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Yennayer, la référence d’un peuple

Cette date-référence pour les peuples amazighs constitue leur départ pour une longue et agitée marche d’Hommes libres à travers l’Histoire de l’humanité. Une Histoire couronnée par des gloires, des résistances mais surtout par des dominations, qui méritent bien des égards de notre part. L’étendue géographique de cette fête, célébrée aux quatre coins du Nord africain, renseigne, on ne peut plus clairement, d’abord, sur l’attachement des Berbères à leurs us et coutumes, et ensuite, sur la nécessité de prendre en considération cet aspect culturel de cette célébration populaire. En Libye, en Tunisie, au Maroc, en Algérie… au fin fond de ces pays, Yennayer n’est pas seulement fêté comme une date quelconque, mais sa connotation historique et civilisationnelle domine les célébrations. Ainsi, des plats culinaires traditionnels sont préparés pour l’occasion. Des rites et des animations multiforme viennent encore enrichir la célébration de Yennayer, jour du Nouvel An amazigh. Pour cette année, les Imazighen fêteront l’an 2959. Presque trois mille ans d’existence à travers l’Histoire.

Yennayer fête nationale ?

Qu’on l’appelle « Tabburt Ussegwas », « Yennayer », « Ras Essana »… le 12 janvier de chaque année est fêté de manière spontanée et sereine par tous les Berbères. Loin des décrets officiels stipulant l’officialité des dates célébrées, Yennayer reste, l’unique rendez-vous consacré comme fête de toute l’Afrique du Nord, sans aucune décision politique. Néanmoins, faire de cette date une journée chômée et payée, à l’instar de 1er Muharram et du

1er Janvier du calendrier grégorien, ne serait que la réparation d’une injustice historique et d’un déni identitaire que subissent les peuples berbères dans leurs pays respectifs.

Les pouvoirs politiques des pays amazighs, même s’ils sont empreints d’une idéologie arabo-islamisme négatrice, doivent, être à l’écoute de leurs peuples revendiquant leur spécificité berbère sans ambages.

Nonobstant la sourde oreille que font les pouvoirs politiques des pays de Tamazgha, le travail titanesque, réalisé par les associations culturelles amazighes depuis leur existence, est pour beaucoup dans la réappropriation de cette date. Ces associations ont permis la compréhension de la symbolique identitaire de cette date. Elles ont dépoussiéré la référence civilisationnelle de tous ces peuples qui s’y reconnaissent et ensuite, donner plus d’envergure politique à des activités culturelles.

De par son caractère populaire et spontané, Yennayer s’impose, et, n’en déplaise aux responsables politiques, comme une journée de fête et de mémoire de toute la région amazighe. Une journée qui rappelle que ces peuples étaient et sont d’abord et avant tout des Berbères.

Cette journée rappelle, aussi l’inefficacité des tentatives de « broiement » culturel visant à dépersonnaliser les Amazighs. Les sauces civilisationnelles que l’on « mijote » pour ces peuples libres deviennent dérisoires pour les adeptes de l’arabo-islamisme, devant la persistance d’un fait culturel et devant la volonté inébranlable des Berbères de demeurer eux-mêmes, même s’ils ne le revendiqueront jamais assez. Le caractère officiel étant indispensable pour faire du Nouvel An amazigh une journée fériée, les peuples amazighs l’ayant d’autant plus consacré ainsi. L’officialité et la légitimité sont d’abord décernées par le peuple, Yennayer l’est depuis toujours, donc Yennayer Ameggaz iy Imazighen !

Mohamed Mouloudj

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