Lors de la session de l’APW du mois de décembre passé, le premier responsable du secteur des transports dans la wilaya de Béjaïa avait, lui-même, reconnu que “les carences des moyens de transports sont ressenties de plus en plus par la population, surtout celles habitant les zones isolées”.
Il n’a pas tort, car il n’y a pas une zone rurale qui ne souffre du manque de moyens de transport, notamment les jours durant lesquels les policiers ou les gendarmes décident de dresser des barrages obligeant les transporteurs n’ayant pas de registre de commerce à garer, laissant une poignée du fourgons “légaux” transporter toute une population. C’est en hiver que le problème est plus visible quand on remarque des groupes de personnes, les jours de pluie, qui attendent qu’un fourgon pointe à l’horizon en s’abritant les uns sous les balcons des habitations, les autres à l’intérieur de l’Abribus.
S’il en existe un bien sûr. La population n’arrive pas à comprendre pourquoi les pouvoirs publics traquent ces transporteurs, lesquels ne font que répondre présents du moment qu’aucun bus étatique ne dessert ces quartiers. Ce que les usagers oublient c’est que beaucoup de transporteurs ne possèdent aucun document les autorisant à exercer cette activité. Pour avoir l’avis de l’un des transporteurs clandestins, nous avons approché l’un d’eux qui nous rétorqua que “les fourgons avec toutes les personnes qui y sont transportées sont assurés comme tout autre véhicule d’ailleurs. Pour ce qui est des impôts, nous avons demandé à être régularisés pour pouvoir activer légalement mais l’administration refuse, exigeant que nous ayons des minibus de 12 places et plus alors que dans d’autres wilayas, il y a plein de fourgons de 9 places.
Ne pouvant pas acheter des minibus neufs de 12 places, nous continuons à travailler au noir”. Si ces derniers veulent légaliser leur activité, pourquoi l’administration refuse-t-elle ? Selon le coordinateur de wilaya des transporteurs et néanmoins membre du bureau national, c’est une loi datant de plus de trois années qui exige, pour le transport en commun, des véhicules dont les capacités sont supérieures à 12 places, donc de facto un permis de catégorie “D” est exigé pour tout nouveau registre du commerce avec un préavis de régularisation pour l’ensemble des anciens transporteurs possédant des fourgons de 9 places de renouveler leurs moyens de transport et leur permis afin de garder la même ligne, sinon ils n’ont qu’à acheter un véhicule de moins de 7 places pour exercer l’activité de chauffeur de taxi s’ils veulent rester dans la même branche d’activité. Cet état de fait laisse perplexe. D’un côté, des responsables qui reconnaissent qu’il y a des carences dans le secteur des transports et de l’autre, une administration qui complique les possibilités de régler ce problème. Une question se pose d’elle-même, s’il est interdit aux propriétaires de fourgons de 9 places d’exercer en tant que transporteurs de voyageurs, que feront-ils de leurs véhicules conçus inéluctablement pour ce type d’activité, sinon, nous n’avons jamais vu une famille s’acheter un fourgon pour l’utiliser comme véhicule familial ? Les véhicules de transport dont la charge est supérieure à 7 places et inférieure à 12, seront-ils mis sur cales ou remis carrément à la casse, à moins que l’on songe à leur créer un musée ?
En attendant la reconversion des actuels transporteurs de 9 places en ceux de 12, les usagers doivent scruter l’horizon et prier pour que les services de sécurité évitent de dresser des barrages aux heures de pointe pour leur permettre d’arriver à temps au travail et de rentrer tôt à la maison.
A. Gana
