Un débat tenu au Théâtre de verdure, mercredi dernier, à Alger, a traité, en présence des spécialistes de théâtre et de la critique, des universitaires et des journalistes, de la question portant sur » Critiques théâtrales en Algérie « . Considérant la critique comme élément fondamental dans l’action théâtrale, il a d’emblée été établi que la critique professionnelle est quasiment absente de la scène théâtrale. Le romancier et journaliste Bouziane Benachour a parlé de la faible implication de la presse écrite dans la couverture de l’évènement théâtral, du moment qu’elle n’a pas soutenu une communication entre le théâtre et le public. Ainsi, il encourage la spécialisation des journalistes dans le domaine et ce pour avoir un œil critique sur la pièce théâtrale au lieu de la couvrir banalement.
De son côté, Ahmed Cheniki, universitaire d’Annaba, a commenté l’absence de la critique comme branche au sein des universités algériennes, arguant du fait que la base théorique de la critique est négligée, alors qu’elle est un élément constructif et nécessaire dans l’action théâtrale.
A cela, s’ajoute l’absence de l’objectivité chez les critiques, a-t-il souligné… Habib Boukhelifa, metteur en scène, enseignant d’art dramatique, n’a pas jugé utile de parler d’une critique théâtrale comme mouvement constructif dans un pays où la liberté de créer est limitée…
Par conséquent il a appelé à associer la critique théorique dans l’université à la critique professionnelle. La critique théâtrale en Algérie est récente et la famille du 4e art en Algérie attend toujours la naissance d’un véritable courant de la critique, qui va permettre l’éclosion d’un discours critique loin des impressions du public et des couvertures banales de journalistes, un discours sérieux fondé sur un savoir et un appareillage qui respecte la dimension ludique de la pièce…a-t-on par ailleurs remarqué.
Dans ce sens, il s’agirait de méditer le propos de l’éminent critique russe Youcif Yousovski : » Oui, le critique est juge, mais comme au tribunal, le procureur a étudié le droit et l’applique avec toute sa rigueur dans le cadre déontologique…il respecte l’inculpé « …Traduire : les critiques qui se servent de la notoriété et la popularité des créateurs et des artistes pour se faire connaître et imposer leurs propres notoriétés ont fait naître un phénomène nocif pour la profession.
Yasmine Ayadi
