(2e partie)
La cérémonie de l’enterrement terminée; les deux enfants tout contents vont voir leur marâtre (Thamenvavatse) pour qu’elle prenne leurs mesures et leur tisser les burnous promis. Avant que l’un d’eux n’ouvre la bouche, méchamment, elle leur dit :- “K’ounoui d’iqetalen thengham yemmath’ouen ivarnas etsouthen vaâd’eth zd’ath oulallen !(Vous êtes des criminels, vous avez tué votre mère, les burnous c’est fini. Disparaissez de ma vue !)”Chassés de la maison, les deux enfants maraudent dans les champs. Etant donné que c’est l’hiver, il n’y a presque rien à manger. Pendant ce temps, la fille de la marâtre est choyée, aucune bonne chose à manger ne lui est refusée.Le soir au dîner, la marâtre ne donne rien à manger aux petits. Leurs entrailles affamées, ils sortent dans l’écurie (Adaynine) se rendent auprès de la vache, palpent son pis (thamaz’ag’th is), mettent leurs bouches sur les trayons et tètent à satiété Malgré la différence de régime alimentaire imposé aux trois enfants, la fille de la marâtre, gavée, ne grossit pas et ne grandit pas ; tandis que le frère et la sœur se portent comme des charmes.Intriguée, la marâtre appelle un jour sa fille et lui dit : “Thdhaâfedh am iz’iou thtsetsedh elmakla elâli irviven iou khir im a illi achou ikem you ghen akkagi ! (Tu es maigre comme une quenouille malgré que tu manges des mets meilleurs. Tes demis-frères ne sont que rondeurs alors que toi, tu me donnes des frayeurs !).“Il doit y avoir un secret, qu’il faut découvrir. Demain matin, quand ils iront aux champs, va avec eux, ne les quitte pas des yeux. Si tu les vois manger, mange avec eux. Peut-être que tu grossiras et embelliras autant qu’eux”.Le jour suivant, elle suit la fille et le garçon. En début d’après-midi, tenaillés par la faim, les deux frères se dirigent vers la vache laissée par leur mère et se mettent à la téter (ats thet’dhen).Cachée derrière un bosquet, la fille attend qu’ils s’éloignent de la vache, pour s’approcher d’elle ; dès qu’elle tente de toucher la mamelle pour téter, elle reçoit une formidable ruade, qui lui casse l’arcade sourcilière. Il manquait de peu qu’elle ne soit éborgnée.
Benrejdal Lounès (A suivre)
