Mohamed Benhanafi, la voix de la radio kabyle

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Celui qu’on surnomme “la voix de la radio kabyle” fait partie du patrimoine de la culture berbère, lui qui avait bercé plusieurs générations à travers ses poèmes chantés par les meilleurs artistes kabyles.

Et pour que nul n’oublie, un livre lui est consacré par une de ses élèves à la radio ; il s’agit de la jeune réalisatrice Ourida Sider qui a tenu à travers un recueil à transcrire quelques poèmes déclamés à travers les ans par celui une que l’auteur présente comme le père spirituel de la poésie contemporaine kabyle u Mhand “je dirai même qu’il est le Si Mohand des temps modernes”, nous confie-t-elle. La comparaison n’est pas fortuite, dirions-nous, lorsqu’on lit dans la présentation du livre que la vie de Benhanafi ressemble quelque part à celle de son illustre ancêtre de Larbaâ Narth Irathen.

Benhanafi, de son vrai nom Aït Tahar Mohamed est né le 7 février 1927 au village Sidi Atmane dans la région de Larbaâ Nath Ouacif.

Il était spécialiste dans le commerce du tissu à Tiaret et après le déclenchement de la Révolution de 1954, a été désigné commissaire de la zone du secteur de la même ville.

A l’indépendance, Benhanafi rentre à Alger avec sa famille pour entamer une carrière à la radio kabyle (Chaîne 2). Avec Mohamed Hilmi et Ahmed Imane deux autres illustres noms de la radio, Benhanafi a commencé avec une émission sur la poésie “Leqlam ajdid” (La nouvelle plume) et une émission enfantine “Tibhirin dhijeguigen dwaman issemadhen, yesefrahen arrac imechtuhen” (Les jardins, les fleurs et l’eau fraîche qui rendent les enfants heureux). Parmi ces enfants qui passaient devant son micro, nombreux sont ceux qui sont devenus de grandes célébrités à l’instar de Nouara et Mouloud Habib mais pas seulement puisque d’autres voix célèbres de la chanson kabyle ont “subi” le texte du maître à travers la notoire “Ichenayen uzeka” (Les chanteurs de demain) animé par ce troubadour du micro d’où ont émergé Malika Domrane, Matoub Lounès, Djamel Frahi, Dalil Omar, Said Ait Djoudi… Benhanafi c’était aussi l’animation de galas dans les années soixante-dix avec Athmani, Aït Menguelet, Dalil Omar, Mouhouch, Ben Mouhoub… Et comme les poèmes de Benhanafi sont aussi faits pour être chantés, l’homme en avait fait des chefs-d’œuvre pour les plus célèbres artistes kabyles, dont Idir. Djamel Chir, Medjahed Hamid, Athmani, Taous, Chabha, Cherif Kheddam, Kaci Abdjaoui…

En 1997 et après trente-quatre ans de service, il décide de lâcher le micro avant de faire son come back en 2001, grâce au concours de l’animateur Said Farhat qui est allé le chercher pour animer l’émission “Ghef yiri lkanun” (Autour du feu) chaque vendredi de 23h à minuit réalisée par Ourida Sider.

La jeune élève qui voue un respect vénérable à celui qui l’avait guidé edans ses premiers pas à la radio, lorsqu’en 2003 et alors qu’elle bouclait juste ses dix- huit ans, découvrait ce média grâce à Benhanafi qui était derrière son arrivée à la radio où elle réalise plusieurs émissions culturelles. L’homme n’aime pas trop parler de lui. Il n’a que deux choses importantes dans sa vie : sa famille et la radio. La radio c’est toute sa vie. Heureusement que Ourida Sider a réussi à le faire à sa place à travers son ouvrage “Benhanafi, la voix de la radio kabyle” paru aux éditions Le Savoir (2008) où le secteur trouvera une soixantaine de poèmes déclamée par celui que l’auteur présente comme une véritable bibliothèque pour la radio kabyle.

Ali C.

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