Le désert algérien, reconnu parmi les plus beaux au monde, n’attire plus, à l’exception peut-être des chasseurs de faucons venus du Golfe. Aussi, l’Algérie ne possède pas une culture touristique pour accueillir les étrangers surtout à la plage où voyous et bandits règnent, où les intégristes islamistes pourchassent à coups de bâtons et d’insultes les estivants et imposent leur diktat.
L’incivisme, un inconvénient majeur
Le tourisme ne s’impose pas du jour au lendemain, mais il se cultive. Changer les mentalités s’avère aussi difficile que de déplacer des montagnes. Ainsi, la gent féminine se retrouve souvent otage de l’incivisme de personnes qui, à longueur de journée, les embêtent et leur gâchent la journée à la plage. À Alger et plus précisément à la plage le Phare, des intégristes se sont octroyé l’endroit pour imposer toutes sortes d’interdits, à commencer par le bikini qui est banni à jamais. La mixité n’est tolérée que si la femme est accompagnée de son mari et entièrement couverte. Les fameux maillots conçus pour la femme musulmane ne sont pas admis. De jeunes couples ont connu une mésaventure en s’aventurant dans cet endroit. Ils ont été pourchassés et insultés, voire agressés pour avoir résisté. Les quelques touristes qui se comptent sur les doigts d’une seule main ainsi que les émigrés ne sont pas épargnés par l’attitude des citoyens. L’été dernier, un couple de touristes venu d’Italie a été victime d’un vol à l’intérieur de la « Casbah. » Leurs appareils photos et téléphones ont été subtilisés. Pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène, il suffit de se promener en plein été dans la rue ou à la plage pour voir des insultes qui fusent de partout à la vue d’une fille se promenant avec un pantacourt, un short ou un bikini à la plage. évidemment, sur cette question cruciale, l’Etat ne peut rien, mais c’est aux parents que revient la tâche d’éduquer leurs enfants et de leur inculquer les bonnes valeurs. En Tunisie et au Maroc, la population cohabite avec les touristes. Une éducation et un accueil qui font de ces deux nations des destinations de choix et de luxe. Preuve en est que l’été dernier plus d’un million d’Algériens se sont rendus en Tunisie fuyant l’Algérie qui ne leur offrait pas les conditions nécessaires pour passer de bonnes vacances sans histoires.
L’insécurité fait fuir les investisseurs
L’Algérie fait face à un manque criant en matière d’infrastructures faute d’investisseurs. Ces derniers ont fui le pays au début des années 1990 et hésitent encore aujourd’hui à s’y implanter. Au regard des différents attentats qui ciblent les intérêts étrangers en Algérie et les appels des émirs d’El Quaïda au Maghreb islamique de combattre tout étranger se trouvant sur le territoire. Les kidnappings aussi contribuent à faire fuir les touristes, à l’image du couple autrichien enlevé par des groupes armés. Combien de projets d’investissement ont été abandonnés à cause de l’insécurité. Même si le pays retrouve un peu de couleur, il n’en demeure pas moins que le mal est fait et ce, malgré les efforts des autorités afin que le désert algérien redore son blason. La destination algérienne est absente des tours opérateurs. Il faut bien l’admettre, les années noires ont plongé le pays dans l’oubli et l’isolement, et malgré les efforts consentis en matière de sécurité et d’éradication des groupes terroristes, le pays ne semble pas renouer avec la sérénité qui le caractérisait jadis.
Un manque à combler en matière d’infrastructures hôtelières
Les infrastructures sont l’ingrédient et l’atout majeur pour faire d’un pays une destination touristique. Une chose est sûre, en parcourant le littoral algérien, on constate un manque flagrant en matière de complexes touristiques et d’hôtels. L’exemple de la capitale en est l’illustre réalité. Aucun complexe touristique n’existe. Les Algérois préfèrent Boumerdès et Béjaïa ou l’étranger pour passer leurs vacances.
Nos hôtels manquent de moyens et ne répondent guère aux normes internationales, que ce soit dans le service, les commodités ou l’accueil.
Ainsi, récemment le ministère du Tourisme a décidé de réglementer l’activité hôtelière et mettre les infrastructures aux normes internationales. Certes, le savoir-faire manque, mais quelques investisseurs sont prêts à s’établir en Algérie.
Rien n’est cependant fait pour les accueillir et leur offrir toutes les conditions.
La réalité du terrain est tout autre. La corruption dans le secteur du foncier n’encourage guère les investisseurs, algériens soient-ils ou étrangers. Pour l’Algérie, il y va de sa survie pour l’après-pétrole. Le tourisme est un secteur porteur dans le mesure où des pays comme la Tunisie et le Maroc ont su prendre de l’avance dès les années 1970 en investissant, en éduquant et en s’ouvrant au monde extérieur. Malgré huit ans de sérénité, le pays peine sous tous les plans, culturel, social, économique et éducatif.
L’état se doit de réagir pour faire de l’Algérie une destination touristique majeure et lui donner une place de choix parmi les nations.
D’abord, faire évoluer les mentalités, chose, faut-il l’avouer, n’est pas aisée, ensuite construire, bâtir, initier les projets et concrétiser les promesses utopiques, disons-nous, des autorités, et surtout sécuriser le pays. Ainsi, les autorités sont face à un défi majeur, celui de faire de l’Algérie une destination touristique attractive afin de sortir de l’anonymat et de l’isolement. L’Algérie dispose de deux atouts majeurs qu’il faut coûte que coûte exploiter afin de rivaliser avec le Maroc et la Tunisie qui ont pris plusieurs options d’avance. C’est le défi que l’Etat a lancé pour transformer le paysage et le rendre plus gai.
Hacéne Marbouti
