“Ne signait pas à la JSK qui le voulait ”

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Page animée par, Hamid Oukaci

Tous ces joueurs, dirigeants et supporters, ont fait les beaux jours de la balle ronde dans la région par leur prestation footballistique, qui reste par ailleurs gravée dans la mémoire de milliers de supporters du pays, la JSK était le porte-drapeau de toute la région. C’est aussi une occasion pour le grand public de découvrir ou redécouvrir ceux qui ont vécu avec la JSK et qui ont redoré son blason. Pour ce début, c’est Ali Belahcène, ou “Tchipalo” pour les intimes, d’ouvrir le bal. Dans cet entretien, il relate avec une grande émotion son passé, ses points de vue sur le devenir de notre sport-roi. Son histoire avec la JSK est particulièrement pleine de jubilations et d’enchantements.

La Dépêche de Kabylie : Qui est Ali Belahcène ?

Ali Belahcène : Je suis né à Tizi Ouzou le 7 avril 1957, d’un père marocain et d’une mère kabyle.

…Et Tchipalo ?

(Rire) ! Wallah, je ne sais pas d’où vient ce surnom qui me colle à la peau, depuis plus de 40 ans. En effet, quand j’étais jeune, il n’y avait pratiquement aucune personne dans notre entourage qui n’ait pas de surnom. Un jour, un voisin m’a appelé Tchipalo et depuis, ce surnom m’est resté, d’ailleurs les gens connaissent plus Tchipalo qu’Ali Belahcène (rire !)

Malgré vos 51 ans, vous êtes toujours sportif et dynamique, quels sont vos secrets ?

En réalité, je n’ai jamais quitté le football, et ce même si j’ai raccroché avec le football de haut niveau. Mais je le pratique souvent durant les week-end, dans le cadre des compétitions du sport et de travail. Et parfois, entre amis… mais durant la semaine je suis pris par mon travail à l’Eniem.

Et si nous abordions vos débuts dans le football ?

Comme la majorité des jeunes de notre époque, j’ai commencé à taper dans le ballon très jeune dans le quartier. Ensuite, j’ai intégré le club de Boukhalfa où j’ai signé ma première licence en deuxième année cadets et j’ai joué dans ce club jusqu’à l’âge de 20 ans, soit jusqu’à la saison 1976/77.

Comment avez-vous atterri à la JSK ?

Bon, je dirais que le déclic d’Ali Belahcène était à la fin de la saison 1976/77. je jouais à Boukhalfa et je me souviens que nous étions condamnés à gagner le dernier match, qui se jouait à domicile pour assurer le maintien. si on perdait ou on faisait match nul, c’est la relégation. En effet, nous avons gagné et j’ai fait un grand match avec à la clé deux jolis buts. Le hasard a voulu que je joue à l’ouverture du match JSK-HAMRA Annaba au stade d’Oukil-Ramdane. Il y avait à l’époque le président Khalef qui était sur place, il m’a vu à l’œuvre et a envoyé des gens chez moi pour me demander de signer à la JSK, et bien sûr, sans hésiter, j’ai dit oui.

Vous avez signé à la JSK et vous avez trouvé sur place une grande équipe qui a gagné le premier doublé, est-ce que vous n’avez pas trouvé de difficultés pour vous adapter au groupe ?

Pratiquement, j’ai fait presque deux années sur le banc de touche, ce n’est qu’avec l’arrivée de Stéphane Zivotco que j’ai pu m’imposer par la suite.

Deux années en tant que remplaçant, ça n’a pas était trop dur pour vous ?

Ce n’est pas pour me jeter des fleurs, mais j’étais un très bon joueur. Un très bon technicien. Et ce n’est pas moi qui le dis.

C’est tout le monde qui le pense, mais le problème c’est que les places étaient trop chères et que la JSK était une très grande équipe qui a ramporté le premier doublé, donc il fallait attendre qu’un joueur parte pour avoir une chance de jouer. En effet, en 1978, il y avait pas mal de grands joueurs au sein de l’équipe qui avaient arrêté, à l’image de Hannachi et Salem Amri, donc, c’était une occasion pour nous les jeunes de l’époque de profiter de la chance qui nous est offerte pour intégrer le club, alors on formait une équipe composée d’anciens jeunes joueurs.

Racontez-nous l’ambiance qui régnait au sien du groupe à cette époque ?

Sans me vanter, je vous dirais que même si je partais à Arsenal ou dans le plus grand club du monde, je ne trouverais pas l’ambiance de cette époque. On était comme des frères. On formait une véritable famille et on jouait pour le plaisir. On aimait les couleurs du club et on les défendait. Le but était de gagner et surtout faire plaisir à nos supporters. Je vous ai dit qu’à l’époque, il y avait deux générations : les Iboud, Harb, Larbes et nous les jeunes avec Amara, Abdesslam, donc il y avait une osmose et le respect en plus, ils nous aidaient, et nous donnaient des conseils. Sincèrement, on formait une famille au sens propre du mot.

A la JSK, il y avait de la rigueur et une discipline ?

Ecoutez, les gens parlent de Khalef ou de X et Y qui ont imposé une discipline à la JSK, tout ça c’est de l’intox. A votre avis, Khalef peut-il imposer la discipline à Iboud ou Fergani ou autre ? Non ! Je me souviens même que, quand on a joué des matchs sans la présence de l’entraîneur, on gagnait. Je peux même vous dire qu’à cette époque, on avait une équipe composée de joueurs éduqués et disciplinés, donc ils n’ont pas besoin qu’on leur impose quoi que ce soit. Certes, on disposait de tous les moyens qui étaient à notre disposition et on avait, en contrepartie, une meilleure connaissance de notre métier.

Vous avez gagné beaucoup de titres avec la JSK, quel est le plus prestigieux pour vous ?

Incontestablement, c’est la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1981. Non seulement, on a gagné la coupe, mais on n’a pas perdu pendant toute la compétition. Nos seuls résultats négatifs étaient des matchs nuls que nous ramenions de l’extérieur.

Quel est votre meilleur souvenir avec la JSK ?

Il y a la Coupe d’Afrique, bien sûr. C’est un trophée qui faisait la fierté de toute une région et de tout le pays, mais la chose qui a marqué vraiment ma vie avec le club, est le jour où j’ai signé à la JSK.

C’était quelque chose d’inimaginable, parce que ce n’est pas n’importe qui peut signer avec la JSK. Ce n’est pas comme aujourd’hui, on ramène des joueurs de partout, pour signer à la JSK. Il faut être un grand joueur pour y accéder.

Et le plus mauvais souvenir…

C’est le jour où j’ai quitté la JSK à contrecœur. Quelque part, j’étais forcé de partir. J’avais des problèmes avec l’entraîneur, c’était vers la fin de la saison 87/88.

Où avez-vous signé ensuite ?

J’ai signé avec la JSM Tiaret, où j’ai joué sept matchs. Après, j’ai joué avec l’AS Tizi Ouzou.

Si je me souviens bien, j’ai joué un ou deux matchs, ensuite, Azeddine Aït Djoudi – qui était à l’époque entraîneur de Sidi Aïch – m’a contacté, j’ai participé à un seul match et puis j’ai tout arrêté.

Donc, on comprend qu’après votre départ de la JSK vous n’avez pas trouvé vos repères ?

En réalité, j’ai arrêté psychologiquement, après mon départ de la JSK. Car, quand tu es en haut et que tu domines tout, tu ne peux pas jouer en bas, mais je suis parti et j’ai signé ailleurs juste par rapport aux dirigeants de l’époque qui voulaient m’imposer des choses.

Pourquoi n’avez-vous pas fait une carrière professionnelle ?

Effectivement, j’avais beaucoup de contacts avec l’US Tunis, Nancy, lors du tournoi de Creteuil, il y avait le président du PSG, qui m’a approché, mais à l’époque, on ne cherchait pas à partir ailleurs… du fait de signer à la JSK. C’était déjà un rêve. En plus, tu joues pour toute une région, c’est extraordinaire, donc on pensait plus à partir ailleurs.

Pourquoi n’avez-vous pas entamé une carrière d’entraîneur comme la plupart des anciens joueurs ?

A partir des années 90, le football algérien commençait à faire une chute libre à cause de certains “parasites” qui n’avaient rien à voir avec le football.

Et ce sont eux qui ont « coulé » notre sport-roi. L’ambiance est devenue trop infecte pour moi. Là on trouve un marchand de patates qui devient président de club. Il faut que chacun occupe sa place. Nous, les anciens joueurs, ils ne veulent pas de nous et ils ne nous considèrent même pas… D’ailleurs, depuis que j’ai arrêté, je ne suis même pas la JSK et je ne me rends plus au stade. Je ne veux pas voir des choses qui me déplaisent. A notre époque, les gens venaient pour se défouler et voir du bon spectacle, malheureusement, actuellement, il vous faut des gardes du corps pour vous rendre au stade. Alors, je préfère de ne pas y aller, tout simplement.

Quel est votre joueur préféré ?

A l’étranger, je dirais que c’est Pelé et Zidane. Ici, en Algérie, il y en a beaucoup, surtout à notre époque, enfin je dirai que c’est Ali Ferguani.

Votre chanteur préféré ?

C’est incontestablement Matoub Lounès. Il était un grand supporteur de la JSK. Il était toujours près de nous, donc on était liés par une très forte amitié, d’ailleurs est lui qui a animé la soirée de mon mariage en 1983.

Un denier mot ?

Je vous remercie beaucoup. Tanemmirt !

H. O. Pour tous vos contacts : [email protected]

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