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A-t-il le droit d’être candidat ?

Par Chérif Amayas

n Depuis jeudi, à 14h51, Abdelaziz Bouteflika est officiellement candidat à la présidentielle d’avril 2009. Ainsi, le paysage politique paraît plus lisible et les lectures semblent plus aisées. De prime abord, Bouteflika, loin d’éviter d’exposer son bilan, l’assume et compte en faire un thème de campagne. Ce bilan, il en est fier et paraît prêt à croiser le fer avec ses adversaires potentiels. S’appuyant sur ce qu’il a réalisé en deux mandats, Bouteflika promet la continuité s’il est élu en avril prochain. Loin de se contenter de ses réalisations et de tout esprit d’auto-suffisance, il promet plus de chantiers et de réformes. Jeudi dernier, l’assistance de la coupole du complexe Mohamed-Boudiaf avait oublié un moment que celui qui était sur la tribune était président de la République, puisque Bouteflika était corps et âme dans la peau d’un candidat, avec un programme et une envie de remporter cette présidentielle. Même si cette attitude a déçu plus d’un apparatchik, Bouteflika sollicite une fois de plus les suffrages des Algériens et compte mener la bataille de la campagne électorale. Déception également chez tous ceux qui prédisaient que ce jeudi à la coupole se déroulerait sous “le sceau de la monarchie”, au vu de l’ambiance qui y régnait, des personnalités de tous bords qui y étaient présentes, et surtout de l’humilité de Bouteflika face au peuple algérien.

Point d’arrogance annoncée, ni de désistement au profit d’un frère cadet, ni de corps constitués et encore moins de protocole de palais. Bouteflika était quasiment absent, vu que les présents étaient là pour apporter leur soutien à un candidat. L’absence de tous ces éléments protocolaires réside dans le fait que Abdelaziz Bouteflika se présente à la présidentielle en qualité de “candidat indépendant”, et donc une candidature supra-partisane. Il va sans dire que les débats seront plus passionnés depuis l’annonce de la candidature de Bouteflika. Les pour et les contre vont devoir croiser le fer et le verbe durant la longue période qui nous sépare du 9 avril prochain. Néanmoins, certains “faiseurs d’opinion” sont décidés à nous imposer les termes du débat. Ainsi on veut nous suggérer que les joutes doivent se résumer à être pour ou contre la réélection de Bouteflika. Etant entendu que ces “bons penseurs” ne nous dévoileront à aucun moment le candidat qu’ils auront choisi, puisque eux ne font jamais campagne pour quelqu’un mais toujours contre un candidat. Refuser un programme, aussi médiocre soit-il, ne nous renseigne nullement sur celui que l’on porte ou pour lequel on milite. C’est justement cette logique de “tout sauf celui-là” qui amène certains à prôner le boycott d’un scrutin, en prétextant la présence d’un candidat qui remplit les critères légaux pour se présenter à la présidentielle. Comment peut-on créer un instrument politique (un parti) pour accéder démocratiquement au pouvoir, et tourner le dos à la dynamique démocratique qui est l’élection. Autant de questions qui trouveront pour certains des réponses et pour d’autres resteront dans le domaine insondable de la nature humaine.

C. A.

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