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Loisirs d’été au féminin

Que peuvent bien faire de leurs journées, dans un village de Kabylie (ou des Aurès ou de l’Ouarsenis ou d’une quelconque montagne d’Algérie) les jeunes filles et les jeunes femmes ? Ici, l’été est avant tout synonyme de chaleur et quand on parle de vacances, c’est avant tout au sens scolaire du terme : c’est la période où les écoles sont fermées. Les écoles fermées, les jeunes filles n’ont pratiquement plus la possibilité de sortir puisque chaque sortie doit être motivée : les seules sorties possibles seront celles que l’on fera pour se rendre chez le médecin ou la famille… Il y a aussi la fontaine où il faut se rendre tous les jours pour puiser l’eau, mais c’est plus une corvée qu’un loisir. Et puis, dans certaines régions, les jeunes filles ne se rendent pas à la fontaine à cause des rencontres qu’elles peuvent faire en chemin… Alors, l’été, il faut le passer à la maison. Et la maison, pour une jeune fille qui ne va pas à l’école, c’est avant tout le ménage. D’ailleurs, on profite souvent de la période pour faire le grand nettoyage, pour laver de fond en comble les maisons, laver les couvertures de l’hiver… On prépare aussi le couscous de réserve que l’on fait sécher au soleil. C’est le bonheur quand il y a une fête dans la famille ou au village : on peut se défouler, chanter et danser toute la nuit ! Mais le seul loisir permanent, c’est, à treize heures trente, le feuilleton mexicain ou brésilien doublé en arabe littéraire : souvent, on ne comprend pas grand chose à ce qui s’y dit mais on se réjouit et on pleure avec les beaux Juan Carlos et les Maria Christina qui vivent des aventures qui ne finissent pas. Vivement la rentrée des classes ! disent la plupart des jeunes filles : au moins, on peut sortir et voir les autres…

S. Aït Larba

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