La magie est dans la formule

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Il n’y a finalement pas qu’à Abdelaziz Bouteflika que tout le monde a demandé avec insistance de se porter candidat à une élection. Désormais tous ceux qui ont cette chance rare de gagner une élection avant le déroulement du scrutin auront ces mots magiques à la bouche : “ Face à autant de sollicitations, on ne peut pas fuir ses responsabilités.” A la suite du président de la République, ce sont donc Messieurs Raouraoua et Mecherara qui se sont saisis de l’heureuse formule pour “ postuler” à la présidence de la Fédération et de la Ligue nationale de football. Il y a d’abord ce problème, à l’évidence très sérieux : accepter une responsabilité qu’au fond de soi-même on ne veut pas n’est pas le meilleur gage d’efficacité et de performance, c’est même un signe avant-coureur d’un échec programmé. Ensuite la responsabilité à certains niveaux, quand de surcroît elle émane d’une “ élection”, elle est d’abord individuelle, pour qu’à l’heure des bilans, on puisse payer ses échecs et pourquoi pas, prétendre à la promotion que méritent les réussites. Mais tout le monde sait que dans ce pays, on ne punit pas les banqueroutes et on ne récompense pas la performance. Une fois coopté là où on coopte, on peut se permettre toutes les prétentions. A commencer, à tout seigneur tout honneur, par celle des “demandes”, forcément insistantes et nombreuses. Le cas de MM. Raouraoua et Mecherara sont caractéristiques de cette “culture” des responsabilités. Le premier qui a déjà eu à diriger la Fédération algérienne de football. Son passage dans cette institution comme de bien entendu n’a pas fait l’objet d’un bilan mais on ne lui connaît pas de réalisation grandiose. Si le foot algérien s’était amélioré quand il était aux affaires, tout le monde l’aurait su.

Mieux – c’est-à-dire pire – si les choses se sont encore détériorées après son départ, on raconte que c’est lui qui a continué à tirer les ficelles de loin par l’entremise d’un homme de main, une sorte de prête-nom dans une instance sportive de la République.

Il a été annoncé des mois avant comme le “le candidat de la tutelle”, il a poussé la caricature jusqu’au bout. “Hésitation”, appels spontanément suscités et suspense et pour boucler la boucle, il a terminé candidat unique qui a même fait renoncer l’Assemblée générale au suffrage universel pour un plébéscite à main levée.

Une grande réussite. Le second a eu lui aussi à diriger la Ligue nationale. On retiendra de son passage le même bilan que son “ frère” de la Fédération puisqu’ils étaient aux affaires pendant la même période. Tout aussi candidat de la tutelle, il a été bien sûr “ réclamé” paradoxalement par les présidents de clubs qui lui ont été les plus farouchement hostiles lors de son premier mandat. A lui, on a préféré aménager une victoire plus “ crédible”. Il a donc eu son “lièvre” et son score “ série”.

Dans quatre ans on recommencera, sauf cataclysme. La tutelle, qui n’a de compte à rendre à personne, désignera d’autres, à moins qu’elle n’opte pour… la continuité.

S.L.

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