Cette réalité doit être évoquée en touchant aux aspects les plus sensibles, et ce pour mettre un terme à ce fléau inquiétant.
Les mamans célibataires sont des filles âgées entre 17 et 40 ans condamnées à expier un crime impardonnable, selon nos traditions et notre religion celui, d’avoir conçu un enfant d’une relation hors mariage.
Ces mamans célibataires issues de différents milieux sociaux sont travailleuses, lycéennes ou dans la majorité du temps, des étudiantes ayant cédé aux chimères de l’amour; mais hélas! La réalité est cruelle et a pour seul but de satisfaire l’appétit sexuel de leur compagnon devant la promesse de réaliser tous leurs rêves.
C’est le cas de N. native de Aïn Defla, 21 ans, étudiante : Comme beaucoup de filles elle est venue à Alger pour y poursuivre ses études universitaires, et là, elle a croisé l’homme de ses rêves, un Algérois qu’elle a fréquenté tout au long de ses études.
Ce sera un couple très lié jusqu’au où jour N. a découvert qu’elle attendait un enfant, là, dès que son ami est mis au courant, il la quittera, elle sera obligée de quitter le campus universitaire après que sa grossesse soit devenue trop visible.
Ainsi, N. se retrouvera seule avec son drame rejetée de tout le monde, elle cherche du travail mais toutes les portes resteront fermées. Il ne lui restait que la prostitution, seul moyen pour avoir de quoi nourrir l’enfant qui allait venir au monde : au huitième mois de grossesse elle se réfugiera dans un centre d’accueil jusqu’au jour où elle mettra au monde son bébé. L’histoire de N. n’est pas finie puisque la malheureuse mère s’est trouvée, elle est sa petite fille, dans la rue à sa sortie du centre d’accueil.
Confession d’une victime
Cette jeune fille de 25 ans, fille unique parmi 7 garçons, était maltraitée par sa famille, elle travaillait comme une esclave. Exploitée, elle était battue régulièrement par ses frères et son père. Un jour, elle fugua pour fuir sa difficile situation, elle décide de se rendre chez sa tante où elle passera une semaine. Au cours de son séjour, elle rencontre un homme qui profitera de son ignorance et de sa naïveté. Après être retournée chez elle elle découvre qu’elle est enceinte, ce qui l’obligera à fuir encore une fois. Elle s’est retrouvée cette fois seule et dans la rue. Pour survivre elle travaillera comme femme de ménage chez des familles, jusqu’à son huitième mois de grossesse où elle rejoint un centre d’accueil pour femmes. Après avoir accouché elle placera son enfant dans une famille d’accueil.
Que devient la fille-mère après son accouchement ?
Voila l’adolescente devant le fait accompli, que doit-elle faire? Elle se trouve devant deux choix aussi difficiles l’un que l’autre, elle devra choisir soit de confier son drame à ses parents -qui ne pardonneront pas à leur fille ce crime car leur honneur est en jeu- soit la fugue ; solution la plus sûre en quittant le domicile familial à la recherche d’un lieu où se réfugier, elle et le bébé qui viendra au monde dans peu de mois. Ainsi, le second choix est le plus fréquent pour ces mamans célibataires qui se jettent dans la rue sans aucune assurance ou espoir….
SAMU social de Dély Brahim, le sauveur
Le service d’aide mobile d’urgence du SAMU est l’un des centres d’accueil pour les S.D.F. ou les mamans célibataires qui se trouve confrontées dans la rue à toutes sortes de criminels : drogués, voleurs ou ivrognes.
Voilà le triste tableau qui attend ces filles mères. Ces mamans célibataires se retrouvent dans la rue, en compagnie de leurs enfants qu’il faut protéger des dangers qui les guettent en se retrouvant toutes seules avec leur angoisse après avoir commis l’irréparable.
Ainsi le SAMU social de Dely Brahim, a pour principale mission de prendre en charge ces mamans célibataires lors de sa tournée nocturne dans les rue d’Alger-centre, elle y vont parfois d’elles-mêmes dès le huitième mois pour y être en sécurité lors de leur accouchement.
Ainsi, une fois que ces futures mamans rejoignent le SAMU, ce dernier les prend en charge le temps qu’il faut pour mettre leur bébé au monde.
Ces dernières seront prises en charge par des éducatrices qui les accompagneront et les aideront tout en les préparant pour le jour de leur accouchement.
Par la suite, elles sont envoyées par le SAMU social vers l’hôpital de Béni Messous, nous a informé Mustapha Alilat, le directeur de SAMU social de Dely Brahim. A ce moment, un nouveau choix s’impose à elles, garder leur enfant et vivre avec lui en luttant contre le contexte social répressif qui lui ôte tout droit à une existence digne, ou bien l’abandonner dans un centre pour enfants pour pouvoir avoir une vie plus facile.
D’ailleurs, c’est la solution souvent choisie par ces dernières, à cette étape le rôle de SAMU s’achève pour ces mamans qui seront placées dans un autre centre d’accueil à Zeghara, Dar El Hassana… Évidemment, il y a certains mamans célibataires qui choisissent de vivre dans la rue avec leurs bébés dans les bras.
Zeghara, Dar Errahma de Birkhadem sont des centres d’accueil pour les mères célibataires qui se trouvent dans ces établissement sous tutelle de l’Etat. Situés à Alger-centre, ces centres sont l’ultime refuge et hébergement pour ces filles-mères et leurs enfants.
Zeghara et Dar Errahma de Birkhadem, centres d’accueil salutaires
La maman célibataire a enfin mis son bébé au monde, elle se trouve à présent confrontée à un autre problème, où partir avec son enfant ? Va-t-elle revenir dans sa famille avec l’enfant dans les bras?
Ou bien va-t-elle se retrouver dans la rue accompagnée de son enfant qui souffrira du froid, de la chaleur et de la faim ? Va-t-elle opter pour l’abandon de son enfant, une décision difficile à prendre pour une mère même célibataire, mais malheureusement dans la majorité des temps cette perspective s’impose à cette dernière même si au départ elle s’entête à vouloir garder son enfant.
Dans la plupart des cas les enfants sont placés dans une pouponnière qui se charge des enfants abandonnés, on accède à ce centre par plusieurs voies, l’assistante sociale qui ramène le bébé de l’hôpital avec un procès-verbal d’abandon après l’accouchement, la récusation de police qui les ramasse parfois dans la rue, l’abandon volontaire de la mère célibataire qui signe un procès d’abandon définitif après lequel elle perd tous ses droits sur son enfant…
La pouponnière reçoit les enfants placés par ordonnance de placement signée par le juge des mineurs. Madame Zehouane nous explique qu’il y deux sortes d’abandon : l’abandon définitif dans lequel la maman biologique perd ses droits sur son enfant qui sera admis dans une famille d’accueil, et l’abandon provisoire lors duquel la maman laisse son enfant pour quelque temps, le temps de chercher un refuge où mettre son bébé mais ce délai ne doit pas dépasser trois mois et une journéeà l’issue duquel la maman, ensuite elle perdra tout ses droits sur l’enfant.
Dès l’admission de l’enfant dans la pouponnière par le bureau social, il trouve les bras d’une puéricultrice qui tiendra le rôle de maman biologique pendant les trois mois de sa présence dans cette pouponnière. Un dossier médical et psychologique est établi pour chaque bébé. Le bébé sera installé dans la nursery avec les bébés âgé de 0 à trois mois. Chaque chambre accueille 5 à 6 bébés, une berceuse s’occupe de ces bébés jusqu’au jour où une famille d’accueil les prendra en charge pour leur permettre de vivre dans une famille.
190 bébés admis en 2008 à la pouponnière d’ El Biar
190 bébés ont été accueillis l’année dernière, 96 garçons et 94 filles, 162 ont été adoptés en kafalla dont 82 garçons et 80 filles en Algérie et 34 à l’étranger, alors que 26 enfants ont été repris par leurs mères biologiques, il y a eu également 3 morts pour maladie.
Selon les statistiques de madame Zehouane ces chiffres, encore une fois, sont loin de refléter la réelle gravité de ce problème.
Malheureusement, notre société condamne la fille mère la mettant au ban de la société en excusant l’autre partie coupable à savoir l’homme.
Elle seule reste responsable de ce malheureux enfant rejeté avant même sa venue au monde. Le changement qui s’est opéré au niveau de la société, la libération des mœurs, la précocité des rapports sexuels, sont entre autres les facteurs qui favorisent la propagation de ce drame social face auquel il est urgent de réagir par l’adoption de solutions efficaces, comme l’instauration d’une loi qui protége la maman et son enfant.
Enquête réalisé par Ouerdia Sait