Très bonne initiative que celle de Ulamara, romancier kabyle établi en France qui vient de publier un deuxième roman en tamazight et pas des moindres intitulé : Tullianum, taggara n Jugurten, (Tullianum, la fin de Jugurtha), une fiction qui retrace les derniers jours du Roi Yugurten, après sa défaite par Marius en 104 Av.JC. Ce roman est librement téléchargeable sur www.kabyle.com.
C’est le vœu même de l’auteur qui souhaite une large diffusion. Il sera prochainement publié à Alger, lit-on sur ce site.
Récit en « je » intimiste et biographique et s’inspirant largement du livre de Salluste La Guerre de Jugurtha, écrit, pour rappel, une dizaine d’années seulement après la mort du roi, Ulamara reconstitue les derniers jours de Yugurten, les circonstances de son arrestation et l’humiliation dont il a fait l’objet de la part de ses bourreaux.
L’auteur fait parler le roi emprisonné et condamné et nous livre ses réflexions : «Lorsqu’ils m’ont jeté dans le cachot du Tullianum à travers l’étroite ouverture circulaire, les Romains croyaient qu’ils m’avait éliminé …Quant à moi, lorsque je suis tombé au fond de la cellule glaciale, c’était pour moi une seconde naissance, à l’image des enfants de chez nous qui sont enfantés par leur mère debout. Au cri de l’enfant qui nait, le mien je l’ai crié tout au long de ces années de combat et largement transmis aux jeunes de chez nous. Il a traversé les collines et les plaines et nul ne peut l’arrêter …».
Pour étayer ses propos, Ulamara illustre son roman, à la fin de l’histoire, par de très jolies photos en couleurs du cachot où était mort Jugurten, des dessins, des croquis représentent la tristement célèbre prison de Tullianum pour bien la situer dans la ville de Rome, en Italie.
Tullianum est le nom du cachot dans lequel est mort Jugurten. Il est décrit par Salluste en ces termes : «Mamertine carcere, prison souterraine à deux étages qui contient une salle basse, nommée Tullianum ; qui s’enfonce à douze pieds ( 3,53 m environ) sous terre. Elle est fermée de murs épais et couverte d’une voûte de pierre. C’est un cachot malpropre, obscur, infect, dont l’aspect a quelque chose d’effrayant et d’horrible.»
C’est dans cet endroit lugubre, froid et insalubre que le célèbre roi Jugurten fut enfermé pendant six interminables jours, après avoir été humilié dans la longue marche dans Rome, enchaîné, derrière le cortège triomphal du général Marius. Ses deux enfants, arrêtés en même temps que lui, étaient à ses côtés, enchaînés aussi. L’auteur de ce roman nous décrit les atrocités vécues par ce roi avant de mourir de froid et de faim au fond de son trou en décembre 104 Av. JC.
C’est un roman à lire absolument en dépit de quelques problèmes de notations usuelles qui ne cadrent pas avec certaines règles d’écriture en vigueur dans les établissements scolaires et universitaires aujourd’hui. Mais cela n’empêchera nullement sa lecture et surtout sa compréhension, d’autant plus que la langue utilisée est celle de tous les jours et est pratiquement dépourvue de néologismes !
Notons que ce roman est le deuxième du genre de l’auteur après la publication sur Internet du roman Agellid n Times, en 2007 (en cours d’édition à Alger).
Merci Ulamara, écris-nous encore des romans de ce genre.
B. Hakim
