»Je suis un Algérien kabyle »

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La Dépêche de Kabylie : N’estimez-vous pas que vous avez attendu très longtemps pour mettre en œuvre votre autobiographie ?ll M.A.Kheffache : Mettre en œuvre ce témoignage verdict à travers la littérature est l’une des initiatives que je voulais primordialement prendre. Il s’agit de l’histoire des milliers d’Algériens qui ont vécu dans la misère, d’un côté la guerre et la pauvreté de l’autre. Pourquoi j’ai attendu si longtemps pour écrire cet ouvrage? Tout simplement parce que je n’étais pas armé en matière de littérature française. Quand j’ai quitté l’Algérie, je suis parti en France puis en Irlande. C’est en France que je suis tombé amoureux de la littérature française, évidemment. J’ai subi l’’influence de Jean-Jacques Rousseau dans « Les confessions » et je me découvre dans Camus. Cet écrivain me marque encore d’autant plus qu’il s’est intéressé à l’Algérie dans ses écrits.

Contentez-vous d’écrire l’histoire de votre enfance ou prévoyez-vous de mettre en œuvre d’autres livres ? Si c’est oui, opteriez-vous pour la fiction?ll Non, je prévois d’écrire d’autres livres. J’ai d’ailleurs publié uniquement le premier tome de « Une enfance kabyle ». Il reste quatre à éditer. Pour ce qui est de la fiction, non, je ne suis absolument pas attiré par ce genre d’écriture. Mon objectif est de rapporter des faits réels.

Lisez-vous des auteurs algériens à l’heure actuelle?ll Non, sincèrement pas. En Irlande, j’étais déconnecté du pays. Une fois que je suis rentré en France, je reste des heures devant le micro pour en savoir plus sur l’actualité de l’Algérie à travers les journaux.

Etant enfant, vous semblez dans l’ouvrage étranger dans votre propre pays, peut-être perdu entre les différentes traditions et coutumes algériennes, kabyles et arabo-musulmanes ainsi que françaises. Durant la guerre de Libération nationale, aviez-vous le même sentiment que celui d’hier ?ll Heureusement que non. Les temps ont beaucoup changé et évolué. Aujourd’hui, on a les idées plus claires quant à notre identité. Nous ne vivons plus cette incertitude de soi. Entre guerre et pauvreté. Nous mangions de la galette 365 sur 365 jours. On survivait.

Comment a été accueillie votre première œuvre en France ?ll Je dirais très bien. Le lectorat français a bien apprécié l’ouvrage, d’autant plus qu’il s’agit d’une histoire qui est liée à la France.

Justement, est-ce qu’il y avait des réactions de la part de quelques personnes, par rapport au livre bien sûr ?ll Oui je vais vous raconter deux anecdotes. Il y a beaucoup de soldats français qui l’ont lu. Un engagé de l’armée française durant la guerre de la libération nationale, un béret vert, Bernard C, a pleuré quand il l’a lu. L’épouse du colonel René G a interdit à ses enfants de le lire, de peur qu’ils haïssent et condamnent leur père.

Propos recueillis par Fazila Boulahbal

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